
De la Sense Ride 2 à la Sense Ride 3. La diablerie de Salomon.
Par la rédaction, avec Jean-Paul Goutorbe et Gaël Couturier. Photos © Lacerations, Salomon.
Voici la géométrie de la Sense Ride 2
270g (H) et 240g (F)
Hauteur métatarse 19 mm (H et F)
Hauteur talon 27 mm (H et F)
Drop de 8 mm
130€ à l’origine. Était également disponible en version imperméable Gore-Tex. À voir si vous pouvez encore la trouver dans l’un de ces shops : https://enduranceshop.com/nos-magasins/
Voici maintenant la géométrie de la Sense Ride 3
280g (H) et 235g (F)
Hauteur métatarse 19 mm (H et F)
Hauteur talon 27 mm (H et F)
Drop de 8 mm
130€, également disponible en version imperméable Gore-Tex à 170€.
On ne teste pas des chaussures Salomon tous les jours. La marque créée en 1947 n’en finit pourtant pas de nous surprendre. La dernière chaussure testée dans nos colonnes était la Speedcross 5, un modèle pur trail running pour aller vite et tenir debout sur sentiers glissants, mais courts. La Sense Ride c’est autre chose. D’abord il y a le confort de la tige, sa souplesse, sa légèreté aussi. Et il y a l’amorti, plutôt épais et qui permet d’allonger les km. Enfin, on retrouve l’accroche d’une vraie traileuse, un Contagrip® dans la plus pure tradition de Salomon et dans les deux cas, un caoutchouc de semelle qui n’a peur de rien, ni de la pluie, ni de l’abrasion. Mais ne nous trompons pas : la Sense Ride, qu’elle soit l’ancienne version encore disponible à la vente ou la toute nouvelle version déjà sortie, est une chaussure de trail running qui emprunte beaucoup à nos chaussures de route. Explications, point par point pour vous #sauvages.
La tige
D’une version à l’autre elle est très différente. Celle de la Sense Ride 2 était certainement plus classique, à l’aspect moins futuriste. Par-pierre devant, renforts latéraux pour un meilleur maintien, coque talon rembourrée et chaussant d’un trait, sans coutures, façon chaussette. C’était la technologie SensiFit™ à l’extérieur, qui permet le maintien du pied bien au milieu de la chaussure quel que soit le terrain, et EndoFit™ à l’intérieur pour encore plus de douceur. Enfin, pour ne rien gâcher du plaisir qu’on peut avoir à chausser une Salomon, la technologie Quicklace™ n’était pas neuve mais fonctionnait toujours aussi bien : c’est elle qui permet de faire et défaire ses lacets facilement et de les ranger sagement dans la petite poche placée sur la languette. On dit « lacets » mais attention : il ne s’agissait pas de lacets comme les autres. Pas de lacets à la papa ici. Non. Les habitués de Salomon connaissent. Pour les autres, quelques précisions : il s’agissait en fait d’une petite corde en Kevlar hyper solide et franchement bien trouvée. Une énorme invention ! Celle-ci formait une boucle et vous n’avez donc pas à faire vos lacets mais simplement à tirer sur la pièce de plastique dure en haut de chaussure pour les serrer, et les desserrer. Ce système est en place depuis des années chez Salomon. Il n’a pas évolué mais on ne s’en plaint pas tant il fonctionne à merveille. Il est ainsi en place sur ces deux modèles quasiment à l’identique mais le lacet de la Sense Ride 3 est plus long. Trop long. Du coup, il ne se rentre plus aussi facilement dans la petite poche en filet de la languette. Ce n’est pas la fin du monde non mais on se demande bien pourquoi diable Salomon a modifié quelque chose qui fonctionnait terriblement bien. Hein, pourquoi ?
À l’intérieur de la chaussure, il n’y a pas énormément de changements entre le modèle Sense Ride 2 et Sense Ride 3 mais il y en a quelques-uns. La semelle de propreté en OrthoLite® n’est d’abord pas exactement la même : elle était coupée au mm près pour tenir parfaitement dans l’intérieur de la Sense Ride 2. Elle est désormais moulée directement selon la forme du chaussant interne de la Sense Ride 3 mais honnêtement nous n’avons pas vu de différence. Rappelons que le but d’une semelle en OrthoLite® est d’offrir à l’utilisateur un brin d’amorti et de douceur en plus, en prévenant de plus les échauffements. Est-ce que ça fonctionne ? Oui. Mais ça reste quand même un détail, ne nous le cachons pas. Un des intérêts de l’EndoFit™, la forme sans couture du chaussant que l’on retrouve donc sur la Sense Ride 3, c’est qu’on peut facilement porter la chaussure sans chaussette. Il faut en avoir l’habitude mais après tout pourquoi pas. La construction interne de ces deux Sense Ride fait que cela est tout à fait possible.
La vidéo suivante est en anglais mais présente l’avantage de vous montrer la chaussure Sense Ride 2 sous toutes ses coutures.
Ce que nous avions également noté sur la Sense Ride 2 c’était la capacité qu’avait la version non-imperméable à évacuer rapidement l’humidité. La chaussure était donc très respirante. Son mesh était stretch et recouvert de bandes de protection. Ce SensiFit™ permettait au pied d’être protégé sans être emprisonné. De ce point de vue, la tige de la Sense Ride 3 est tout aussi confortable. En revanche, Salomon a décidé d’intervertir ses couches externes et intermédiaires. On le voit nettement sur les photos, là où les renforts étaient très apparents sur la Sense Ride 2 (c’est le SensiFit™) , ils sont dissimulés sous un fin filet de mesh sur la version 3. C’est désormais l’Internal SensiFit™ qui se rajoute au SensiFit™ originel de la Sense Ride 2. Au pied, la différence n’est pas criante, si ce n’est que la chaussure nous a semblé un peu moins large à l’avant pied et au niveau du médio-pied. En gros : la chaussure tient encore mieux le pied, ce qui est très bien pour les pieds fins mais peut être gênant pour les pieds larges. C’est toutefois à confirmer pour tout à chacun en magasin. Retenez donc que toutes les technologies de tige se retrouvent sur la version 3 (EndoFit™, SensiFit™, Quicklace™ et OrthoLite®) mais avec de l’Internal SensiFit™ en plus.
La semelle intermédiaire
C’est LE gros morceau de cette chaussure et représente une évolution nette entre la Sense Ride 2 et la Sense Ride 3. Celle-ci nous semble très intéressante et nous allons vous l’expliquer.
Pour commencer à rendre hommage à ce modèle, notons que sa semelle intermédiaire, sur les deux modèles, est à la fois bien stable et bien amortissante. Sur la Sense Ride 2, on pouvait déjà taper fort, à la fois question distance et question puissance de frappe de la foulée sur le bitume ou les cailloux. La chaussure n’avait donc pas peur des poids plus lourds et de ceux qui recherchent un peu plus de fermeté sous le pied. Le procédé était appelé Vibe™, une appellation marketing joliment trouvée qui combinait en réalité les deux technologies suivantes : EnergyCell™ + et Opal. Elles allaient ensemble réduire les vibrations en interagissant l’une avec l’autre, et apporter un retour d’énergie plus intéressant que d’habitude. L’objectif c’était donc une fatigue musculaire réduite, et aussi un risque de blessure qui décroissait, même sur les longues distances. Notez que la technologie était sortie lors de la saison Sprint Summer 2017, et pour la première fois dans la chaussure nommée Sonic.
C’est ce qu’explique le bio-mécanicien de Salomon dans la vidéo suivante. On vous reproduit les grandes lignes juste en dessous.
Simon Bartold, c’est son nom, commence donc ici par expliquer que pas moins de 60% des coureurs du monde finissent par se blesser. La première raison qu’il invoque c’est le classique : « trop tôt, trop souvent, trop longtemps ». C’est le coureur débutant qui se prend pour un ultra runner sans les 10-15 ans de running derrière lui. Ne riez pas, on en connaît tous, chez les amateurs, mais aussi chez les élites qui enchaînent trop de courses LD sans se donner les moyens de récupérer ou même de progresser logiquement. Le bio-mécanicien explique ensuite que les déclencheurs de blessures sont principalement les chocs répétés ou les impacts, les accélérations impromptues et dangereuses (trop souvent, trop longtemps, trop répétées) et enfin les vibrations. Le chercheur avance aussi qu’avec le temps, à force de courir et d’avoir un corps qui s’adapte et répond naturellement aux vibrations, l’impact sur la fatigue musculaire en particulier et du corps dans son ensemble en général est réelle et non-négligeable. Par conséquent, apporter une aide pour limiter la fatigue c’est aussi avoir un impact positif sur les risques de blessures. C’est comme ça qu’est née cette technologie Vibe™ – couches d’EnergyCell™ + et d’Opal, deux couches insérées sous le talon et sous l’avant-pied. La première couche était une mousse insérée sur toute la longueur de la semelle et faisait effet d’amortisseur et de dynamisant (« high rebound and shock attenuation » en anglais). C’était une mousse résiliante comme on en trouve ailleurs, avec d’autres modèles d’autres marques. La seconde, l’Opal, était plus intéressante.
Entre ces deux chaussures, la technologie a évolué et celle à l’oeuvre sur la Sense Ride 3 est ce que la marque appelle désormais l’Optivibe™. Ce n’est pas un changement complet mais une évolution claire pour cette toute nouvelle technologie. En effet, là où l’Opal était insérée à deux endroits sur la Sense Ride 2, elle est désormais uniquement insérée sous le talon. La chaussure n’a d’ailleurs plus du tout le même look de semelle, c’est vraiment visible sur les photos. Le résultat, en test, c’est que la chaussure est légèrement plus lourde et que son amorti est légèrement plus souple. Ce qui n’est pas un mal franchement. Des tests américains en laboratoire indépendant ont ainsi trouvé que la chaussure Sense Ride 3 était très ferme sous les métatarses et même encore plus ferme sous le talon, sans toutefois avoir tellement de rebond ou de dynamisme, ce qui était inquiétant. Une fois chaussée, la nouvelle semelle intermédiaire de la Sense Ride 3 reste toujours bien ferme, comme l’était celle de la Sense Ride 2. OK. Très bien. Mais elle ne nous a pas semblé tellement manquer de dynamisme : la chaussure est certes bien amortissante sur terrain plat et clairement pas faite pour suivre Kilian Jornet ou François d’Haene mais elle fait preuve d’un excellent retour d’énergie dès que vous êtes en pente, en montée par exemple. C’est donc une aide bienvenue.
Pour finir sur cette semelle intermédiaire, on peut aussi annoncer que cette nouvelle Sense Ride 3 est une réponse claire à la tendance des chaussures longues distances grand public qui, chez de plus en plus de marques, n’hésitent pas à avoir une semelle intermédiaire plus « oversize ». Pour finir sur les comparatifs de cette semelle, notez que la fine plaque de protection qui faisait office de « rock plate » sur la Sense Ride 2, le Profeel Film, est encore bien présent sur la Senre Ride 3. C’est utile et rajoute au confort de l’ensemble si vous aimez les chemins pleins de cailloux.
La semelle externe
Kilian le dit sur la vidéo du dessus : « le grip ce n’est pas seulement la vitesse, c’est aussi la sécurité ». Il a bien résumé. Sur la chaussure Sense Ride 2, la sécurité était le fait du caoutchouc Contagrip®. Le Contagrip® n’était pas une nouveauté, loin de là, mais il avait fait ses preuves d’accroche et de résistance sur à peu près toutes les surfaces. Ses crampons étaient intelligemment placés, l’espace entre chacun évitait l’accumulation de terre ou de boue, et leur taille permettait aussi toutes les folies : ni trop grands, ni trop petits. La perfection faite Salomon en fin de compte.
D’autant que la semelle était aussi composée de caoutchouc de différentes densités : plus dure aux endroits où vous risquez de davantage user la semelle (généralement aux contours de la chaussure), plus souple là où vous avez plutôt besoin de plus de souplesse et d’accroche (généralement au centre de la chaussure). Il faut dire que la R&D de Salomon est une des plus importantes et des plus efficaces au monde. Le temps passé, les feebacks des champions qui ont tout gagné dans les courses de trail running à travers le monde, et l’importance des moyens financiers mis dans la R&D ne doivent pas surprendre. Salomon est très très fort dans ce domaine. De fait, la semelle externe de la Sense Ride 2, pourtant une vraie chaussure de trail, ne nous avait pas gêné du tout sur la route. Quant à la semelle externe de la Sense Ride 3, elle est aussi très accrocheuse et ne gêne pas non plus sur les portions de route. Normal, c’est exactement la même que sur la version 2.
Conclusion de la Sense Ride 3 : Une nouvelle chaussure plus complète, plus aboutie qui fera l’unanimité chez les débutants en trail running comme chez les adeptes des très longues distances, même si le chaussant est un peu moins large. Si l’amorti reste ferme, la chaussure est si confortable qu’elle ne redoute pas les parties bitumées.
Les plus de la Sense Ride 3 : Le confort interne et l’amorti en font un jouet extrêmement grisant
Les moins de la Sense Ride 3 : les lacets, le poids (car c’est une chaussure somme toute un peu lourde).
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