
Hoka One One Speedgoat 3. Karl Meltzer toujours aux manettes.
Par la rédaction, avec Julie Brown et Gaël Couturier. Photos & vidéos © Hoka One One, Lacerations
292g (H) et 258g (F)
Hauteur talon 32 mm (H et F)
Hauteur métatarses 28 mm (H et F)
Drop 4 mm (H et F)
140€.
La Speedgoat est une des chaussures d’Hoka One One, la marque franco californienne, dont nous avons le plus parlé. C’est normal, c’est non seulement un de leurs modèles phares et versatiles – la chaussure est née en 2015 – mais c’est aussi l’un de leurs modèles parmi les plus mythiques. Inventée pour l’ultra trailer américain de 51 ans Karl Meltzer surnommé « speedgoat » dans le milieu (littéralement « chèvre rapide »), ancien barman qui a inspiré toute la nouvelle génération de coureurs à pied américains, la Speedgoat est donc un pro model à l’américaine qui joue à la fois sur sa semelle très accrocheuse, son mix amorti/dynamisme et sa tige en nylon extrêmement bien renforcée. Cette nouvelle version s’annonçait toujours aussi confortable, surtout si vous avez le pied fin (on y reviendra) et ne recherchez pas un drop trop important. Car ce 4 mm est un record chez Hoka One One dont le drop ne descend généralement pas en dessous de 5 mm.
Pour les plus curieux d’entre vous, les geeks et les nerds du matos de running, voici ce que nous en avions dit par le passé : https://leblog.enduranceshop.com/hoka-one-one-speedgoat-2/
Question géométrie, le modèle d’avant n’était pas très différent, juste moins lourd et 1 mm de drop en moins : 278g (H) et 245g (F). Hauteur talon de 32 mm, hauteur avant-pied / métatarses de 27 mm et drop de 5 mm pour les hommes et les femmes. Alors quoi, qu’est-ce qui change ? Et bien la marque annonce une nouvelle protection au talon et une tige « revisitée » qui devrait nous protéger davantage, notamment en termes de « stabilité latérale ». Voyons ça.
La tige
On démarre en douceur avec le mesh (on le retrouve sur d’autres modèles Hoka One One, même des chaussures de route, comme la Bondi 6 par exemple). Il est léger, respirant et « engineered » comme disent les américains c’est à dire qu’il a été conçu intelligemment, spécifiquement, délicatement. Bon, on en arrive à parler des renforts qui, forcément, le mesh étant quand même pas mal recouvert, bloquent un peu l’aération de la chaussure. On ne peut pas tout avoir. Ici, Hoka One One a privilégié le maintien du pied dans la chaussure. Pourquoi ? Parce que c’est un modèle performance qui est aussi fait pour les longues distances et les terrains accidentés. La protection est donc son atout principal. Pas de panique, la chaussure respire tout à fait normalement mais ce n’est sans doute pas celle qui répondra le mieux en cas de grosses grosses chaleurs, surtout si vous y rajouter de l’humidité.
Que font tous ces rajouts, ces protections ? Elles ont un rôle essentiel : non seulement empêcher tous les débris du terrain et la poussière ou le sable de rentrer dans la chaussure par le mesh mais surtout, surtout, vous scotcher le pied dans la chaussure, au niveau du médio-pied, éviter les mouvements involontaires et dangereux pour vos chevilles. De ces renforts, il y en a devant, derrière et de chaque côté. Mais les plus intéressants sont clairement ceux qui partent de la semelle intermédiaire et vont se loger jusque dans les oeillets des lacets. À ce petit jeu, même la languette a été doublée par un feutre léger très agréable au toucher (bon, OK, ça ne sert à rien mais c’est quand même joli). En revanche, à l’intérieur, la languette est rattachée des deux côtés mais pas sur toute sa longueur. Ça donne une impression de ceinture de sécurité, et c’est voulu. Plutôt malin ce truc. Revenons aux renforts : le résultat de ces renforts est légèrement différent car si le pied était déjà très bien tenu dans la version 2, il l’est un petit plus ici dans la version 3. Cela ne veut pas dire que la chaussure est plus serrée, qu’elle accommode mieux les pieds fins (nous allons d’ailleurs revenir sur ce point), non. Cela veut juste dire qu’elle vous permet d’encore mieux contrôler la chaussure avec le pied. Ce n’est jamais un mal.
Sur ce sujet de la place que la chaussure laisse à l’intérieur pour le pied. La Speedgoat n’est pas une chaussure pour pieds larges. Nous nous en étions déjà plaints. Mais il est vrai qu’Hoka One One a (légèrement) cherché à faire des efforts ici dans ce domaine. On n’est pas encore chez Altra bien sûr mais c’est un tout petit mieux. Cela se ressent donc surtout au niveau des orteils. Bon. Question solidité de la tige, là aussi Hoka One One a fait un net effort : c’est plus solide. Autrement dit, pour le même prix, vous avez une chaussure plus résistante. Qui s’en plaindrait ? D’ailleurs, notez que la chaussure est aussi disponible en matériaux imperméable grâce à une membrane nommée Skyshell (mais aux USA seulement). On termine en ajoutant qu’à l’intérieure, la languette tient très bien en place. Rien à redire. RAS. C’est du tout bon.
La semelle intermédiaire
Une chose essentielle : c’est un profil neutre qui n’est donc pas sensé corriger une éventuelle hyper-pronation. C’est dit. La force de la semelle en EVA c’est son mix idéal entre gros amorti (on est chez Hoka One One hein les enfants) et son dynamisme. L’amorti est moelleux, oui, mais sans en faire trop. C’est donc très agréable – même si ça manque un peu de souplesse quand même – et ça illustre bien l’idée que la chaussure est de la gamme performance, une bombe pour la compétition sur longues distances, de préférence. N’oubliez pas que Karl Meltzer est le type qui a gagné le plus de 100 miles au monde. Ça vous laisse donc facilement imaginer à qui se destine cette chaussure. Le coureur UTMB par exemple. Par exemple oui mais plus globalement, toutes celles et tous ceux qui font de la compétition en trail running sur longues distances. Par conséquent, la chaussure va aussi très bien remplir sa mission sur des distances plus courtes à partir du moment où vous chercherez à aller vite. Bref, c’est comme nous l’avons dit un modèle versatile mais avec une belle prédilection pour les …100 miles. Voilà, y’en a qui suivent.
On note que la semelle, à l’avant-pied, est avancée et va protéger au mieux vos orteils. En cas de choc, c’est elle qui prendra, pas votre pied, pas vos ongles donc (ouch !). On termine en disant que la composition de cette semelle intermédiaire c’est de la mousse, à 100%. Mais l’épaisseur de cette mousse et la combinaison semelle intermédiaire / semelle externe fait que vous êtes très bien protégé quoi qu’il arrive (même s’il n’y a donc pas de plaque rigide dans la semelle pour bloquer les pierres, les épines et autre bouts de bois pointus.
La semelle externe
C’est là un morceau de choix. Le système n’est pas très différent de la version 2, même si le design semble nous prouver le contraire. Les encoches sont là, les crampons aussi. Ils mesurent 5 mm d’épaisseur, sont multi-directionnels et fabriqués dans le même caoutchouc anti-choc à la Schwarzenegger délivré par Vibram et qui se nomme « MegaGrip ». Ça ne s’invente pas. Le résultat est excellent : une belle accroche sur un max de terrains différents : boue, sable, roche, racines, poussière…montées, descentes. Une fois de plus, on peut remercier Karl Meltzer qui a bien su briefer les ingénieurs et designers d’Hoka One One au lancement de la chaussure et qui continue certainement de vérifier tout ça de sa patte de bon génie. On note l’absence totale de crampons (il y en a quand même 36 par chaussure – si si on a compté) sous le milieu du talon. C’est normal ? Oui oui c’est normal. Pas de panique. Vous n’en aurez clairement pas besoin ici.
Conclusion
Les deux semelles de la Speedgoat 3 forcent le respect. Cette chaussure est un joli 4X4 polyvalent orienté compétition toutefois. Elle rassure, elle performe, elle est fidèle en tout et offre tout le confort (si vous n’avez pas les pieds trop larges….). Elle est née pour la vitesse et les longues distances (non non ce n’est pas antinomique) et se comporte au mieux sur…bah…pratiquement tous les terrains. Une référence. Merci Karl. Des pro comme ça on en veut bien tous les jours.
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