
Langue de dragon qui fait peur, Onitsuka Tiger et JO 2020. Pas mal !
Par la rédaction, avec Gaël Couturier. Photos © Lacerations.
3ème et avant dernier volet de nos reportages sur les magasins de running dans la ville japonaise avec, cette fois, le monument local : l’Asics store, le shop le plus emblématique de la culture running de Tokyo. Asics est une marque fondée en 1949 par un certain Kihachiro Onitsuka, à Kobe, pas très loin d’Osaka, siège du concurrent Mizuno. Kobe, pour info, c’est à 500 km au Sud-Ouest de Tokyo. La marque Asics est présente un peu partout sur cette planète avec des magasins en propre, et notamment donc à Harajuku, dans ce coin de ville (au sein de Shibuya, au Sud-Ouest de Tokyo) qui a connu son heure de gloire en terme de street style bien délirant à partir des années 90 mais qui, d’après les spécialistes, se meurt lentement.
L’adresse du Asics shop, en bout de Takeshita Street, est un énorme espace, lumineux, provoquant, exhaustif en terme de running. Visite guidée d’une enseigne qui prépare d’ores et déjà, vous allez le voir, les prochains JO d’été à Tokyo de 2020.
Le rez de chaussé vous accueille avec une énorme tête de dragon aux couleurs de la nouvelle collection Gel Nimbus 21 : un jaune on ne peut plus feu ! C’est assez imposant pour qu’on s’y arrête, d’autant que la langue du dragon ressemble à s’y méprendre à une planque de skateboard et que l’ensemble est, somme toute, assez rigolo. L’autre point amusant, et intéressant, c’est que le shop Onitsuka, la marque lifestyle d’Asics, est juste à côté. On y rentre par une autre porte dans la rue mais à l’intérieur du magasin, les deux espaces sont connectés. Il est donc très facile de passer de l’un à l’autre et se laisser tenter par quelques pièces de rue qu’on ne trouve, peut-être, qu’ici, au Japon, à assortir avec ses chaussures performances.
Ce shop Asics, dont le nom officiel est l’ « Asics Harajuku Flagship Store » tient tout entier sur un étage, mais ses salles sont vastes, profondes. La décoration intérieure n’est pas aussi soignée que chez New Balance, au look épuré et zen que nous avons vu récemment, mais ce mélange coloré, très vivant, un poil désordonné, corner running femme ici, nouvelle chaussure et ses déclinaison là, n’est pas désagréable. Il donne aussi le sentiment d’avoir un choix immense, ce qui était moins le cas chez NB mais qui l’était totalement chez Nike. On ne s’en étonne pas.
Quelques modèles phares du moment sont donc mis en avant, ici mieux qu’ailleurs, c’est certain. Ils ont chacun leur propre corner. C’est l’avantage d’avoir de l’espace. Nouvelle Gel Nimbus et Nimbus 360 Knit II, Kayano 25 (et oui 25 déjà !), et même des Hypergel-Kan, des Sortiemagic RP 4 Tenka, et une Roadhawk FF 2 ultra light que nous ne connaissions pas. Le fin gourmet passionné de running, comme l’assoiffé de sneakers, et d’Asics, ne saura ici où donner de la tête. Ce shop possède l’avantage, comme celui de New Balance mais surtout à l’inverse de celui de Nike que nous avons vu, de n’être pas bondé de touristes et autres curieux. Le public est ici connaisseur, passionné et spécialiste, lui aussi, même s’il vient parfois en famille rechercher, déjà, nous l’avons vu, les collections spéciales pour les Jeux Olympiques. Peu de monde au final alors que, nous l’avons souligné dans notre introduction, le shop est en plein milieu du temple du shopping de Tokyo, la fameuse rue Takeshita Street. On aimerait d’ailleurs bien savoir combien coûte par mois la location de cette immense surface, ou si Asics en est propriétaire, car Tokyo, et ce quartier plus spécialement, est réputé pour être une des villes les plus chères au monde. No comment.
Peu à peu, vous réalisez que la marque des JO commence à laisser son empreinte chez Asics. Il y a d’abord cette collection « Japan made » qui propose des modèles pour courir orientés compétition mais qui, pour certains, reprennent les codes du passé, à savoir ceux des début d’Onitsuka, avec une semelle en mousse uniforme et d’une seule structure. On aime, ou pas. C’est bien Japonais tout ça. C’est un peu déroutant aussi mais, après tout, pourquoi pas.
S’impose alors à vous la couleur rouge flamboyant de la nouvelle Tarther, au signe de Tokyo, modèle spécialement dessiné pour l’occasion de ces JO et qui promet de vous émouvoir : « des émotions rouge » à Tokyo, raconte littéralement la campagne en anglais, et en japonais. La chaussure semble relativement amortissante, bien protectrice. C’est donc un modèle pour tous, sans doute pour faire du marathon, mais qui s’adresse au plus grand nombre quand même. Cette Tarther est à la fois isolée et mêlée à l’ensemble du magasin, un peu comme la Hanzo S v2 de New Balance, encore eux. La Tarther est donc une chaussure à la mode, mais clairement dans une gamme performance. C’est vrai qu’elle est attire le regard.
En poussant toujours plus en profondeur notre visite de ce shop aussi étonnant que mythique, on découvre un carré « foot ID » ou vous pourrez vous faire prendre les mesure de votre pied et analyser votre foulée, mais également, et c’est intéressant, un mural dédié à l’historique d’Asics. Comme quoi ce shop-là est bien un flagship comme disent les Américains, autrement le magasin numéro 1 de la marque, ici à Tokyo. Tout y est. Rien ne manque. Et tout est tourné vers le running. À priori pas d’autres étages dans ce shop. D’autres magasins Asics doivent vendre les collections des autres sports qui intéressent la marque : foot, tennis…
De l’X-Caliber à l’UL-100 en passant par les Limber Upgraded, Cortez (et oui comme chez Nike), Montreal II et la magnifique Tiger Paw DS-5700, la patte de tigre donc, et jusqu’à la Gel-Kinsei, tout y est dans cet historique passionnant pour les nerd (et les geek) que nous sommes. C’est une excellente idée, c’est un bon coup marketing car il renforce l’identité de la marque mais, on le répète, le décor, les murs manquent ici quand même un poil de finitions, de laque, de brillance (de Karl Lagerfeld oseraient-on). Passons. #tristesse bis. Le shop est vaste, les produits sont beaux mais une rénovation de l’ensemble serait donc sans doute une bonne idée. M’enfin, comme dirait ce bon Gaston Lagaffe, cet Asics-là reste un point de passage obligé du runner curieux de passage dans la ville de Tokyo.
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