
On n’est pas bien là franchement, 28 degrés, du sable partout, à suer comme des hommes ?
Malgré sa sécheresse, le désert a beaucoup à donner. Quel plaisir de renouer avec ce MDS, 4 ans après ma dernière participation. C’est mon 6ème et je ne m’en lasserai jamais. Jamais. Patrick Bauer a fait une course mythique d’un concept hyper simple : traverser le Sahara à pied. D’année en année, rien ne change et je vais vous expliquer tout ça pas à pas, toute la semaine. On va y aller doucement : il fait chaud, il y a du sable (oui je sais bien que je l’ai déjà écrit), des pierres, les pieds qui souffrent, la tête qui tourne et vos petits voisins qui rigolent encore, sans trop savoir de quoi ce désert est capable. Les p’tits malins n’ont pas souvent le dernier mot ici. Je le sais bien. Je rigole moins aujourd’hui qu’il y a 12 ans, lors de mon premier MDS.
Ce MDS, il faut le respecter.
Après un voyage un peu long, après les 3h d’avion depuis Paris, 6h de bus c’est toujours un peu long. Bien sûr, cela permet de nouer quelques contacts, passer des infos aux plus anxieux, chercher les âmes les plus ouvertes d’esprit pour peu à peu se constituer sa tente de 8.
Une fois sur place, le premier soir est un des plus agréables : les jambes sont encore fraîches, les étoiles sont lumieuses, le sol est dur et vous bousille le dos, la chaleur vous étouffe et les tentes d’anglais derrière vous sont hyper mega bruyantes. Quant aux hordes de Japonais de devant, ils se déguisent, marchent en tongue de bois ou font le poirier pour rigoler. C’est aussi ça cette course. On se marre. Le spectacle est permanent dans le bivouac : des filles canons, un italien en slip kangourou, un CrossFitter balaise, un stormtrooper venu de Star Wars. Véridique.
Le matin, démarre la journée de rodage : vérification du matériel, pesage du sac, derniers réglages qui changent des choses. C’est une journée importante car c’est la première fois que vous pouvez vous concentrer à 100% au MDS. Il n’y a en effet rien d’autre à faire : pas de téléphone, pas d’internet, pas de réseaux sociaux, pas de boulot, pas de famille et de nouveaux amis avec qui vous n’avez de toute façon pas envie de parler des heures et des heures.
Une fois passée cette étape « 0 » obligatoire, vous êtes officiellement en autonomie. Et vous n’avez plus rien à faire, à voir non plus : le désert, aussi beau soit-il, est assez monotone. Mais il est envoûtant. Il faut le décoder. Reste le plaisir d’être là. C’est assez simple finalement : du sable, des grands espaces, des panoramas dont vous n’avez pas l’habitude, du grand air, de la chaleur (ça fait toujours du bien n’est-ce pas ?), la faim, la soif et le sommeil à gérer, les besoins pressants aussi, et puis les hommes qui vous entourent. Tout le reste a disparu. Et c’est un soulagement. C’est assez rare et c’est bien ce que l’on vient chercher ici, en plus du dépassement de soi physique bien entendu.
Le soir arrive, c’est le dernier dîner pris en charge par l’organisation. C’est un peu la cohue. La peur monte lentement. Les p’tits malins jouent des coudes, parlent de chrono, de classement, des élites…et les vieux baroudeurs les observent en silence. Il faut bien que jeunesse se passe.
J’exagère ? Je caricature ? Je me la « joue » ? Pas tant que ça malheureusement, non.
Demain lundi, 39 km. ça va saigner ! Les p’tits malins vont en prendre plein la gue… Et moi aussi. Du moins j’espère !
Inch’allah.
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