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La question des bâtons, part I

12 août 2019 | Conseils

Par la rédaction. Photos © Photos © Sylvain Aymoz / Méribel Tourisme, Cyrille Quintard pour Oxsitis®,  Greg Alric. 

L’utilisation des bâtons dits de randonnée en trail running ne s’improvise pas. Pour commencer, sachez qu’il existe 4 types de bâtons différents : les bâtons d’un seul tenant, les bâtons télescopiques que l’on peut régler à loisir, les bâtons à plusieurs brins, généralement 3 ou 4, qui sont donc repliables mais qui ne sont pas du tout télescopiques et les bâtons à plusieurs brins repliables et qui possèdent également une partie téléscopique, généralement le brin du haut, au plus près de votre main (peu de marque les font mais ça existe). Toujours dans le but de préparer la course de la rentrée, le Festival des Templiers, nous avons interrogé quelques spécialistes sur des questions précises. Ça pourrait bien vous rendre service. Premiers témoins, Gilles Bertrand, l’organisateur et témoin privilégié de notre sport depuis de nombreuses années, à la fois en France mais aussi aux USA, et Julien Chorier, athlète Hoka One One qui n’a lui pas encore couru les Templiers. Des spécialistes comme ça vous n’en rencontrez pas tous les jours. Soyez donc attentifs sauvages.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : On commence facile. La taille. Dans le cas de bâtons qui ne sont pas complètement télescopiques, comment choisit-on la bonne taille ? Est-ce que c’est comme pour les bâtons de ski où le vendeur dans le magasin retourne le bâton et te demande de prendre en main le bout du bâton et de former un angle d’un certain degré avec ton coude ? C’est une question idiote peut-être…
Gilles Bertrand : Non, ce n’est pas idiot ! Il en va du bâton comme de la chaussure : il ne faut pas se tromper de taille !!! En achetant un bâton de type télescopique, on esquive facilement le problème de la taille car on peut régler celui-ci selon sa propre taille, selon la longueur de ses bras, selon sa façon de pousser (très avant ou reculé, les bras repliés ou non, en poussée simultanée ou pas…) et selon l’inclinaison de la pente aussi. Pour les bâtons plusieurs brins repliables et les mono-brins, il ne faut donc surtout pas se tromper de taille car ils ne sont pas télescopiques et vous risquez de créer un inconfort pouvant se traduire par des maux de dos. Selon certains spécialistes, pour choisir la bonne taille de vos bâtons à acheter, il faut appliquer le coefficient suivant : votre taille x 0,67.
Julien Chorier : On n’est pas loin de la vérité. Je pense que la solution du bâton retourné peut correspondre à 80% des gens. Ensuite, certains préferent des bâtons un peu plus courts pour les montées bien raides. Mais de l’autre coté, d’anciens fondeurs ou skieurs alpinistes ont des bâtons plus grands pour retrouver l’amplitude de la poussée de leur autre sport. À chacun son approche. Il faut tester je crois.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : Les bâtons téléscopique sont-ils assez solides ? Récemment, sur l’Éco Trail de Paris l’un de nos journalistes a lui-même cassé un bâton téléscopique reçu en dotation sur une course chinoise, la Hong Kong 100. Les bâtons étaient si légers, très pratiques, mais sans doute fragiles. Ils étaient à 4 brins et le brin le plus bas est simplement resté planté dans le sol. Impossible de réparer. Il a dû le jeter à un ravito et finir avec un seul bâton. Est-ce que les bâtons téléscopiques ou à brins ne sont pas toujours plus fragiles ? Que faut-il prilégier à votre avis ?
Gilles Bertrand : les bâtons « mono-brins » sont indiscutablement plus solides. Ils sont à privilégier lors d’une pratique intensive, dans le cas d’un usage important et régulier autant en montée qu’en descente – ne pas oublier que les bâtons sont souvent très sollicités en descente – si on évolue régulièrement en terrain très technique, si on est « physique » avec de bonnes qualités de poussée. Ces bâtons « mono-brins » transmettent bien l’énergie et auront une durée de vie plus importante que des multi-brins qui sont, certes plus faciles à transporter car repliables, mais aussi plus fragiles sur le long terme. Par contre, le gros avantage du télescopique c’est qu’on peut ajuster la longueur selon le terrain rencontré et bien entendu, comme les multi-brins, le ranger sur son sac à dos. Alors que pour les mono-brins, vous êtes condamnés à les porter tout au long de votre épreuve…
Julien Chorier :  Cela depend de l’utilisation. Pour un kilomètre vertical, je préfère un mono brin. C’est plus léger. Mais pour les ultra, j’aime bien un bâton 3 ou 4 brins car c’est plus facile à transporter à la ceinture ou dans le sac à dos. Depuis que je cours, moi j’ai cassé 1 bâton 4 brins et 1 bâton mono brin. À chaque fois c’était à l’entrainement, mes pieds ont shooté dedans et ça les a cassés. Bon. Donc balle au centre comme on dit.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : Est-ce que les athlètes élites règlent différemment les bâton téléscopiques pendant une course qu’ils soient en montée (bâtons réglés plus courts) ou en descente (bâtons réglés plus longs) ? Ça peut prendre quelques secondes mais c’est utile de faire le changement ou pas ?
Julien Chorier : Peut être…Oui, mais moi j’ai jamais utilisé de bâtons télescopiques et j’utilise de toute façon très rarement les batons à la descente.

Le Blog Endurance Shop : Quel est selon vous le meilleur endroit pour les ranger sur le sac à dos et pouvoir y avoir accès facilement : poitrine ? Bas du dos ? Une autre idée ?
Gilles Bertrand : Finalement, il n’y a pas de bon endroit à proprement parler. C’est indiscutablement un élément très utile mais également parasitant. C’est donc une réponse très personnelle. Je pense que c’est à tester à l’entraînement. Le mieux n’est il pas de les garder à la main pendant toute la course ?!
Julien Chorier : Principalement sur le bas du dos, soit sur le sac, soit sur une ceinture adaptée.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : Dans les pelotons on voit souvent des gens qui courent bâtons en main (sans les utiliser) et avec les pointes vers l’arrière. N’est-ce pas très dangereux pour ceux qui suivent ça quand même ? N’est-ce pas une erreur de débutant qui énerve ? Le bâton passe parfois à quelques cm du visage du voisin. Pourtant, c’est quelque chose que personne n’explique, les organisateurs ne donnent jamais de conseils sur la bonne étiquette, le bon comportement à avoir avec ses bâtons…
Gilles Bertrand : Écoutez, de mémoire, sur l’ensemble de nos courses que nous organisons depuis 25 ans, nous n’avons jamais enregistré un seul incident de ce genre. Pour autant le risque de blesser un coureur proche de vous peut bel et bien exister. C’est pour cela que les bâtons de ski de fond ont été interdits en trail running. La première des mesures pour un organisateur de trail est de limiter l’usage des bâtons en ne les autorisant que lorsque le peloton est bien étiré.
Julien Chorier : Erreur de débutant…je ne pense pas. Il s’agit souvent juste d’un manque d’informations, d’habitude. Mais, il est vrai qu’il est bien de rappeler que les pointes en avant permettent seulement de mieux voir qui on embroche…  

Le Blog Endurance Shop : Est-ce que vous prenez systématiquement des bâtons sur les courses de montagne ? Quelle serait votre recommandation : quand doit-on prendre des bâtons et quand peut-on s’en passer ? 
Gilles Bertrand : Si vous parlez de courses de montagne répondant à la définition FFA, l’usage des bâtons est interdit. S’il s’agit de trail typé alpin accusant un fort dénivelé, oui l’usage des bâtons doit être systématique. C’est un gain de puissance indéniable. C’est moins de fatigue pour les membres inférieurs. Vos appuis sont meilleurs donc vous bénéficiez d’un gain de vigilance car le pas est plus assuré. Au final, je pense que c’est plus de plaisir et une meilleure performance.
Julien Chorier : Dans mon cas, je préfère prendre les batons sur les courses qui dépassent les 6-8 heures car je ne suis pas un expert dans leur utilisation. Je suis souvent plus à l’aise en petit trot qu’avec les batons sur les plus courtes distances. Mais, passé un moment, bien sûr, comme tout le monde, je n’arrive plus à trottiner donc les bâtons ont leur intérêt. C’est à chacun de se poser la question. Ensuite, si la personne a des soucis en descente, ils peuvent permettre de soulager les jambes, d’assurer les appuis, oui.

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Le Blog Endurance Shop : Est-ce que c’est vrai qu’il faut s’entraîner à courir avec des bâtons avant de les prendre en course ? Pourquoi ? C’est pas bien compliqué d’utiliser des bâtons si ? Il faut se « muscler » un peu les bras, les épaules c’est ça ? 
Gilles Bertrand : Si l’on envisage d’utiliser des bâtons en compétition, c’est évidemment une obligation de s’entraîner avec. Par exemple pour les séances au seuil sur fortes pentes, un entraînement qui a été mis au point par les skieurs de fond en période estivale dans les années 80 ; et lors des sorties rando-trail sur longue distance aussi. C’est important car on se familiarise avec le geste, la poussée. On détermine ainsi la façon qui vous convient le mieux en poussée mais également lorsqu’il faut porter ses bâtons, les garder à la main, les replier, les ranger…La musculation du haut du corps n’est pas une nécessité mais c’est un plus indéniable pour réussir en trail running, pour résister à la fatigue, pour garder une bonne posture, pour gagner en puissance dans la phase poussée puisqu’il y a un transfert d’énergie des jambes vers le haut du corps. 
Julien Chorier : Cela me parait primordial pour les utiliser au mieux, vérifier qu’ils soient de la bonne longueur, savoir les ranger…Ensuite, l’adaptation musculaire et tout aussi nécessaire.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : On peut aussi avoir des ampoules aux mains quand on utilise des bâtons. Vous avez un truc pour éviter ça ?
Julien Chorier : L’utilisation à l’entrainement va habituer la main aux bâtons et les ampoules seront de plus en plus rares. Ensuite, certains modèles ont des gants intégrés. C’est peut être une solution si on a la peau fragile.

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Le Blog Endurance Shop : Quel est le truc le plus idiot / le plus rigolo que vous ayez vu / vécu vous-mêmes sur une course ou un entraînement relatif aux bâtons ?
Gilles Bertrand : Je n’ai pas d’exemples particuliers….Mais par contre j’ai le souvenir des coureurs camerounais qui, fin des années 80, utilisaient pour l’ascension du Mont Cameroun des bâtons de berger. Avec un seul bâton, autant pour la montée que pour s’assurer dans la descente à des vitesses folles sur les pentes vertigineuses de ce volcan. Ils étaient sans le savoir précurseurs pour cette pratique.
Julien Chorier : Ma première expérience avec les batons a été assez douloureuse. Sur mon premier trail long, le Tour des Glaciers de la Vanoise, je ne savais même pas qu’on pouvait courir avec des batons. Après 500 m de course, le concurrent de devant m’a ouvert le tibia sur 5 cm avec sa pointe. Ce fut une découverte douloureuse.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : Pourquoi à votre avis les athlètes français sont beaucoup plus portés sur l’utilisation de bâtons que les athlètes américains ?
Gilles Bertrand :  Les courses américaines sont globalement plus « roulantes » qu’en France. Prenons l’exemple de la Western State, son profil est globalement descendant et les moyennes réalisées sont exceptionnelles pour une épreuve de 100 miles. L’usage des bâtons pour l’élite est donc inutile. La masse suit cette pratique. Par ailleurs, les coureurs américains portent très souvent leur bidon ou flasque à la main. Ce qui rend donc impossible l’usage des bâtons. 
Julien Chorier : Je suis d’accord avec Gilles, c’est une question de terrain. Les courses américaines sont généralement plus roulantes et ne nécessitent pas autant l’utilisation de bâtons. Et quand il y a des pentes, elles sont généralement plus courtes aussi. Le fait d’utiliser des pacers, car c’est aussi leur culture, n’a pas non plus d’impact à mon avis sur le fait qu’ils prennent des bâtons ou non.

La question des bâtons
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Le Blog Endurance Shop : Julien, tu as déjà couru au Festival des Templiers ? Si oui quelle course ? Si non, pourquoi pas ?
Julien Chorier :  Non, jamais parce que le calendrier ne m’a jamais permis d’y aller : soit trop fatigué par le début de saison, après un UTMB ou autre, soit j’étais à la Réunion pour le GRR à la même date. Mais c’est à faire dans les prochaines années.

La question des bâtons

N’oubliez pas, nos précédents articles sur le Festival des Templiers sont tous ici, du plus récent au plus ancien : 

https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-les-sacs-a-dos-quand-comment-pourquoi/
https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-les-conseils-des-pros-pour-reussir-votre-course-part-1/
https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-lampes-frontales-montres-gps-que-choisir/
https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-sacs-a-dos-compression-short-que-choisir/
https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-la-bonne-chaussure-en-fonction-de-votre-niveau/
https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-la-bonne-veste-en-fonction-de-votre-niveau/
https://leblog.enduranceshop.com/festival-des-templiers-25-ans-que-ca-dure/
https://leblog.enduranceshop.com/gilles-bertrand-le-roi-des-templiers/ 

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