
À qui s’adresse vraiment la Bondi 6 d’Hoka One One ?
Par la rédaction, avec Gaël Couturier. Photos © Hoka One One, Lacerations.
Bondi 6
289g (H) et 215g (F).
Hauteur talon de 42,4 mm (H) et 38,4 mm (F)
Hauteur métatarses de 32 mm (H) et 30,4 mm (F)
Drop de 10,3 mm (H) et 8 mm (F)
140€.
La Bondi 6 ne déroge pas à la règle des versions précédentes : c’est la chaussure la plus amortissante de la gamme route du fabricant franco-californien et certainement l’une des chaussures les plus douces au pied du monde. Si si : du monde. Car ce qui fait sa force, c’est bien entendu cette semelle intermédiare extraordinairement imposante, plus épaisse que n’importe quelle autre sur le marché. Mais sa tige ne manque pas non plus de vitalité. Voici donc une chaussure pour coureur à la recherche de confort, de souplesse et d’aide à parcourir tout type de distance à une vitesse pas trop élevée. Ce qui est quand même le cas de la majorité d’entre nous plusieurs fois par semaine.
La tige
Commençons par le positif sur ce premier élément : cette tige est très respirante. Testée ces jours-ci sous le cagnard méditéranéen, elle ne nous a posé aucun problème. Les aérations sur le dessus du pied mais surtout celles qui sont sur les côtés fonctionnent à merveille. Le mesh est respirant par nature mais il est aussi agrémenté de ces 10 aérations supplémentaires qui s’avèrent très utiles. La construction de cette tige dans son ensemble n’a rien de très spectaculaire. C’est simple mais précis, doux et efficace. À l’arrière, la coque du talon au niveau du contrefort est bien prononcée, ce qui permet de bien caler le pied au fond de la chaussure. Mais là encore, rien d’anormal, rien de révolutionnaire. C’est classique. Les lacets sont solides, ils ne se défont pas. La languette est d’épaisseur moyenne, le collier de cheville est agréable et les matières utilisées (le lycra notamment) sont nobles, fiables, résistantes et douces. Pas de frottements désagréables, pas d’échauffement à déplorer. RAS.
Et pour ne rien gâcher, la chaussure est bardée de bandes réfléchissantes. Elles sont placées à 360° tout autour du pied. Autant dire que de ce côté-là, vous serez en sécurité. Pourquoi tant de bandes réfléchissantes franchement ? Sans doute parce que, nous allons le voir, la chaussure est si protectrice en semelle qu’elle peut vous emmener jusqu’au bout de la nuit, sur des épreuves qui démarrent de jour mais se prolongent jusque tard dans la nuit. Car la Bondi 6, ne vous y trompez pas, est avant-tout une chaussure pour faire de longues distances, des entraînements plutôt lents et à rallonge, type sortie longue du dimanche matin, sortie de récup’ après un gros rendez-vous, le marathon que vous attendez avec impatience, voire le 100 km des familles pour les plus timbrés d’entre-vous et nous (n’est-ce pas François-Xavier Gaudas ?).
Non, vraiment, le seul petit bémol de cette tige, mais c’est un phénomène récurrent chez Hoka One One dont nous avons souvent parlé, c’est son étroitesse au niveau des métatarses. C’est un problème de tige, oui, mais c’est aussi un problème de construction de la semelle intermédiaire (siège bacquet siège bacquet…voir plus bas). Et quand on dit problème, ce n’est en réalité pas le bon mot. La chaussure accommodera en effet très bien les pieds qui ne sont pas les plus larges. Pieds fins et pieds de largeur normale, ne craignez donc rien. Cette construction en siège bacquet vous ira très bien. Toutefois, comme on vous le dit souvent : rien ne remplace pour vous l’essai grandeur nature en magasin.
La semelle intermédiaire
Elle impressionne et se place en haut de l’échelle des semelles Hoka One One en termes d’épaisseur. Plus épaisse qu’une Clifton 6 ou qu’une Gaviota et autres Arahi 3, elle demande donc un poil d’adaptation. Ça peut prendre plusieurs jours, plusieurs sorties. Vos mollets vous remercieront. Et le jeu en vaut la chandelle. C’est vrai. Mais mettons tout de suite un stop aux idées reçues : le pied ne s’enfonce pas dans cette semelle 100% EVA (Ethylene-Vinyl Acetate) sans en ressortir, comme si vous étiez dans du chewing-gum. Alors oui, bien sûr, on ne peut pas prétendre que la chaussure possède un dynamisme exceptionnel. Non.
Sa conduite est douce, et un peu lente comparée à des chaussures pour faire des plus petits kilométrages plus rapidement. D’accord. Ce n’est donc pas la chaussure idéale pour performer sur un 10 km mais après tout, ce n’est pas ce qu’on lui demande. Des modèles tels que les Carbon X et la Tracer 2, voire également la toute nouvelle Rincon sont là pour ça si vous aimez Hoka One One. Ce qu’amène la Bondi 6 c’est tout à fait autre chose. C’est une sécurité, une garantie de vous aider à pousser plus et plus longtemps, sans vous faire mal, comme nous l’expliquons bien dans la vidéo suivante.
Pour ce à quoi se destine la chaussure, cette épaisse semelle n’a que des avantages. Si ce n’est son étroitesse qui tient à sa construction unique en siège bacquet : le pied est calé à l’intérieur de la semelle, plus profondément que ne laisse transparaitre la chaussure à l’extérieur. C’est normal, pas de panique. On aime, ou pas, selon la forme de son pied (les pieds plus larges n’aimeront pas) mais la bonne nouvelle est qu’il existe une version « wide » sur ce mdèle, autrement dit un modèle plus large à ce endroit justement. Nous n’avons pas testé. Pour finir sur ce point, ajoutons que la forme de cette semelle ne manque pas de rocker, la fameuse forme en banane qui permet un déroulé du pied plus fluide, et que le talon biseauté sur chaque bord externe accentue encore l’effet. Cela permet de compenser un peu cette drôle d’épaisseur de semelle.
La semelle externe
C’est sans doute la vraie nouveauté de ce modèle. Elle est désormais presque inexistante, du moins quand on se réfère aux chaussures de running classiques. Ce n’est pas du tout gênant étant donné qu’on use sur la durée souvent plus rapidement sa tige ou sa semelle intermédiaire que sa semelle externe. À quoi ça sert d’avoir si peu de semelle externe ? À gagner du poids. Rien de plus. Grâce à cette très fine semelle, le poids de ce modèle est particulièrement bluffant. 289g pour les hommes et 215g chez les femmes. C’est beau. Ajoutez à cela une accroche très sérieuse – notre petit test sur sentier ne nous a pas déplu sur ce point – et vous aurez une semelle externe des plus modernes. La semelle externe de cette Bondi 6 prouve pour nous qu’il faut désormais compter sur des semelles externes de moins en moins épaisses et dures, du moins sur les modèles de route.
Selon nous, c’est un phénomène qui va s’étendre et qui est déjà à l’oeuvre chez d’autres marques dont certains modèles de semelles sont bien épais, Altra par exemple. Bien sûr que la mousse EVA de la semelle intermédiaire de cette Bondi 6 va s’user au fil des mois. Bien sûr. C’est normal. Mais d’abord vous en avez quand même une sacrée épaisseur sous le pied. On ne peut que le reconnaître. Et puis ensuite, cette mousse n’est pas particulièrement fragile. Du tout. Chapeau Hoka.
Conclusion
Visuellement, la chaussure est épaisse. Et large. Ça peut éventuellement dérouter, même si franchement on voit de plus en plus de ces modèles à semelle oversize (sans parler des pieds de canard d’une autre marque qu’on aime bien : Alra). Mais si vous faites l’effort de dépasser ce premier sentiment sur la Bondi 6, vous mettrez le pied dans une chaussure ultra-confortable, certainement l’une des plus confortables que vous n’ayez jamais essayés. Pourquoi une telle épaisseur de semelle ? Vous avez vraiment besoin qu’on vous le réexplique ? C’est pour vous protéger. Coureurs lourds, allez-y donc les yeux fermés. Les autres, si vous êtes à la recherche d’une chaussure protectrice pour faire des longues distances, à l’entraînement comme en compétition, cette Bondi 6 est une très bonne affaire.Une excellente affaire même.
Les + : la respirabilité, l’amorti, la protection, la durée de vie.
Les – : le look paquebot, le prix.
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