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Spéciale UTMB !

Texte François-Xavier Gaudas. Photos François-Xavier Gaudas, Columbia Montrail.

297g (H) et 267g (F). Hauteur talon de 19 mm, hauteur avant-pied / métatarses de 11 mm. Drop de 8 mm et crampons de 4 mm d’épaisseur. 129,95€.

Il y a quelques mois, nous vous parlions de nos doutes concernant la dénomination Columbia- Montrail (l’article est ici). Pour mémoire : Columbia est la marque généraliste propriétaire de Montrail depuis 2006. Montrail est, elle, une petite marque de chaussure de trail née au début des années 80 près de San Francisco. C’était une marque extrêmement prometteuse…à ses débuts. Non seulement Montrail était une des rares marques à proposer des chaussures pur trail running mais ses produits étaient également bien innovants et vraiment performants. Alors que vient de se terminer la fameuse course Hardrock dans le Colorado, gagnée la 4ème fois de suite par un Kilian Jornet décidément très en forme (même s’il s’est blessé), et que Montrail avait baptisé une de ses chaussures mythiques du nom même que cet énorme course, nous vous proposons enfin un test de quelques-uns de ces modèles. Je commence par la Caldorado™ II, version spéciale UTMB.

Les Caldorado™ II qui m’ont été données à tester sont les plus légères du groupe. En effet, il existe une version Outdry™ à 139,95€ et une version Outdry™ Extreme à 149,95€. Si les trois modèles ont la même construction de semelle (de la hauteur semelle de 19 mm, à la hauteur avant-pied de 11mm en passant par la taille, 4 mm, des crampons de la semelle externe), les miennes ne sont pas imperméables. Elles se devaient d’être par conséquent plus souples. Notez que j’ai testé ce modèle de manière quasi quotidienne pendant 5-6 semaines sur des sentiers de forêt d’abord, pour les assouplir un peu, et puis en montagne, dans les Alpes pendant mes vacances, sur des terrains techniques bourrés de racines, de pierres et avec un peu de dénivelé : 500 m D+ par sortie environ. Au total, j’ai couru entre 150 et 200 km avec cette paire de chaussures. Avec un nom bien orienté ultra-trail, mes attentes étaient assez hautes et légitimes : je suis en pleine préparation CCC – à Chamonix le 1er septembre – 101km, 6100m D+.

La Tige

Elle est sans coutures intérieures. Ce n’est pas une performance en soi car aujourd’hui de très nombreux modèles de différentes marques ont adopté cette construction. Dès les premiers mètres avec ces Caldorado II aux pieds, on ressent donc un confort incroyable. La tige est agréable et élimine classiquement tous les potentiels points de pression éventuels. Le mesh, bien que solide, est extrêmement respirant. J’ai même fait le test de courir sans chaussettes ! Sur une courte distance par contre. Je ne suis pas triathlète, mais quand on se prépare à garder ses chaussures pendant plus de 10h-15h, le confort, c’est important. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu voir jusqu’où je pouvais aller avec le modèle. La hauteur du collier de la chaussure est très bien évaluée je trouve : pas de frottement au niveau de la malléole ni l’impression que chaque caillou ou bout de bois sur le chemin va pénétrer comme dans un moulin. La languette reste bien en place et le laçage ne se relâche pas au bout d’une heure de course : très bonne qualité d’ajustement et de serrage donc.

Même si la chaussure n’est pas imperméable, je me suis amusé à mettre le pied dans l’eau glacée des torrents de montagne dès que j’en ai eu l’occasion – bon, c’est aussi parce qu’il faisait 35 degrés. J’ai pu constater que le mesh séchait vite, en une grosse demie-heure pendant l’effort – bon, là encore, c’est aussi parce qu’il faisait 35 degrés. Du côté du talon, le maintien est bon. On ne se sent pas à l’étroit et, quel que soit l’angle adopté par le pied, il reste bien en place. Je suis particulièrement sensible à ce critère, ayant subi une opération de la cheville difficile il y a une dizaine d’années. Il est donc primordial pour moi en trail running que la chaussure me fasse sentir qu’elle pourra assurer le même rôle que la ceinture de sécurité qu’un 4X4 en me maintenant calé en cas de besoin. L’avant du pied est un peu renforcé. Le pare-pierres n’est sans doute pas aussi visible et imposant que sur d’autres modèles pur trail (j’ai en tête la Saucony Xodus 5.0 ou la Salomon XA Pro) mais il fait suffisamment bien le boulot si vous ne prévoyez pas de courir les yeux fermés. Non, vraiment, je ne changerais rien à la tige de ce modèle, elle me semble parfaite pour tout type d’activité trail-running. Notez toutefois que je n’ai pas d’avis concernant la respirabilité des deux autres modèles précités, les Caldorado™ II Outdry™ et les Caldorado™ II Outdry™ Extreme. Pour avoir moi-même par le passé testé d’autres modèles Montrail déjà équipés de cette technologie in-house imperméable, je sais toutefois de quoi sont capables les brillants ingénieurs de Columbia dans ce domaine. Mais comme tout ce qui est imperméable est forcément moins respirant, c’est à vous de voir, en fonction de la météo, de ce dont vous avez le plus besoin.

Semelle intermédiaire

Avec son matériau de semelle en élastomère polyoléfine (POE), une mousse ré-active qui va du talon aux orteils, la marque annonce une semelle dotée de la « technologie » FluidFoam, sensée apporter, je cite : « un amorti, une souplesse et un maintien exceptionnels ». La semelle offre aussi une autre technologie nommée FluidGuide cette fois, et elle est censée apporter plus de stabilité au niveau du médio-pied. Je dois avouer que….la fiche technique dit vrai pour ces deux points : l’amorti est plus doux et la chaussure est hyper stable. Cette nouvelle Caldorado II n’est d’ailleurs ni plus ni moins que la chaussure de trail la plus souple que j’ai jamais testée, alors que le modèle précédent, la Caldorado (tout court) n’était pas classée par les critiques américaines comme une chaussure très souple. Pour vous dire à quel point la marque a fait des progrès, j’ai honnêtement ressenti les mêmes choses qu’en courant avec mes Adidas Riot adorées, avant que la marque allemande ne les passent malheureusement à la moulinette de la technologie d’amorti Boost qui ne m’a jamais – oh grand jamais – convaincu en catégorie trail running. En fait, ces Caldorado II sont assez proches du sol (8 mm de drop contre 12 pour la première version de la chaussure) mais même en courant sur des cailloux, on ne ressent pas de point de pression ni d’instabilité particulière. La chaussure colle littéralement au pied, et au sol donc. Ce qui explique cette performance c’est bien la composition de cette semelle : une mousse plus dense sous le médio pied et plus souple sous l’avant-pied qui est la fois bien amortissante mais également bien dynamique (très bon retour d’énergie).

C’est logique, la transition médio pied avant-pied se fait également de manière douce et permet donc d’appuyer un peu plus sur l’accélérateur sans se faire de vraies frayeurs, notamment en descente, et encore plus  quand on est comme moi, sensible au niveau des chevilles. La plaque de protection TrailShield est justement là pour vous protéger des pierres sous les pieds. Elle offre donc un bon équilibre : pas trop rigide, pas trop souple. Les profondes rainures de flexion sous l’avant pied participent d’ailleurs à la souplesse générale de ce modèle.

Semelle externe

La première chose à noter sur cette semelle, c’est la qualité de ses crampons : multidirectionnels, en caoutchouc solide et d’une longueur de 4mm. Leur adhérence est ce qui m’a le plus bluffé :  je n’ai à aucun moment ressenti que je pouvais glisser, peu importe la surface. Avec une pose de pied maîtrisée, je vous garantis que vous n’aurez pas de mauvaise surprise, même à vitesse élevée. Pour assurer mes arrières sur ce point, j’ai appelé mon rédacteur en chef, Gaël Couturier, 4 fois finisher UTMB qui a longtemps porté des Montrail aux pieds, bien avant que la marque ne se fasse racheter par Columbia. Voici ce qu’il m’a dit : « Ces crampons sont en effet de très très bonne qualité, je confirme. Mais ils ne sont pas nouveaux et existaient déjà sur d’autres modèles de chaussures Montrail que j’utilisais il y a presque 10 ans de ça, sur l’UTMB notamment, la Bajada première du nom par exemple. La qualité de la semelle externe est une des forces, entre autres, de Montrail, c’est évident ». Merci patron !

La surface couverte par cette semelle externe est de plus assez large. Elle offre de nombreuses options d’appui. Ce n’est pas forcément le cas de certains modèles plus rigides qui vous obligeront à poser le pied obligatoirement à plat pour ne pas vous ramasser ou vous tordre la cheville. Je n’ai pas testé ces crampons sur la neige mais il serait intéressant d’avoir un retour ici même. Avis aux amateurs qui veulent nous éclairer.

Niveau durabilité, je vois mal comment ces Caldorado II UTMB pourraient réellement s’effriter avant le cap des 500-600km tant leur impression de solidité et de stabilité est grande. Ce qui est d’autant plus étonnant que la chaussure ne ressemble pas à un tank, comme d’autres modèles de la marque (j’y reviendrai…). Après environ 200 km, mes semelles étaient toujours impeccables, alors que j’ai vraiment cherché à les malmener. Autre excellent point de cette semelle : la répartition des crampons et surtout leur design très très fin empêche les cailloux de s’y bloquer. Bref, dur dur de lui trouver des défauts.

Conclusion

Sur ce modèle, Columbia et Montrail peuvent être fiers de leur bébé. Cette Caldorado II, modèle UTMB ou pas, s’annonce, je le pense, comme un futur modèle référence dans le paysage du trail long, pour peu qu’on lui laisse sa chance. Car en ce moment, Altra, Hoka One One sont prédominants, suivis de près par Nike et Salomon. J’ai beaucoup de mal à trouver des points à améliorer sur cette chaussure, tant son usage m’a semblé naturel, intuitif et sécurisant. Je la recommanderais donc à des coureurs de poids légers à poids moyens, aimant courir sur des terrains variés et des distances…infinies.

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