
La concurrente de La Parisienne c’est elle : la Sine Qua Non Run
Par la rédaction. Photos © Sine Qua Non, Unsplash
Cette course nous impressionne. D’autant qu’elle aura lieu, malgré la crise sanitaire. Du moins c’est ce que nous explique sans trembler les organisateurs : « la troisième édition de la Sine Qua Non Run aura lieu le 10 octobre prochain, à partir de 18h ». La bonne idée c’est que cette année la course sera, quoi qu’il arrive, également digitale pour permettre aux coureurs et aux coureuses partout en France et dans le monde de participer au mouvement. C’est LA bonne idée qui, nous l’espérons, donnera de (bonnes) idées aux autres organisateurs. Car, rappelons-le, le virtuel/digital, c’est à la fois l’avenir et le présent du running !
Les mots des organisateurs sont forts
« Avancer, rétropédaler, continuer, douter, se lancer. Faire ou ne pas faire ! Prendre le risque financier ou le risque de ne pas y arriver. Nous avons beaucoup douté pendant cette crise sanitaire de notre capacité à continuer à mener à bien nos projets notamment l’organisation de la troisième édition de la Sine Qua Non Run. Puis on a réécouté les témoignages des femmes et des hommes qui ont participé à la Sine Qua Non Run de 2019 dans le documentaire “La rue est nous”, on a relu les emails de remerciements de participantes et de participants à nos opérations, on a constaté l’engouement de notre communauté sur les réseaux sociaux quand nous avons virtualisé nos actions. Une communauté qui voulait continuer à se mobiliser. Et surtout on a vu les chiffres de l’augmentation des violences faites aux femmes pendant cette période de confinement et l’appel des associations sur-sollicitées dans le période de déconfinement. On constate que la conquête de l’espace public doit reprendre au plus vite pour ne pas perdre de terrain. Bref on ne peut pas abandonner ! Il nous faut être créatives plus convaincantes que jamais et surtout il faut que l’on puisse compter sur le plus de femmes et d’hommes possibles, d’entreprises, d’institutions, de médias … Mais nous sommes confiantes, on y arrivera ensemble et on contribuera à construire grâce au sport un monde d’après qui sera meilleur, plus respectueux et plus égalitaire ».
Sine Qua Non c’est quoi ?
C’est avant tout une association, née de la rencontre de trois générations de femmes, qui après avoir été confrontées de près ou de loin à une agression sexuelle, ont eu la volonté d’agir pour contribuer à lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Leur discours est pour le moins clair, percutant, et malheureusement tellement vrai : « Il est bon de rappeler qu’en France, 6 femmes sur 10 sont confrontées à des comportements déplacés, 1 femme sur 4 est agressée sexuellement au cours de sa vie, 1 femme sur 10 est victime de viol ». Parce qu’une femme ne devrait pas avoir peur de courir seule, de prendre les transports, de mettre une jupe, de repousser des avances. « Le sport, parce qu’il a le pouvoir de changer des vies, notamment celles des victimes, a la capacité de produire un impact positif sur la société en faisant passer des messages avec un ton plus optimiste, plus énergique et plus fédérateur ».
Leur but : agir en rassemblant
« Au-delà des générations, des territoires et bien sûr des genres, nous voulons renouer le dialogue entre femmes et hommes, redéfinir une relation d’équité, construire une société égalitaire. Et c’est bien ensemble que nous devons le faire. Cette envie d’agir s’est concrétisée en 2018 avec la création de la Sine Qua Non Run. Une course à pied pleine de symboles : un départ, une arrivée et, entre les deux, un chemin à parcourir ensemble, femmes et hommes, pour lutter contre les phénomènes de harcèlement, de violence, d’emprise, d’agression ». Depuis, l’association a développé des actions dans le running, mais aussi dans le football autour de trois ambitions : promouvoir l’égalité, accompagner les femmes dans la conquête de l’espace public et lutter contre toutes formes de violences sexistes et sexuelles avec le sport comme levier.
Conjuguer sport et engagement sociétal pour défendre les femmes
« Le sport est une évidence car il est une source de résilience, un booster, un facteur de fierté, un activateur de rencontres. Il y a dans nos expériences sportives diverses, la constance d’un apport positif dans nos vies. C’est cela que nous voulons partager et mettre au service d’un enjeu collectif : celui d’une égalité réelle entre les femmes et les hommes ». Le concept de cette association est d’utiliser le sport pour permettre à la société d’affirmer sa soif d’égalité en créant un environnement favorable au dialogue, à la sensibilisation et à la mobilisation. Toutes les actions sont guidées par une envie de rassembler les femmes et les hommes dans un esprit sportif qui mêle dépassement de soi et la fraternité.
N’oublions pas que beaucoup de femmes ne se sentent pas en sécurité dans la rue.
3,6 milliards d’euros par an : c’est le coût des violences faites aux femmes, en termes d’aides sociales, de soins et de capacité de production. Pour les organisateurs : « il est essentiel de revendiquer le droit pour les femmes de faire du sport où elles veulent, quand elles veulent et dans la tenue qu’elles veulent ». Pour eux, le sport est un outil au service de l’affirmation de soi, de la prise de leadership et de la confiance. Il est une aide précieuse pour conquérir l’espace public. « Favoriser la libération de la parole, renforcer le capital confiance des femmes, les aider à prendre leur place et à réagir dans des situations de sexisme ordinaire, de harcèlement physique ou moral, est un enjeu crucial pour les entreprises » poursuivent-ils. Des modules basés sur le self-defense ou la boxe ont donc été mis en place pour que les femmes puissent se sentir plus fortes physiquement et mentalement. « Toutes les actions de Sine Qua Non ont vocation à reverser des fonds pour des associations qui accompagnent les femmes, à réparer leur corps et les aider à se reconstruire ». Ces fonds servent à la fois au fonctionnement de ces associations mais aussi à intégrer le sport dans le chemin de ces femmes vers la résilience. « La mission de Sine Qua Non est de défendre le rôle du sport, comme source de bien-être, de dépassement de soi et d’émancipation. Les sportives sont invitées à briser l’omerta dans le sport et l’association travaille aux côtés du Ministère des Sports pour réfléchir à des solutions pour prévenir, signaler et accompagner ». On ne peut qu’approuver.
La course Sine Qua Non Run
C’est une course mixte de 6 et de 10 Km entre Paris et Pantin dont les départs sont donnés depuis le Parc de la Villette et à la tombée de la nuit, un moment où les femmes se sentent davantage menacées. « Cette course de 6 ou 10km c’est la volonté de redonner au mot NON tout son sens, son poids, sa force. C’est la condition Sine Qua Non pour recréer un dialogue entre les femmes et les hommes basé sur le respect et pour lutter ensemble contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles ». Ils ajoutent : « C’est un message adressé à chacun pour dire que NON une femme ne doit pas avoir peur de courir seule, de prendre les transports, de mettre une jupe, de repousser des avances… NON une femme ne doit pas avoir à subir sifflements, commentaires sexistes, ou pire, quand elle court en short, prend les transports, porte une jupe, repousse des avances… Avec un ton plus optimiste, plus énergique, plus fédérateur, notre volonté est de mobiliser les pouvoirs publics, les entreprises, les médias et toute la société civile sur le sujet ». Notons aussi que la Sine Qua Non Squad met en place des sessions de sport organisées dans des lieux dits “peu fréquentables” par les femmes afin de prendre possession de l’espace et de revendiquer le droit des femmes à faire du sport où, quand et dans la tenue qu’elles veulent. Autre particularité : les filles sont invitées à courir comme elles veulent notamment en legging, en short et en brassière et si elles sont plus à l’aise ainsi.
La course est ouverte aux femmes et aux hommes.
Plus de 800 coureurs et coureuses avaient pris le départ en 2018. « Et nous étions plus de 1500 personnes en 2019 ». De nombreuses entreprises ont mobilisées leurs collaboratrices et leurs collaborateurs à l’image de SNCF, Thalys, Renault, Chanel, Radio France, BNP, Foncia, MEETIC, BETC, M6… Le parcours relie Paris et la Seine Saint Denis pour faire tomber les barrières géographiques sur un sujet universel. Les bénéfices sont intégralement reversés à trois associations qui accompagnent les femmes victimes de violences : La Maison des Femmes, Fight For Dignity et Parler. La Sine Qua Non Run, c’est aussi un village ouvert à tous pour « sensibiliser aux conséquences des violences sexistes et sexuelles et valoriser les initiatives prises pour accompagner les femmes dans leur volonté de s’émanciper et de prendre leur place dans la société ». Dans cette démarche, poursuivent encore les organisateurs, nous travaillons avec les associations que nous soutenons, mais aussi avec un réseau d’associations engagées comme HandsAway (association luttant contre les agressions sexistes et sexuelles à la fois dans l’espace public au moyen d’une application mobile gratuite, et au travail via des interventions de sensibilisation sur mesure), Pepite Sexiste (association de consommateurs et consommatrices qui sensibilise au sexisme et aux stéréotypes diffusés par le marketing et qui interpelle les marques concernées sur les réseaux sociaux) ou encore Consentis (association qui promeut la culture du consentement auprès de tous les acteur•ices du milieu de la nuit). Déployée principalement en Ile de France (Paris, Saint Denis, Saint Germain en Laye, Pantin, Aubervilliers, Montreuil …), la Sine Qua Non Squad s’est aussi délocalisée en session en Suisse, à Genève et à Lausanne.
« On ne peut pas abandonner. Nous sommes ravies de pouvoir annoncer l’édition 2020 de la Sine Qua Non. Elle aura lieu le 10 octobre à 18:00 ». Prix des dossards : 25 euros.
Les inscriptions sont ouvertes sur : https://sinequanonrun.com/inscription-en-ligne/
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