
Marathon Des Sables. 672 partants. 104 abandons. 1 mort.
Par Gaël Couturier, 7 MDS finish. Photos : Cimbaly
Alors que nous avions suivi ses difficiles et successifs reports et annulations dues au COVID ces derniers mois, voici que l’un de nos événements fétiche refait parler de lui avec des faits très durs. 1 mort sur la seconde étape. Ce n’est pas si courant. Notre analyse.
Pour commencer, voici ce que les équipes de communication du MDS nous ont fait parvenir par email
« L’équipe du Marathon Des Sables déplore le décès d’un participant à la 35e édition cet après-midi suite un arrêt cardiaque dans les dunes de Merzouga. Cet après-midi à 17 h GMT, un participant français a en effet fait un malaise au cœur des dunes de Merzouga. L’homme, proche de la cinquantaine, qui avait rempli toutes les exigences médicales préalables à la course, avait franchi la première étape avec succès, sans avoir recours au service médical. Après son malaise, il a été immédiatement secouru par deux autres concurrents médecins, qui ont déclenché le bouton SOS de sa balise et entamé le protocole de massage cardiaque. Le directeur médical de l’épreuve est arrivé sur les lieux dans les minutes suivantes en hélicoptère et a pris la succession des participants. Après quarante-cinq minutes de réanimation, l’équipe médicale a constaté le décès. C’est la troisième fois qu’un tel événement se produit sur le MDS en 35 éditions. Par respect pour la famille de ce coureur, son anonymat restera préservé. Les proches ont bien entendu été informés immédiatement. Patrick Bauer, directeur de course, a annoncé la nouvelle ce soir aux participants au cœur du bivouac. Staff et concurrents sont extrêmement affectés. Patrick Bauer et toute la famille du MDS expriment leurs sincères condoléances à ses proches. Une cellule psychologique va être mise en place pour soutenir les personnes en exprimant le besoin. Pour respecter toutes les personnes qui se sont investies dans cette aventure, le staff a décidé de poursuivre la course. Une minute de silence sera observée avant le départ de la troisième étape. Poursuivre l’aventure sera également l’occasion de rendre hommage à ce frère des sables ».
Ce qu’on en pense franchement
Le Marathon Des Sables, rappelons-le est une course à pied qui est toutefois ouverte aux marcheurs ; ses barrières horaires étant particulièrement larges. Ce qui veut dire que marcher, prendre un peu plus son temps n’est pas seulement toléré mais c’est encouragé. Cela dit, faire 250 km en plein désert et en autosuffisance alimentaire, avec obligation de porter tout son équipement dont toute la nourriture et le matériel obligatoires, sauf votre eau, ne s’improvise pas et comporte des risques.
Il y a eu plus de 22 000 participants depuis le lancement de l’épreuve en 1986, il y a aussi eu 20 % de femmes et 45 % de coureurs vétérans, 10 % de marcheurs et une vitesse moyenne minimale de 3 km/h. Notons aussi que le plus jeune à prendre le départ était âgé de 19 ans et que le plus vieux avait 80 ans. Notre avis sur les courses aventures, les ultra trail en montagne ne changera pas : il s’agit de sport extrême. Et qui dit sport extrême dit risque d’accident grave, et même risque de mort. Il faut en avoir conscience quand on y s’engage, quand on prend un dossard. Le risque zéro n’existe pas.
Cela dit, bien entendu que cet accident rarissime est d’une très grande tristesse.
Pour avoir participé 7 fois à la course moi-même, pour avoir été présent une année pendant un décès, pour avoir vu des abandons tous les jours chaque année, parfois pour des broutilles, parfois pour des choses dures (mais surtout pour des broutilles hein…), pour avoir déjà moi-même tiré la balise de détresse d’un coureur en difficultés dans les dunes (c’était une femme déshydratée et évanouie. Elle terminera la course cette année-là), pour moi-même avoir été mis en grande difficulté par le Sahara, les deux tendons d’Achilles en sang par le frottement de mes chaussures trop petites dès le second jour, mais pour avoir aussi avoir très bien été pris en charge par les équipes médicales et remis sur pied afin de repartir le lendemain, je peux témoigner que le Marathon Des Sables est bien une des courses les plus dures au monde. Non pas à cause du kilométrage mais bien de la météo, de cette chaleur impensable, du sable qui s’infiltre partout et de la répétition de l’effort chaque jour, pendant 6 ou 7 jours selon votre allure. Alors un mort hier, oui, c’est embêtant, c’est triste, c’est dramatique pour sa famille sans aucun doute, mais ce n’est ni la faute des organisateurs ni la faute de ce pauvre bougre mort au milieu de ce désert qu’il devait tant aimer. Paix à son âme d’aventurier et de conquérant de l’inutile. Il est de plus bien normal que la course continue. Il l’aurait sans doute lui-même voulu.
« La mort ne surprend point le sage : il est toujours prêt à partir », Jean de La Fontaine.
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