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Texte François-Xavier Gaudas. Photos FX Gaudas, Columbia Montrail.
323g (H) et 269g (F). Hauteur talon de 18 mm, hauteur avant-pied / métatarses de 10 mm. Drop de 8 mm. 139,95€.
Je ne vais pas ici vous récapituler toute l’histoire du rapprochement entre Columbia et Montrail, fait lors de mon article précédent sur la Caldorado™ II, version spéciale UTMB. Je vais juste rappeler que Columbia est propriétaire de Montrail depuis 2006 et que Montrail est cette petite marque de chaussures de trail née au début des années 80 en Californie du Nord et qui aurait pu à l’époque être la Altra ou Hoka One One d’aujourd’hui, les deux leaders du marché en terme de choix des spécialistes de trail running….mais qui ne l’a pas été. Passons. Disons que la F.K.T Trans Alps dont je vous parle aujourd’hui est, comme sa petite sœur la Caldorado™ II, version spéciale UTMB, toute autant vêtue de jaune. Un mot sur le nom F.K.T : il signifie « Fastest Known Time » et renvoie à ces courses non-officielles qui ont la côte ces derniers temps aux USA et ailleurs et qui consistent à tenter un record sur un parcours connu, souvent de randonnée.
Les conditions de ce test furent à peu de choses près les mêmes qu’avec les Caldorado™ II pré-citées. De manière quasi-quotidienne, pendant 5-6 semaines sur des sentiers de forêt d’abord, pour les assouplir un peu, et puis en montagne, dans les Alpes et au Pérou pendant mes vacances d’été. Il s’agissait de terrains très techniques, bourrés de racines, de pierriers et avec un peu de dénivelé, mais pas trop : 500 m D+ par sortie environ. Avec un nom bien orienté ultra-trail de montagne et un look très pick-up trucks, je m’attendais à du costaud, un truc parfait pour ma préparation CCC – à Chamonix le 1er septembre – 101km, 6100m D+. Voir la vidéo suivante.
La Tige
Son look est imposant, digne des meilleurs pick-up trucks américains du moment, la marque Ram en tête (propriété de FCA US LLC pour les connaisseurs). Pas d’estampillage UTMB cette fois-ci mais une vraie volonté de faire une chaussure de montagne à toute épreuve. Un gros 4X4 quoi. Premier point notable : ces F.K.T sont moins confortables que les Caldorado™ II. Elles restent agréables aux pieds mais je les trouve plus rigides, un peu comme si vous passiez de l’amorti New Balance Fresh Foam qu’adore mon camarade Gaël Couturier à la plaque d’amorti des Mizuno d’il y a 10 ans. C’est pour le moins très différent. Pas de surprise du côté de la construction de cette tige toutefois : c’est du sans couture de A à Z. Point important pour l’été : l’air circule bien à travers le mesh de cette chaussure.Il sèche donc vite même lorsque l’on met le pied dans l’eau et donne l’impression de courir avec une fenêtre ouverte sur le côté du pied, un régal quand le thermomètre atteint des sommets.
Les panneaux maillés gris lui donnent en effet un côté clim’ bien efficace qui en ferait presque oublier son gabarit et son poids : plus de 320g ! C’est quand même lourd lourd et lourd quand on parle de running, même en trail. Un bémol à toutes ces ouvertures toutefois : il se peut que de petits cailloux pénètrent ce mesh. Ça m’est arrivé. La toebox est plus large que sur la Caldorado™ II. La hauteur du collier est quant à elle très bien réglée : pas de frottement de la malléole ni de pression inutile du pied. Côté protection maintenant, c’est Godzilla en bout de pied ! On se sent très bien protégé grâce au pare-pierre hyper efficace. Pour un peu, vous écrasez toutes les souches d’arbre se dressant sur votre passage. J’exagère. Dernier point : j’ai eu un léger problème de serrage avec le dernier oeillet des lacets (voir série de photos suivantes). Je ne l’ai pas trouvé bien placé : soit c’est trop serré soit c’est trop lâche. Du coup je ne l’ai pas utilisé, ce qui ne m’a finalement pas gêné outre mesure dans mes expérimentations.
Semelle intermédiaire
Comme sur la Caldorado II, la semelle de la F.K.T Trans Alps est faite en élastomère polyoléfine (POE), une mousse réactive et présente tout le long de la chaussure. La marque annonce une semelle dotée de la « technologie » FluidFoam, censée apporter « un amorti, une souplesse et un maintien exceptionnels ». De ce côté-là, je n’ai effectivement rien à redire, la chaussure encaisse très bien les chocs et en protège les articulations. Les changements brusques de direction ne donnent pas lieu à des pertes d’adhérence ou de contrôle mais se font de manière moins fluide et souple qu’avec les Caldorado II, sans doute à cause de l’imposante semelle externe de ce modèle.
Très vite, on se rend compte que ces F.K.T sont davantage à réserver à un usage rando-trail que pure vitesse. Pour un coureur cherchant avant tout à terminer son UTMB ou son Grand Raid de la Réunion, et qui va très vite se retrouver dans le dur et marcher plus que réellement courir, elles sont donc idéales. Etonnamment, ce modèle est relativement proche du sol (8mm de drop), ce qui est plutôt généralement l’apanage des modèles de vitesse. A noter que la semelle est également dotée d’une plaque de protection nommée TrailShield qui offre une excellente protection sans toutefois avoir l’impression de courir en chaussures de rando. Je le répète : même si ces chaussures ne seront jamais les premières de la classe en ce qui concerne la vitesse et le dynamisme, elles restent agréables pour courir et alterner les changements de rythme sur les terrains les plus difficiles. C’est une chaussures que je recommanderais aussi à celui ou celle qui veut se lancer sur un gros Tor des Géants par exemple. Vous voyez le genre.
Semelle externe
Après une semelle intermédiaire qui protège très bien le pied, voici l’autre très gros point fort de ce modèle. Les crampons de la Caldorado™. II m’avaient en effet bluffé par leur qualité et leur fiabilité mais alors là…je reste sans voix ! Sur la F.K.T ! Plus longs et surtout plus agressifs dans leur répartition en mosaïque reconnaissable parmi 1000 autres, ces crampons ont une adhérence encore meilleure : roche humide ou boue, ils ne vous laisseront jamais tomber ! J’ai pu lire chez certains collègues anglo-saxons que l’accroche sur la neige glacée était avec cette chaussure également digne de chaînes à neige pour pneus de pick-up trucks mais là, vous m’excuserez, en ces chaleurs estivales bien agréables, je n’ai pu tester moi-même ! Là encore, ce système de protection externe est à double tranchant : s’ils sont hyper protecteurs et hyper solides, ces crampons ne permettent pas d’être aussi réactif et agile qu’avec une Caldorado™ II. Par contre, sur les sentiers techniques, la chaussure fait le boulot !
Au delà de l’accroche pure, la pose de pied est également rassurante : là encore je vous renvoie à ma vidéo plus haut. Aucune mauvaise torsion de cheville pour ma part, même en fonçant en descente comme vous pouvez le voir, alors que j’ai les chevilles fragiles, limite marshmallow-esque. Le manque de souplesse de ces F.K.T est donc ici et paradoxalement un bon point car la taille, la construction et le poids de la chaussure vous empêcheront d’aller trop vite et donc de multiplier les chances de vous retrouver avec des appuis bancales. Je pense donc qu’il faut chercher à dépasser ses a priori, un peu comme pour la Brooks Transcend qui est un modèle route. Car après tout, ces pick-up trucs qui ont un look de char d’assaut sont finalement beaucoup plus souples et confortables qu’ils n’y paraissent à première vue.
Niveau durabilité, vous vous en doutez : impossible de déchirer ces crampons ou alors en marchant sur des pierres très chaudes en grimpant un volcan en éruption…pendant une semaine, en non-stop. Non, franchement, c’est du très très costaud. Rien à dire. Beau travail.
Conclusion
S’il est un peu facile de trouver certains petits défauts à ce nouveau modèle poids lourd, on comprend vite en l’essayant qu’elle va devenir une valeur sûre pour la pratique du trail running engagé sur terrains difficiles et sur longues distances. De là à dire qu’Hoka One One, Altra et Salomon ont du soucis à se faire pour leurs jolis sièges de sénateurs & leaders du marché, ce n’est pas sûr, pas encore du moins.
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