
Elle va vous faire quitter la route.
Par la rédaction. Photos © Brooks.
337g (H), 301g (F). Hauteur talon de 20 mm, hauteur avant-pied / métatarses de 10 mm et drop de 10 mm. 140€ (150€ pour la version GTX).
Ce n’est pas souvent qu’on tombe en admiration devant un modèle de chaussure. À force de courir partout, souvent, depuis longtemps, nous avons tendance à considérer que le principal point fort d’une chaussure de course à pied, c’est le confort. Avec cette dernière version de la légendaire Cascadia, c’est la version 13, nous avons été particulièrement bien servis. C’est pour nous une référence, un modèle du genre, une beauté rare, presque un ovni, un modèle d’exception. Vous allez voir…
Petit rappel, la marque Brooks est une des grosses cylindrées Américaines. Basée à Seattle, au Nord-Ouest de l’Amérique du Nord, depuis 1993, Brooks a originellement été créée (en 1914 !) à Philadelphie, en Pennsylvanie, sur la côte Est. La marque sponsorise depuis longtemps l’athlète Scott Jurek, sans doute le plus grand coureur de longue distance du pays. Scott Jurek a presque tout gagné, plusieurs fois de suite, sur les chemins comme sur le bitume. Jugez plutôt : 7 victoires consécutives à la Western States (1999 – 2005), 3 victoires consécutives au Spartathlon (2006 – 2008), 2 victoires consécutives à la Badwater (2005, 2006), dont l’une sous 49°C, record du 24h Américain de 2010 à 2012… Pas surprenant du coup qu’il ait été élu meilleur coureur d’ultra Américain par le magazine Ultrarunner en 2003, 2004, 2005 et 2007. Cette chaussure Brooks Cascadia a toujours été son modèle de référence, sur ses compétitions de trail running, qu’elles soient de plus ou moins longues distances.
La tige
C’est clairement une des forces du modèle. Elle est souple, légère, tout en étant suffisamment renforcée pour vous protéger des terrains les plus divers. Elle est aussi plus large que les versions précédentes à l’avant-pied, ce qui est une bonne nouvelle pour certains. Notez qu’il existe une version Gore-Tex® imperméable forcément plus lourde (349g pour la version homme, 312g pour la femme) pour les temps plus humides ou les coureurs qui préfèrent assurer le coup sur une grosse épreuve de trail running, durant laquelle ils préfèreraient se préserver de mauvaises surprises. UTMB quand tu nous tiens. Mais chacun voit ici midi à sa porte.
Sur le devant, on pouvait s’y attendre, la chaussure présente un renfort. Il est léger mais, à moins de faire exprès de ne pas lever les pieds, il sera suffisant pour surmonter les petits coups et autres griffures du terrain de jeu. Cette fine couche s’étend ensuite élégamment tout autour du pied, en bas, sur les ¾ disons. Ce sont ces mêmes bandes de renforts qui assurent, plus haut sur le pied, un bon maintien dans la chaussures. De petites bandes sont ainsi reliées aux encoches des lacets et participent à cette excellente tenue.
C’est le système « 3D rubber print » ; qui veut littéralement dire : impression 3D en caoutchouc. L’ensemble (encore mieux que le « 3D fit print » !) donne en effet bien le sentiment qu’il a été collé sur la tige. Cela permet (on a vérifié !) de maintenir une certaine structure du chaussant sans pour autant attaquer sa souplesse. Ça marche. Vraiment. Plus loin, au talon, tout ce merveilleux système est renforcé par une coque rigide et classique. Elle assure elle aussi la tenue du pied dans la chaussure lors des foulées. Classique, classique. Rien à ajouter. Ajoutons à cela un élégant petit lacet qui tient une fonction double : aider à enfiler la chaussure et tenir l’arrière d’éventuelles guêtres. C’est l’ « integrated gaiter connection point ». Point !
Les lacets sont stretch, ce qui rajoute encore au plaisir et va dans le sens de que nous soulignions plus haut : les designer de Brooks ont clairement fait un gros effort sur le confort : c’est THE morceau de bravoure de ce modèle Spring/Summer 2018. Ajoutons un point de détail qui a son importance : à l’intérieur de la chaussure, au niveau de l’arche du pied, comptez trois couches : le mesh externe renforcé par ces bandes en « 3D rubber print », une couche plastique très souple et seulement attachée à la semelle intermédiaire par deux oeillets de lacets et, enfin, une enveloppe de languette, elle aussi rattachée à la semelle intermédiaire. C’est ce que Brooks, dans son jargon très ‘Merica appelle : « internal saddle system ». L’ensemble est léger mais efficace : ça tient bien le pied en place, mais ça ne tient pas chaud. À priori ce n’était pas gagné – Brooks s’est un peu compliqué la vie, il faut bien le dire – mais ça marche. Alors on ne dira rien. Une belle prouesse ! Finissons par le collier de cheville et la languette : rien de neuf, rien de très original mais que du solide, efficace, confortable. RAS.
La semelle intermédiaire
Voici l’autre partie très intéressante de la chaussure. D’abord, on ne peut ignorer la structure en DNA, un bijou lancée par Brooks en 2013 qui fonctionne à merveille. Le principe ? Le matériau dans lequel est fabriqué cette semelle réagit en fonction de la force que vous (oui oui : vous) lui opposez. Cela se joue au niveau moléculaire et permet de disperser la pression lors des impacts, tout en reprenant une forme idéale après. Brooks annonce non seulement plus d’amorti et plus de retour d’énergie, mais surtout une foulée qui vous ressemble, puisque le caractère de cette semelle c’est de s’adapter…à vous. Alors autant être clair, très clair même : nous n’avons bien sûr pas été vérifié mécaniquement avec des machines et des calculs de matheux cette belle histoire de bureau de design mais, mais, question sensation, cette nouvelle Cascadia est très amortissante, c’est un fait indéniable. Elle est aussi très agréable sous le pied, sans bien sûr vous donner l’impression de vous enfoncer dans de la guimauve. Vous n’avez jamais mal, vous vous sentez dynamiser (presque dynamité) et votre stabilité n’en souffre pas pour autant.
En effet, grâce au système nommé « pivot » et qui offre des densités de mousse amortissante différentes, la chaussure est sensée réagir exceptionnellement bien aux aspérités du terrain pour vous offrir une stabilité à toute épreuve. Comme avec le DNA, difficile de répondre scientifiquement à ces effets d’annonces. Mais le résultat est là : la chaussure se fait sûre, quoi qu’il arrive. Non seulement vous êtes assez proche du sol mais comme l’amorti DNA fonctionne à merveille, vous êtes doublement plus stable : parce que plus proche du sol (1), parce que soutenu par le système « pivot » (2). Ça va vous suivez ? Bref bref : douceur, amorti, souplesse, sécurité….cette semelle intermédiaire ne se fait pas seulement oublier : elle se fait adopter. A tel point que vous pouvez sans aucun souci passer sur la route. Même si les crampons de la semelle externe restent impressionnants. Si si. Enfin, parce que vous avez l’oeil, on ne va pas vous cacher la formidable « ballistic rock shield » située sous la voute plantaire et coincée entre les deux semelles (intermédiaire et externe). Elle fonctionne non seulement en empêchant les cailloux ou autres débris pointus de percer le caoutchouc DNA de la semelle directement à la verticale mais également en les évacuant sur les côtés de la semelle. Une fois de plus (et vous allez vraiment finir par croire que nous ne sommes pas objectif) : ça fonctionne au poil ! À merveille. On en redemande.
La semelle externe
Pour finir, un mot sur cette autre beauté : accrocheuse, résistante. OK, ça fait deux mots. Donc, non, vraiment, aucun souci d’accroche à prévoir….Le caoutchouc est même assez mou pour ne pas vous gêner sur les portions de route. Ce qui signifie….qu’il sera accrocheur (voire abrasif) sur sol mouillé.
Conclusion
Un modèle passe-partout bien amortissant mais qui vous garde près du sol (bon pour les chevilles ça !). C’est rare. Finitions exceptionnelles. Vous l’avez compris : on a complètement craqué (C-R-A-Q-U-É) sur ce nouveau modèle phare de trail running de la marque de Seattle, extrêmement bien inspirée par le king des king : Mr Scott Jurek lui-même. Zéro défaut. Zéro bobo. Allez-y les yeux fermés !
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