
Pour l’accroche. Pour les sensations. Pour le plaisir.
Columbia Montrail Alpine FTG. Joli bijou.
Par la rédaction, avec Alessandra Rampazzo et Gaël Couturier. Photos © Lacerations.
272g (H) et 232g (F).
Hauteur talon de 16 mm (H et F)
Hauteur métatarses de 10 mm (H et F)
Drop de 6 mm (H et F)
129,99€ (149,99€ pour la version imperméable en OutDry™)
Ne tournons pas autour du pot : voici la réponse de Montrail, propriété Columbia (le siège est à Portland, dans l’Oregon), à l’inévitable succès de la Speedcross de Salomon (hauteur talon de 30 mm, hauteur métatarses de 20 mm et drop de 10 mm donc, et poids de 320g pour le modèle homme). Chez ces derniers, fabricants français, ils en sont déjà à la 5ème version de ce modèle mythique destiné aux sentiers les plus engagés, les plus sales, les plus boueux et les plus glissants, les plus souples. Chez Columbia Montrail, la réponse est cinglante. Efficace. Sévère. Nous allons le voir.
Ce qui fait la force de ce modèle, plus léger que la Speedcross donc, cela se voit tout de suite : l’accroche, l’amorti talon, la stabilité générale, accentué par un chaussant bien large à l’avant-pied. Mais le design de la chaussure impose une pratique sur terrain souple, une terre où l’on s’enfonce, un sentiers où les crampons de 4 mm peuvent jouer leur rôle et vous freiner, vous éviter de rater un virage, vous scotcher au sol pour éviter un vol plané catastrophique. Voilà pourquoi quand on voit des gens porter ce type de chaussure très très lookées dans la rue, tous les jours (qui n’a pas vu la Speedcross portées comme ça, en peine ville), on se dit qu’ils n’ont rien compris à l’ADN de ces modèles. Cela dit, un peu comme chez Hoka One One où on ne se rend pas toujours bien compte de l’effet « siège baquet » de la construction de la semelle intermédiaire (on croit souvent à tort que le pied est posé sur la semelle oversize alors qu’il est en réalité placé plus bas qu’il n’y paraît, littéralement « dans » la semelle), on ne voit pas ici sur cette Columbia Montrail Alpine FTG (comme on ne le voit pas sur la Salomon Speedcross) qu’il y a quelques mm d’amorti à l’intérieur et que le pied ne repose donc pas directement sur la semelle externe et ses crampons de 4 mm.
La tige
On commence simple. La tige. Les deux choses importantes à retenir la concernant sont : un chaussant bien large à l’avant-pied (la largeur médio-pied est plus classique), ce qui est fort agréable et offre une superbe stabilité sur ces terrains glissants par excellence, et un talon très amortissant, d’une sécurité absolue, doublé d’une belle douceur dans le collier de cheville. Votre talon sera en effet extrêmement bien maintenu au fond de la chaussure – au sol donc. Attention : à cause de ce chaussant bien large à l’avant-pied, il semblerait aussi que ce modèle chausse un peu plus grand en bout de pied. On vous recommande donc de l’essayer.
Le modèle que nous avons testé n’est pas la version imperméable de la vidéo juste avant mais la chaussure est quand même protectrice car les petites doublures du bas, au plus près de la semelle font effet de blocage de l’eau et de la boue ou tout autre petit débris qui aurait la mauvaise idée de vouloir pénétrer à l’intérieur du mesh filet du dessus qui est, lui, bien plus fragile et perméable. Quant au reste de la tige, hormis le mesh filet classique sur l’avant-pied, il y a cet étrange tissage de fils de TPU rouge rosé (TPU = thermoplastic polyurethanes) visiblement moulé à chaud sur la tige en mesh. C’est la marque qui le dit. Le but est d’offrir une protection sans alourdir la chaussure et, honnêtement, ça fonctionne plutôt bien. C’est la grosse innovation de cette Alpine FTG, en ce qui concerne la tige.
Le reste est somme toute assez classique avec 6 oeillets de lacets par côté, 4 souples et 2 fixes, une languette confortable, épaisse, et un collier de cheville dont on a déjà parlé, lui aussi très (très) confortable. Un mot sur la petite semelle de propreté car elle est novatrice : réalisée en deux parties distinctes, elle est amortissante, souple mais apporte aussi un peu de maintien à l’arche du pied en la maintenant haute et éviter qu’elle s’affaisse, grâce à sa texture un brin moins souple que le reste. On le voit sur la photo plus bas et sur sa partie grise. Integrated Arch Support. Ce qui veut dire littéralement : maintien d’arche du pied intégrée.
La semelle intermédiaire
Elle est en FluidFoam™. C’est le nom de guerre que Columbia Montrail donne à son procédé d’amorti en mousse. À ne pas confondre avec le FluidGuide™ qui est aussi une mousse amortissante développée par Columbia mais plus dense, située au niveau du médio-pied et qui aide à lutter contre l’hyper-pronation. On retrouve le procédé FluidFoam™ sur de très nombreux modèles de la marque : Caldorado™ III, Mountain Masochist™ IV, ROGUE™ F.K.T.™, ou encore Bajada™ III. Le FluidGuide™ en revanche est bien moins présent : Trans Alps™ II, Fluidflex F.K.T. II, pour ne citer qu’elles toutefois.
Précision d’entrée ceci : FTG sont les initiales de « Feel The Ground », autrement dit, en gros, « sentir le sol ». En effet, les quelques mm d’épaisseur de mousse amortissante sous les métatarses (4 mm pour être précis) vous laissent particulièrement bien ressentir le terrain, les pierres y compris. Est-ce un défaut ? Non. C’est juste sa nature. La chaussure n’est pas trop dure, la semelle reste amortissante (enfin, un peu et c’est aussi grâce à la semelle de propreté dont nous avons parlé juste avant) mais elle reste destinée, par nature, à ceux qui aiment être le plus proche du sol, sentir ses aspérités pour mieux faire corps avec lui et rester bien dynamique, rebondir en une fraction de seconde.
Évidemment, sans plaque rigide et dure de protection contre les impacts des pierres et autres morceaux de bois pointus, vous ressentez le terrain au mieux. Ça peut être gênant quand on n’en a pas l’habitude et c’est surtout pas recommandé du tout sur longues distances. On est en effet loin d’une Hoka One One ou d’une jolie Cascadia 13 de Brooks par exemple, qui possède une de ces plaques bien épaisses qu’on aime quand on recherche le confort avant tout. Ce modèle n’est donc pas à porter sur une des grosses épreuves du festival des Templiers à venir (dernier papier ici : https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-lampes-frontales-montres-gps-que-choisir/) mais elle ferait l’affaire sur des distances courtes, surtout si la météo est capricieuse, qu’il pleut (optez dans ce cas pour la version imperméable en OutDry™) ou si le terrain est gras.
La mousse amortissante au talon a 7 mm d’épaisseur. C’est beaucoup mieux que sous les métatarses mais ce n’est pas exceptionnel non plus, même si, par conséquent, la chaussure est également destinée à ceux qui attaquent le sol par le talon. Pour conclure sur cette étonnante semelle, on peut avouer qu’elle n’est pas à mettre entre tous les pieds mais qu’elle fera le bonheur des coureurs dont la foulée est la plus dynamique, ceux qui sont attirés par le minimalisme ; même si bien sûr ce n’est pas la fonction du modèle que de reproduire la course pieds nus. On s’entend. Ah: et ceux qui attaquent par le talon. On le répète.
La semelle externe
Exactement comme sur la Speedcross, les crampons de la semelle externe font 4 mm d’épaisseur. Ils ne sont en revanche pas multi-directionnels mais découpés en un chevron tout aussi efficace. Ils sont orientés dans un sens sous l’avant-pied et le médio-pied, et dans un autre sous le talon. Bien vu. Ces gros picots restent souples et résistants et nous n’avons pas constaté d’usure particulièrement inquiétante même quand on s’est efforcé à user la semelle sur tous les types de terrain, y compris le bitume (ce qui est une gageure, on vous le concède).
Conclusion
La belle affaire que ce modèle qui n’est pas un ersatz de la Salomon Speedcross mais bien une alternative plus light, moins chère, et tout aussi efficace. Ou presque. On chipote ? On chipote. La Columbia Montrail Alpine FTG est une chaussure bien spécifique, destinée aux terrains les plus souples, ceux où vous avez besoin d’une accroche exemplaire. Elle se destine aussi à ceux qui aiment ressentir le terrain, aux coureurs rapides, à la recherche d’un partenaire d’entraînement et de compétition hors-norme. C’est un modèle à posséder, en plus de ses chaussures de running plus classiques. Bref, c’est un joli,très joli, bijou.
Dans la même rubrique