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Le Bélize, ses plages, sa mer des Caraïbes, ses requins, ses serpents, ses fauves et ses sangsues.

Par la rédaction. Photos © Shirley Thompson

Le Jungle Marathon n’existe plus. Non. #tristesse. Il a été supprimé il y a un an mais, si les demandes de participants volontaires sont conséquentes, il pourrait bien entendu refaire surface. Car sa fondatrice, la solide mais frêle irlandaise Shirley Thompson, 60 ans, a plus d’un tour dans son sac. Elle vient en effet tout juste de lancer une épreuve visiblement encore plus difficile, une sorte de stage de survie en pleine jungle d’Amérique Centrale, au Belize précisément. Le Belize, c’est cette ancienne colonie du Royaume Uni, petit pays paradisiaque mais à la jungle redoutable, entre l’équateur au Sud et le Tropique du Cancer au Nord. Cette description carte postale ne sera d’aucune utilité pour les participants de cette course à pied d’un nouveau genre, car ils seront confrontés à ce que la jungle équatoriale fait de mieux : fauves, serpents, insectes, sangsues, parasites et autres bactéries parfois mortelles. Et oui. Car dans la jungle, le vrai danger vient surtout des infiniment petits. Bref, que du plaisir pour des coureurs à pied aventuriers et aguerris qui aiment le risque et ne voient pas d’inconvénients à une intense rusticité. La course s’appelle sans équivoque : Escape from the jungle. Ou comment faire pour s’échapper (et survivre) à la jungle. Tout un programme ! Explications. 

À ce jour, le projet de Shirley Thompson est en pleine éclosion. Peu d’infos sont en effet disponibles sur le site web de l’épreuve qui vous ramène encore au Jungle Marathon. Tout ce que nous savons, et tout ce que vous pourrez trouver sur le net, en dehors du fait que Belize est frontalier de la pointe Sud-Est du Mexique et du Guatemala, à l’Est, est ici : dans l’interview ci-après. Ne cherchez pas, vous ne trouverez rien d’autre. C’est donc pour nous l’occasion d’un premier rendez-vous qui va faire mijoter les neurones et l’imagination des plus téméraires et des plus dingos d’entre nous (on en connaît). Nous reviendrons ensuite dans quelques semaines avec une seconde interview. Celle qui suit est une introduction. Ça devrait faire le tri entre les potentiels coureurs intéressés et les autres.

Le Blog Endurance Shop : Shirley, merci de nous accorder la primeur de vos infos. Rappelez-nous d’abord comment vous est venue l’idée de votre première course, le fameux Jungle Marathon, une course très difficile, par étape, au Brésil, dans cette forêt amazonienne mythique. Je crois que c’est votre ancien mari, un légionnaire français stationné au 3ème REI, qui vous avait donné l’idée non ? Précision que le 3ème Régiment Etranger d’Infanterie a pour mission de protéger les installations spatiales de Kourou en Guyane et lutter contre l’orpaillage clandestin mais aussi encadrer les stages de survie jungle de l’armée française qui sont réputés dans le monde entier.
Shirley Thompson : J’étais mariée à un légionnaire il y a de nombreuses années, c’est vrai, mais il n’a jamais été investi dans le Jungle Marathon à proprement parler. À l’époque, quand j’ai créé le Jungle Marathon, il n’existait pas de course à pied dans la jungle à travers le monde. Cela ne se faisait tout simplement pas. C’est pourquoi j’ai cherché à créer un vrai challenge physique qui mélange course à pied et environment naturel absolument magique.

Escape from the jungle
Escape from the jungle

Le Blog Endurance Shop : Vous avez organisé la course pendant plusieurs années et puis vous avez arrêté ?
Shirley Thompson : C’est ça : j’ai organisé cette course, le Jungle Marathon, année après année pendant 14 ans et puis j’ai arrêté. Mais c’est plus une pause, pour faire autre chose et prendre du recul, qu’un arrêt total, définitif. Pour l’instant, je souhaite me concentrer sur cette nouvelle course.

Le Blog Endurance Shop : Et elle s’appelle « Escape from the jungle » donc. Un nom qui en dit long. Dites-nous pourquoi vous changez de pays : après avoir organisé le Jungle Marathon pendant 14 ans au Brésil, vous vous lancez maintenant au Belize. Mais vous aviez aussi essayé de lancer une édition du Jungle Marathon au Vietnam je crois. Alors pourquoi le Belize ?
Shirley Thompson : Le Belize est un pays merveilleux, pacifique, paradisiaque, avec une très grande variété de terrains : de la forêt vierge, des montagnes, de l’eau, des lacs et, bien sûr, la mer des Caraïbes. C’est donc le terrain de jeu idéal pour une course aventure difficile. C’est aussi une destination très accessible en terme de voyage. Et puis c’est un changement pour moi et tout changement est bon à prendre !

Le Blog Endurance Shop : D’accord mais quel est le concept de la course exactement ? Dans un échange d’emails que nous avons eu ensemble, vous nous disiez : « a stage race in an extreme environment is soooo last year », ce qui peut se traduire, en gros, par : « les courses à étapes dans un environment extrême sont désormais has-been ».
Shirley Thompson : Oui, c’est exactement ce que je pense. Je maintiens que c’est un concept dépassé, un concept très « année dernière ». Organiser une course à étapes en auto-suffisance c’est quelque chose qui est devenu très banal. Ce n’est pas nouveau, on est bien d’accord. Quand j’ai démarré le Jungle Marathon, là, c’était une aventure excitante car, je le répète, à l’époque, très peu de ces courses-là avaient embrassé ce concept de l’auto-suffisance. Mais aujourd’hui, ce type de courses pullule et ce ne sont plus les expériences d’une vie qu’il faut avoir fait une fois. À l’inverse, il n’existe rien comme “Escape from the Jungle”. C’est vraiment nouveau ! Vous savez, j’étais la pionnière dans les courses de jungle et il est temps pour moi de me réinventer, de proposer à nouveau quelque chose de totalement nouveau.

Escape from the jungle
Escape from the jungle

Le Blog Endurance Shop : Il y a aujourd’hui des courses de très grande qualité du point de vue de l’organisation, le Marathon Des Sables est un bel exemple, souvent critiqué car son prix est élevé mais c’est un voyage au sens large absolument exceptionnel. Mais ce n’est pas une course dans la jungle. Bon, mais alors parlez-nous maintenant plus précisément de votre course “Escape from the Jungle”. De quoi s’agit-il ?
Shirley Thompson : C’est une épreuve de survie. Le concept est simple : les compétiteurs apprennent des techniques de survie en jungle pendant une semaine avant la course et les reproduisent après, pour s’en sortir, pendant la course. On démarre donc le voyage par 6 jours d’entraînement intensif en pleine jungle. Ce n’est ni plus ni moins qu’un cours de survie de jungle. Les concurrents vont apprendre comme survivre dans cet environment à priori hostile : comment récupérer de l’eau potable, comment se procurer de la nourriture, mais aussi comment se construire un abri, comment s’orienter et donc, finalement, comment rester sain et sauf en jungle. À la fin du stage, chaque participant va passer la nuit dans la jungle, tout seul, ce qui va nous permettre de les évaluer tous et de voir ceux qui sont prêts à faire la course, ou pas. On veut voir comment ces personnes se débrouillent seuls en forêt avant de les lâcher complètement. C’est donc le lendemain que démarre vraiment la course, en individuel ou en équipe. On les emmène dans différentes parties de la jungle et ils doivent rejoindre l’arrivée. Bien sûr il y a des points de passage imposés mais c’est à eux de faire leur route pour y arriver. Je pense qu’un coureur à pied aura quelques avantages par rapport à un non-coureur mais ça ne suffira pas car, vous l’avez compris, cette course c’est bien plus que du pur running.

Le Blog Endurance Shop : Ah oui, c’est intense quand même votre truc ! Bon et si vous deviez donner quelques conseils vous diriez quoi ? On aimerait bien comprendre ce qui va faire la différence entre quelqu’un qui finit la course et un type ou une nana qui finit DNF, autrement dit qui abandonne.
Shirley Thompson : C’est simple : bien écouter pendant les cours de survie pour être capable de reproduire pendant la course. Se souvenir également que la ténacité mentale représente 70% de ce qu’il faut pour finir une course comme celle-là. Si vous n’avez pas cette force mentale, peu importe que vous soyez un super coureur à pied ou pas. Votre potentiel physique ne suffira pas.

Escape from the jungle
Escape from the jungle

Le Blog Endurance Shop : Vous savez, les photos et le texte qui accompagnent votre pitch sur Internet est assez flippant. On a quand même un peu l’impression que les gens pourraient prendre de vrais risques. Quels sont les mesures de sécurité que vous prendrez et est-ce les gens peuvent vraiment vous faire confiance pour les ramener sain et sauf à la maison s’il se passe quelque chose de grave ?
Shirley Thompson : N’importe quel environment est potentiellement hostile. Nous avons toujours tout fait pour réduire les risques sur le Jungle Marathon et cette course ne dérogera pas à la règle. Sur Escape from the Jungle, notre boulot c’est d’entraîner les gens, et de les évaluer avant de les relâcher dans la nature. Bien sûr, pendant la course, on les suivra, on fera attention à eux. Nous aurons un bon staff médical et des équipes d’évacuation sanitaires si besoin. Maintenant, c’est aussi aux compétiteurs de faire le boulot et de ne pas être négligents avec une course comme celle-là. Je vous donne un exemple : ne pas chercher à avancer de nuit quand les fauves et autres prédateurs sortent pour chasser, s’hydrater. Il faudra bien entendu jouer la sécurité en premier.

Le Blog Endurance Shop : Quelle a été la pire condition dans laquelle s’est retrouvé un participant à l’un de vos Jungle Marathon justement ? C’est pour donner une idée de ce qui peut arriver quand on est pas préparé ou qu’on fait des grosses erreurs.
Shirley Thompson : Nous avions un staff de 200 personnes, avec plus d’une douzaine de médecins, 12 secouristes brésiliens et 24 militaires rompus au combat de jungle et donc capables d’intervenir n’importe où pour secourir les gens si besoin, sans compter les centaines de villageois qui étaient tous bien entendu au courant de la course que nous organisions et qui connaissaient la région mieux que quiconque. On avait donc pris de vraies belles mesures de sécurité. Cela étant, nous avons en effet eu quelques concurrents qui ont voulu pousser la machine plus qu’ils n’auraient dû pendant les premiers jours de courses et dont les températures corporelles sont vite montées dans les tours. Nous avons dû les évacuer à l’hôpital grâce à nos bateaux ambulance sur les cours d’eau. Ils y sont restés plusieurs jours sous surveillance intensive. Mais ils ont fini par complètement récupérer et n’ont pas subi de séquelles. Suite à cela, nous avons imposé 15 min de repos à chaque checkpoint pendant les deux premières étapes pour donner la chance aux gens de faire baisser un peu leur température corporelle. Une fois de plus : ce qui compte c’est la sécurité. Le chrono, le classement, ça vient après. Cette nouvelle course ne sera pas différente. La sécurité des compétiteurs est notre priorité numéro un.

Escape from the jungle

Le Blog Endurance Shop : On se demande quand même ce qui vous motive, vous, Shirley Thompson à organiser ce genre d’épreuves hors-norme qui vont sans doute faire peur à la plupart des gens.
Shirley Thompson : J’aime simplement créer des concepts nouveaux. Et puis un peu de folie dans nos vies bien souvent si rangées ça fait du bien et c’est très positif !

Le Blog Endurance Shop : D’accords mais pourquoi êtes-vous tellement intéresseé par l’élément jungle ? Qu’est-ce qui vous plaît tant que ça dans la forêt tropicale où la pénétration humaine est très difficile ?
Shirley Thompson : Pour moi la jungle est un environment magique. Il y a toujours, je pense, un certain mystère qui entoure les jungles. C’est peut-être dû à cette canopée, souvent fermée et qui fait que seulement 10% de la luminosité parviennent jusqu’au sol. Il y a, pour moi, comme un monde secret qui se cache sous cet étage supérieur de la forêt. Cela m’intrigue. Cela étant, j’aime aussi les déserts et les océans. Je suis quelqu’un de fasciné par les merveilles de la nature en général, pas juste celles des jungles.

Le Blog Endurance Shop : Oui, d’ailleurs vous êtes tellement attirée par les océans que vous avez récemment essayé d’en traverser un à la rame. C’était là : http://www.shirlsatlanticrow.com/ Mais vous avez failli y rester ! Petite question provocante : vous croyez que les hommes sont généralement plus aventureux que les femmes ou pas ?
Shirley Thompson : J’adore me tester ! Mon défi de traverser l’océan Atlantique à la rame, des Canaris aux Caraïbes s’est arrêté précipitamment et tristement à cause d’une négligence de l’armateur qui m’a loué le bateau. Je me prépare aussi pour un prochain départ. Car je ne vais pas abandonner. Pour répondre à votre question, je pense que les femmes ont tout autant le goût de l’aventure que les hommes et, en ce qui me concerne, je suis toujours super excitée quand je vois qu’elles réalisent leurs rêves.

Le Blog Endurance Shop : Pardon Shirley Thompson mais la course en elle-même, une fois les 6 jours de stage de survie passée, elle dure combien de temps, il y a combien de km à parcourir ?
Shirley Thompson : Ah oui, pardon, nous n’en avons pas parlé en effet. La longueur ? 200 km, environs. Parce que ça dépend bien sûr de l’itinéraire qu’ils choisissent….

Le Blog Endurance Shop : Ah oui quand même. 200 km au minimum donc. Ça promet votre truc….À bientôt Shirley Thompson !

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