
Le Festival des Templiers et le Coronavirus
Par la rédaction. Photos © Cyrille Quintard
Odile Baudrier & Gilles Bertrand sont aux manettes des Templiers depuis toujours. Face à la crise sanitaire du Coronavirus, ils font front commun et nous expliquent les mesures à suivre pour les courses qui s’annoncent lors de leur festival. Aura-t-il lieu ? Oui, visiblement. Finger crossed #sauvages. #onycroit.
Le Blog Endurance Shop : Merci à tous les deux de nous accorder cette interview. Rentrons tout de suite dans le vif du sujet concernant ce Festival des Templiers qui approche. Aujourd’hui, alors que le Coronavirus est loin d’être battu, que le nombre de cas graves est en hausse dans certains pays, et que les courses continuent de s’annuler ici et là (marathon de Chicago hier) quelles garanties avez-vous d’abord de l’état français et des autorités administratives de votre région quant à l’autorisation d’organiser l’événement comme prévu en octobre ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : À ce jour, à 13 semaines de la course, nous n’avons aucune garantie de pouvoir organiser. En France, aucun évènement de ce type ne peut avoir cette garantie ferme quelque soit la taille de l’épreuve. Il faut savoir qu’en France, en temps normal, nous obtenons notre autorisation préfectorale seulement une semaine avant la date de la course. Cela témoigne bien d’une stratégie de l’Etat, de ne prendre aucun risque et de ne faire prendre aucun risque. Même si ce principe trouve parfois ses limites, pour preuve notre annulation l’an passé en raison d’une tempête non prévue la veille sans que le plan de vigilance rouge ne soit mis en place. Nous avons déjà rencontré les responsables de ce dossier à la Préfecture mais ils dépendent eux aussi des directives de l’Etat qui peuvent de jour en jour changer. On peut juste dire qu’il y a autour de cet évènement une forte volonté qu’il puisse avoir lieu. Mais parfois la raison et la sagesse l’emportent sur l’envie et la volonté.
Le Blog Endurance Shop : On imagine que l’organisation de votre festival est d’une logistique lourde et compliquée. Prévoyez-vous un salon comme l’an passé ? Quelles mesures/restrictions avez-vous considérées mettre en place ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : Pour l’heure, le Salon du Trail n’est nullement menacé même si comme pour les courses, tout peut basculer du jour au lendemain en fonction de l’évolution de la pandémie. Bien entendu, nous avons travaillé en relation avec les pompiers de Millau sur un nouveau plan de circulation à l’intérieur du salon. Par ailleurs, nous respecterons les jauges fixées par l’Etat avec une entrée filtrée et un temps d’ouverture du Salon augmenté de plus de 30% pour diluer la fréquentation sur les 3 jours. Nous supprimerons également le pôle Accueil qui habituellement fixe longtemps les coureurs, notamment pour des échanges de dossards, ou des questions spécifiques.
Le Blog Endurance Shop : On peut légitimement imaginer qu’il va être difficile de faire respecter des mesures d’hygiène pendant la course. Allez-vous imposer le port du masque ? Aurez-vous à disposition des gels désinfectants pour les mains et autres gels hydroalcooliques sur les ravitaillements ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : Cela va bien au-delà de ces mesures énoncées dans la question. Nous avons listé 40 mesures à mettre en place et à faire respecter. Dans un premiers temps, c’est un plan plus réduit que nous avions présenté en Préfecture puis nous avons complété celui-ci à partir des recommandations de l’ITRA. Car l’ITRA a particulièrement bien travaillé sur cette problématique pour proposer aux organisateurs adhérents un document de travail, un plan d’attaque balayant tous les secteurs, de l’accueil, au ravitaillement en passant par la gestion de course. Nous nous appuyons également sur les compétences de spécialistes de la sécurité.
Le Blog Endurance Shop : Beaucoup de courses se sont déjà annulées à travers le monde, et beaucoup continuent quotidiennement de s’annuler. En même temps, le marathon de NY avait eu lieu en novembre 2011, deux mois à peine après les attentats du 11 septembre. C’était un signe fort, un message d’espoir. Pourquoi n’avez vous pas encore annulé purement et simplement comme l’UTMB l’a fait ? Y-avez-vous pensé ? Est-ce pour des raisons financières ? Quel est votre état d’esprit en ce moment ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : On ne peut pas comparer les Templiers avec l’UTMB qui pour une organisation fin août était en grande difficulté afin de prévoir une telle mise en chantier avec le problème de jauge fixée à 5000 personnes, avec la perte de 50% du peloton venant de l’étranger et un Salon en difficulté compte tenu du contexte économique et sanitaire. Nous avons toujours gardé l’espoir et l’optimisme compte tenu de notre date tardive pouvant laisser espérer une accalmie sinon une disparition du risque sanitaire. Aujourd’hui, à trois mois de la course, nous restons confiants même si le contexte est assez anxiogène avec la crainte d’un retour de flamme et de confinements sectorisés. Nous l’avouons, nous aimerions réussir cette édition si particulière, c’est un vrai défi qui n’est pas sans nous booster. Nous ne baissons pas les bras. Nous sommes fortement soutenus par nos partenaires et certaines collectivités en sachant bien que nous n’avons pas toutes les clefs en mains. C’est à nous d’évoluer en contrôlant particulièrement la donnée financière pour ne pas sombrer dans une dérive préjudiciable à l’équilibre et à l’avenir de la course.
Le Blog Endurance Shop : Si malheureusement vous êtes contraints d’annuler la course cette année, que va-t-il se passer pour les coureurs qui étaient engagés : auront-ils automatiquement une place pour 2021, 2022, ou 2023 ? Seront-ils remboursés s’ils le souhaitent ? Quelles sont les règles que vous avez définies dans ce domaine ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : Il est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. Tout dépendra quand nous serons contraints de prendre éventuellement une telle décision. Dans tous les cas, nous tenterons d’être au plus près des intérêts des coureurs comme l’an passé lors de l’annulation des Templiers. Je me répète, tout en préservant l’avenir de la course.
Le Blog Endurance Shop : Malgré tous les désagréments et les dégâts, on peut aussi penser que ce Coronavirus aura eu des effets bénéfiques : nous faire prendre conscience de la fragilité de la vie, nous forcer à nous reconcentrer sur des choses essentielles, nous rapprocher les uns des autres, nous faire comprendre que nous pouvions tous être égaux et que, surtout, n’étions pas invincibles…. Quels sont pour vous les points positifs de cette histoire ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : Sur un plan purement économique, cette crise fragilise un secteur qui était innovant, dynamique et porteur pour la croissance d’un sport qui est avant tout un sport populaire ouvert à tous et toutes, un sport qui favorise la prise de conscience sur les problèmes environnementaux et un sport facteur d’initiatives locales associatives pour faire vivre des territoires, des villages, des assos de coureurs. Sur le plan organisationnel, les aspects sont tous négatifs. Qui peut se réjouir d’une mise au point mort d’un secteur évènementiel si dynamique, si riche en initiatives avec cette envie de fédérer, de réunir, de fraterniser autour d’une discipline sportive qui sert avant tout à découvrir des territoires et leurs richesses. Cette crise prouve malheureusement la fragilité d’un tel système qui touche de plein fouet des petites start up, des organisateurs engagés, des bénévoles dévoués, une myriade de professionnels passionnés, des animateurs, des photographes freelance, des chronométreurs…la liste est longue, et tous ces gens sont loin d’être de vils capitalistes qui font de l’argent avec la nature et le sport. C’est profondément injuste, comme pour beaucoup d’autres secteurs.
Le Blog Endurance Shop : Avez-vous un message particulier que vous voudriez faire passer aux participants ?
Odile Baudrier & Gilles Bertrand : Le message est simple. Si Templiers il y a, ce sera un Templiers différent où l’organisation course et le salon seont l’essentiel, le reste étant secondaire. Nous demandons donc de l’indulgence, de la compréhension mais aussi de la discipline de la part de tous et toutes pour la réussite de cette épreuve et que chacun, chacune soit respectueux de l’autre et avec le sourire…même masqué !!!
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