
Maryline Nakache, Benoît Cori. Vous connaissez ? Vous devriez.
Par la rédaction. Photos © Christophe Guiard, anthony Chaumontel, Rémi Portier pour EcoTrail Organisation.
Les deux vainqueurs de la plus difficile des épreuves de l’EcoTrail Paris se sont confiés à nous. Ils nous parlent du parcours, de leur course respective, de leur rêve d’UTMB, de Marathon Des Sables aussi. Intéressant. Et exclusif. As usual sauvages.
Le Blog Endurance Shop : Maryline, Benoît, merci de répondre à nos questions. Pour qu’on vous connaisse mieux, rappelez-nous chacun vos principaux titres et victoires en trail running de ces dernières années.
Maryline Nakache : Moi, je suis plutôt nouvelle dans le monde du trail vous savez. Alors, pour 2018 voici mes principaux résultats : championne de France de trail long (Sky Race de Montgenèvre, sur 67km), 1ère à la Sainte Victoire sur 60km, 1ère à la 6000D sur 65km, 3ème sur la Maxi-race d’Annecy, le 85 km, 1ère à Serre Chevalier sur 50 km, 3ème aux templiers sur 85km. Et depuis le début de cette année 2019, j’ai obtenu la 1ère place de l’Ubaye Snow Trail Salomon sur 22km et donc cette toute nouvelle 1ère place de l’Ecotrail de Paris 80km !
Benoît Cori : Je vais vous résumer mon palmarès à deux victoires au grand trail des templiers, deux victoires à la SaintéLyon, deux victoires au Gruissan Phoebus trail, et trois participations aux championnats du monde de trail avec successivement une 14ème, 4ème et 13 ème place. Et aujourd’hui donc, on peut rajouter cette victoire à l’EcoTrail Paris !
Le Blog Endurance Shop : Bravo à tous les deux pour cette victoire en effet ! Racontez-nous chacun à votre tour un peu la course : avez-vous eu des moments difficiles ? Des moments d’euphorie ? Quand avez-vous senti que la victoire allait vous revenir ?
Maryline Nakache : Moi j’ai serré les dents sur les 20 premiers kilomètres pour essayer de suivre les premiers qui partaient très (trop) vite en me disant que je ne tiendrais jamais comme ça tout le long ! Puis, forcément, pour ne pas craquer, j’ai ralenti un peu et je me suis mise à un certain rythme de croisière que j’ai essayé de maintenir jusqu’au bout. C’est comme cela que j’ai pu rattraper petit à petit Sylvaine et puis Jennifer. Après, comme toutes les courses longues, il y a des passages où l’on se sent vraiment bien, et d’autres moins. Mais ce qui m’a beaucoup aidé lors de ces passages difficiles c’est les encouragements des bénévoles, des spectateurs, et la présence de mon entraineur qui était là pour me soutenir et me rebooster quand j’en avais besoin. J’ai réalisé que j’avais gagné seulement en bas de la tour Eiffel. Ensuite, il y a eu la montée des escaliers avec cette arrivée au premier étage. Ça a été magique !
Benoît Cori : Avant de prendre le départ d’une course, on met toujours un peu un « plan » en place, même si cela ne sert peut être à rien pour la suite. Je m’étais donc fixé de rester avec la tête de course au moins jusque mi-course, puis de commencer à produire mon effort à partir du 40/50ème km. Tout s’est déroulé comme je l’avais espéré. Dès que j’ai commencé à accélérer, j’ai réussi à creuser les écarts. Finalement, je n’ai pas vraiment eu de moments difficiles, juste un peu de lassitude quand tu regardes ta montre et qu’il reste encore 50 km. C’est sûr que tu te dis « mais qu’est ce que je fais là ! ». Parce que c’est quand même improbable de courir aussi longtemps. Et puis, tout compte fait, ça passe. Jai senti que la victoire était jouée à environs 10 km de l’arrivée. C’est la seule fois où j’ai pu entendre les écarts avec mes poursuivants et le premier d’entre eux était à 5 minutes. Mon allure était toujours bonne, mes jambes répondaient bien, je m’étais bien hydraté et bien alimenté durant toute la course, donc je savais que l’on ne me reprendrai pas. L’euphorie est arrivée dans les derniers mètres, lorsque vous vous présentez au pied de la tour Eiffel et que tout le public a son regard porté sur vous, avec les encouragement qui vont bien. Ce sont vraiment des sensations que je souhaite à tout sportif !
Le Blog Endurance Shop : Le parcours de cet EcoTrail Paris est intéressant : le dénivelé n’est pas très fort mais, à certains moment, le terrain force à ralentir, puis à relancer, puis à nouveau ralentir. Qu’avez-vous plus particulièrement apprécié et, au contraire, qu’avez-vous eu plus de mal à gérer ?
Maryline Nakache : J’ai apprécié ces quelques petits changements de rythme en effet. Il permettent de rompre la monotonie et de se mettre plus dans les conditions des trail running dont j’ai l’habitude. J’ai en revanche un peu de mal avec les longs passages roulants sur route car ils me paraissent interminables. Ce que j’ai le moins apprécié par contre ce sont ces maudits troncs d’arbres couchés en travers des chemins et qu’il faut enjamber. Pour les premiers troncs d’arbres, bon, OK, c’était plutôt rigolo, mais au bout de 50km franchement….
Benoît Cori : En ce qui concerne le parcours, moi j’ai bien apprécié la partie « montagnes russes » en milieu de parcours justement : cette succession de montées et descentes est interessante. C’est moins monotone que les lignes droites du début et de la fin de parcours. Elles sont finalement plus difficiles à gérer car on a vite fait de s’endormir sur ses lauriers et de baisser de rythme sans s’en apercevoir.
Le Blog Endurance Shop : Vous le savez sans doute, le concept de l’EcoTrail se décline à l’étranger : Florence, Italie le 30 mars, Oslo, Norvège le 25 mai, Geneve, Suisse le 1 juin, Stockholm, Suède le 15 juin, Reykjavik, Islande le 5 juillet, Brussels, Belgique le 7 septembre, Wicklow, Irlande le 28 septembre, Funchal, Madère au Portugal le 26 octobre, Putrajaya, Malaisie le 27 octobre, Madrid, Espagne le 9 novembre et Chiang Mai, Thaïlande le 24 novembre. Est-ce que ce sont des choses qui pourraient vous intéresser ? Vos victoires vous ont-elle donné envie de participer à quelques-unes de ces déclinaisons étrangères ?
Maryline Nakache : Oui, pourquoi pas. Ces courses donnent envie, mais il faut que je regarde si certaines sont compatibles avec mon calendrier 2019 qui est déjà bien rempli !
Benoît Cori : Toute ces courses font rêver. Pouvoir concilier sport et tourisme c’est le must ! C’est pour cela que j’ai bien apprécié l’écotrail Paris, car en plus du sport, cela permet de visiter et découvrir des endroits que je n’ai pas l’habitude de voir. Alors si une invitation arrive jusqu’à moi, je l’accepterai avec grand plaisir en fonction de mon calendrier professionnel et sportif bien sûr.
Le Blog Endurance Shop : Pour votre saison 2019 justement : quel est votre programme de course à venir ?
Maryline Nakache : Il n’est pas complètement figé mais, sans parler des courses de préparation, mon premier objectif important ce sont les championnats du monde de trail qui auront lieu au Portugal le 8 juin prochain. Après, il y aura surement les 90 km du Mont Blanc fin juin, la CCC en août, le grand trail des templiers en octobre, et si j’ai encore la forme l’Ultra Trail de Cap Town en Afrique du Sud.
Benoît Cori : En ce qui concerne ma saison 2019, je n’ai pas encore programmé de grosses échéances à part l’UTMB fin Août. Je ferai pas mal de courses au pays basque, à la maison, dans ma préparation, et je verrai en fonction de la forme où j’irai ces prochaines semaines.
Le Blog Endurance Shop : l’EcoTrail Paris n’a pas beaucoup de dénivelé, 1500 m+ pour le 80 km. On est loin des gros trails de montagne. L’UTMB, ou la CCC, ça vous intéresse donc. C’est devenu la référence de l’ultra trail dans le monde mais si certains aiment et s’y retrouvent avec le panel des distances proposées, d’autres rejettent son côté commercial. Qu’en pensez-vous ?
Maryline Nakache : L’UTMB, c’est une course qui me fait rêver, et j’aurai déjà un avant-gout avec ma participation à la CCC cette année ! Le côté commercial est, en effet, très présent et peut éventuellement donner une mauvaise image de la course. Mais l’ambiance de cet évènement reste unique au monde.
Benoît Cori : L’UTMB ? Bien sûr qu’il m’intéresse ! C’est un peu la Mecque du trail running. Tout trailer se doit d’y avoir fait un pèlerinage, histoire d’avoir sa propre opinion sur cet évènement. Effectivement, comme toute autre énorme organisation, il y a ce côté commercial que l’on peut ne pas trop apprécier. Pour ma part, je pense qu’organiser un tel évènement demande tellement de travail en amont, le jour J, et après, que cela ne me choque pas plus que ça qu’ils fassent de l’argent, à partir du moment où le succès est présent et qu’on ne force personne à s’inscrire, je ne vois pas où est le problème.
Le Blog Endurance Shop : Une autre course d’ultra trail intéressante qui ne présente que peu de dénivelé positif et sur laquelle on peut aller vite (tout est relatif bien entendu) c’est le Marathon Des Sables qui sera lancé pour la 35ème fois début avril (la course existe depuis 1986). C’est aussi, dans un autre genre, une référence. Y avez-vous déjà participé ? Aimeriez-vous le faire ?
Maryline Nakache : Je n’ai jamais participé au Marathon des Sables, mais c’est une course que j’aimerais faire bientôt en effet. Courir dans le désert en auto-suffisance, c’est un sacré défi pour une aventurière comme moi. C’est sûr que ça doit laisser des souvenirs impérissables. Ce que j’adore justement dans le trail running, c’est le fait de pouvoir varier les terrains de jeux!
Benoît Cori : Je n’y ai jamais participé. Le faire ? Pourquoi pas. Ce doit être une super expérience à la fois humaine et sportive. Si l’opportunité se présente, c’est bien entendu avec un très grand plaisir que j’irai découvrir cette course.
Le Blog Endurance Shop : Oxsitis est une marque étonnante Maryline : française, une belle évolution ces dernières années grâce à leurs sacs à dos qui sont, visiblement, très performants. C’est l’un de vos sponsors. Qu’appréciez-vous particulièrement sur ces sacs à dos ?
Maryline Nakache : La marque s’engage depuis sa création dans la recherche et développement afin de proposer des sacs vraiment innovants et performants. Oxsitis récupère régulièrement l’avis des athlètes pour optimiser le design de leurs sacs. J’apprécie tout particulièrement leur confort, leur légèreté, leur look vraiment sympa et leur côté polyvalent, avec les nombreux accessoires. De plus, la nouvelle collection propose des sacs spécialement conçus pour les femmes ou les plus petits gabarits avec des tailles XXS, ce qui permet un ajustement parfait !
Le Blog Endurance Shop : Vous étiez chez Mizuno, Benoît, mais aujourd’hui vous êtes entre autres chez Scott, une marque que l’on ne connaît pas forcément bien dans le running : Qu’appréciez-vous particulièrement dans leurs sacs à dos et leurs chaussures ?
Benoît Cori : La maison Scott est vraiment tournée vers la performance, leurs chaussures les Supertrac RC sont légères, réactives, dynamiques et confortables. Elles ont tout ce que l’on peut rechercher dans une chaussure de running. Et le reste du matériel est aussi sans cesse amélioré en prenant en compte nos remarques : les sacs à dos se déclinent en plusieurs versions suivant les distances et recèlent de petits détails qui changent vraiment la vie lorsque l’on court. En termes de performance, il est difficile de trouver mieux à mon avis. Moi j’en suis plus que satisfait !
Le Blog Endurance Shop : Le choix d’une chaussure de course à pied est essentiel pour ce genre de distances relativement longues. Pouvez-vous nous décrire la chaussure que vous avez portée sur cet EcoTrail de 80 km et nous expliquer pourquoi c’était un bon choix ?
Maryline Nakache : J’avais hésité entre des chaussures de route ou de trail. J’ai finalement opté pour des chaussures de trail légères les Supertrac de Scott justement. Ce fut un super choix car ces chaussures possèdent à la fois une très bonne accroche pour les nombreux chemins boueux dans les forêts d’Ile de France, tout en étant dynamiques pour les passages de route très roulants où il faut aller vite !
Benoît Cori : La chaussure avec laquelle j’ai couru pour l’écotrail était là encore un très bon choix. Mais je ne vous en dirai pas plus car ça va être une nouveauté Scott qui devrait être dévoilée d’ici peu…
Le Blog Endurance Shop : dernière question : quel est votre plus beau souvenir de compétition en trail running ? Si vous deviez choisir une seule histoire, laquelle vous a le plus marqués de toute votre carrière sportive jusqu’à présent et pourquoi ?
Maryline Nakache : Mon plus beau souvenir reste pour le moment ma victoire aux championnats de France de trail long à Montgenèvre qui a permis mon intégration en équipe de France.
Benoît Cori : Je pense à ma première grande victoire lors de la SaintéLyon en 2013. Personne ne me connaissait, personne ne m’attendait. J’ai été entouré de proches qui m’ont soutenu tout le long de la course. Question émotions, lorsque j’ai passé la ligne d’arrivée en tête cela a vraiment été exceptionnel !
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