
Mizuno Wave Daichi 4. Rapide et polyvalente.
Par la rédaction, avec Charles-Alexandre Boczmak et Gaël Couturier. Photos © Mizuno, Boczmak family.
Wave Daichi 4
315g (H) et 270g (F).
Hauteur talon de 29 mm (H et F)
Hauteur métatarses de 17 mm (H et F)
Drop de 12 mm (H et F)
115€.
Mizuno n’est pas assez reconnu pour la qualité de ses chaussures de trail. C’est un grand tort. La marque a en effet depuis très longtemps investi ce segment du marché du running en ayant toujours pris soin de proposer des choses de très grande qualité. Le soin qu’elle apporte dans sa R&D, route comme trail, est non seulement au niveau des autres plus grandes marques que nous connaissons tous mais il est même souvent supérieur ici et là. Mais Mizuno est une marque japonaise et elle ne joue pas par conséquent la carte du marketing agressif ou tapageur. Asics le fait, oui. Mizuno non. Ce n’est pas sa nature. Mizuno est une marque discrète, qui travaille plutôt dans l’ombre, presque poliment, efficacement, et produit des chaussures qu’on ne regrette jamais d’avoir essayées.
Gaël Couturier : « J’ai eu une paire des toutes premières Daichi entre les mains et les pieds il y a quelques années. À l’époque je vivais en Asie, en Inde, au bord du Rajasthan et de la frontière avec le Pakistan. Mon job était entre autre de repérer des parcours de trail running pour des courses à pied que ma boîte organisait. Ma Daichi de l’époque a toujours été pour moi un modèle fidèle, léger, rapide, simple et efficace ».
Charles-Alexandre Boczmak : « C’est un modèle qui sait tout faire mais qui est à réserver à ceux qui veulent aller vite : j’ai adoré sa semelle externe, à la fois très protectrice quand vous passez sur des cailloux pointus mais également très adhérente. Malgré cela, ses picots sont suffisamment fins pour ne jamais vous ralentir, même sur les terrains les plus durs et les plus secs, et y compris les portions de route ».
Voyons cela dans le détail.
La tige
Dès l’inspection du mesh, on comprend que ce modèle s’inscrit dans la catégorie haut de gamme de la marque d’Osaka. Ce mesh est léger et respirant, doux au toucher. C’est beau, ça donne envie de mettre son pied dedans. C’est l’effet AIRmesh. C’est en effet comme cela qu’ils appellent leur mesh les plus respirants chez Mizuno. Cette tige est également renforcé à l’extérieur par des tas de petites pellicules ou bandes de plastique fines, cousues ou collées et disposées de manière à vous protéger sans enlever de la souplesse du modèle. Sur ce point précis, la Daichi est un modèle du genre. Là encore, Mizuno donne un nom à sa technologie qui permet de conserver de la souplesse autour du pied : c’est le « Dynamotion technology ». Celle-ci s’appuierait sur des recherches anatomiques du pied et permettrait à Mizuno de réaliser une tige qui s’adapte aux mouvements naturels de ce dernier lors de la foulée. C’est plus rigide ici, plus souple là, etc…Du coup, vraiment, le rapport protection/souplesse est excellent. C’est un premier bon point.
De même, ce mesh très aéré est lui-même recouvert d’un petit filet sensé empêcher les débris du terrain de pénétrer à l’intérieur de la chaussure. À l’essai, sur les sentiers les plus poussiéreux ou les forêt dont les sols sont jonchés de petits morceaux de bois, ça fonctionne bien : rien ne rentre. On ne sait toutefois pas si c’est l’effet du filet qui fonctionne tant bien que cela ou si le mesh du dessous est de toute façon trop resserré pour que ça passe au travers. C’est une question. Au final, c’est esthétique, ça n’alourdit certainement pas la chaussure. Donc bon. Passons. Notons aussi que le modèle existe aussi en format GTX, c’est à dire imperméable et que là, pour le coup, même l’eau n’y pénètrera pas (150€).
Un point de détail qui nous a fait nous interroger un peu : la languette est un peu fine. Bon, ce n’est pas gênant en soit, c’est donc ni bien ni mal, mais la languette Mizuno est généralement plus épaisse sur beaucoup de chaussures de route. Cela démontrerait ainsi le positionnement volontairement agressif et de compétition de ce modèle. On ne le répètera jamais assez : la Daichi 4 est une chaussure toute distance pour aller vite sur sentiers propres. Enfin, on notera que l’avant-pied et le talon sont protégés par deux pièces de plastique. C’est plus dur au talon, plus souple à l’avant-pied. Rien d’extraordinaire non, mais c’est une finition bien faite, classique et nécessaire sur une chaussure de trail. Pour finir, question confort, l’un de nous deux a trouvé que la nouvelle Daichi n’était pas la plus douce en tige qu’il a vu passer entre ses pieds cette année : c’est un modèle un brin minimaliste, c’est vrai. C’est confortable, mais, mais ça reste un modèle un peu dur au niveau de l’avant-pied. Bon, on n’a pas forcément été tous les deux d’accord sur ce point. L’un dit que la chaussure est construite pour aller vite et ne peut donc emporter un gros chausson calfeutré. L’autre dit que sur une chaussure de trail le pied est bousculé et le confort en tige se doit d’être supérieur. On ne nous réconciliera pas. À vous de tester d’abord en magasin.
La semelle intermédiaire
C’est un mix de deux technologies made in Osaka, Japan : l’ap+ et la fameuse plaque Wave. L’ap+ est la mousse utilisée par Mizuno depuis longtemps pour offrir amorti et dynamisme. Quant à la plaque Wave, c’est ici la plus simple de toutes. Explications.
Pas de Parallel Wave pour une meilleure dispersion des chocs et une plus grande stabilité, pas d’Infinity Wave pour limiter le plus possible les impacts et pas de Fan Shaped Wave ou même Double Fan Shaped Wave pour plus de maintien. Non. La plaque Wave est ici toute simple et joue son rôle et donc stabilise le pied et amortit les chocs de tous les côtés. La première partie de la vidéo ci-après est particulièrement explicative et montre une plaque Wave très similaire à celle utilisée dans notre Daichi 4.
Ce qu’elle explique de manière schématique est que la plaque Wave fait office d’amorti mais va aussi aider à rétablir les équilibres lors de la pose du pied, quand celui-ci peut pencher latéralement d’un côté ou de l’autre. Au final, la semelle joue son rôle : amorti + dynamisme. Vu le profil de la chaussure, un modèle plutôt typé compétition, c’est déjà très bien comme ça. Rien à redire donc. Ça fonctionne.
La semelle externe
C’est une semelle Michelin (c’est français Monsieur !) très solide, bien épaisse, étonnamment bien accrocheuse. Son épaisseur fait qu’elle est résistante et s’inscrira dans la durée. Autrement dit : vous pouvez envoyer ! Avant d’user cette semelle, il faut franchement y aller. Quant à son design, il est pour le moins original. C’est ce que Mizuno appelle l’XtaRide : il s’appuie sur le design concave de la plaque Wave de la semelle intermédiaire pour offrir un mix de crampons « X lugs » et « Xta groove » particulièrement efficace. Le but recherché est une meilleure adaptation au terrain.
Nous avons compté : il n’y a pas moins de 4 formes différentes de crampons dessinées sur le caoutchouc de cette semelle. Voire 5. Nous n’y voyons pas un ordre ou une méthode précise comme tend à le décrire Mizuno mais plutôt une disposition originale et éclectique, presque artistique et capable de faire face à tout. Le résultat est sans appel : lors de notre test, que l’on pose le pied sur de grosses pierres, des portions de terre inclinées, des descentes glissantes ou des troncs d’arbre, cette semelle externe ne nous a jamais trahis. Nous avons même noté que lors des passages sur la route, même si la chaussure reste avant tout destinée au trail, entendons-nous bien, elle réagissait très à propos, cette semelle externe n’étant pas gênante, pas trop imposante, ou encore handicapante. Loin de là ! Rappelons que les portions de route se retrouvent régulièrement sur les courses de trail, même celles qui se déroulent en montagne. Il est donc important d’avoir une chaussure qui reste souple, adaptable, confortable en semelle externe. Dans le cas de cette Daichi 4, cela ne fait que confirmer que nous sommes bien en présence d’une chaussure de trail polyvalente et non pas un char d’assaut hyper-protecteur fait pour les trails plus engagés, comme nous en avons parfois eu à tester dans ces colonnes.
Conclusion
Voici une chaussure qui se comportera très bien en course tant elle est souple. Son accroche est excellente, ses protections ne sont pas les plus aguerries du marché mais elles suffisent amplement pour les trails qui ne sont pas les plus accidentés et où vous pouvez réellement courir. En ce sens, et pour les plus geeks d’entre vous, elle n’est pas sans rappeler quelques modèles souples et légers de chez Columbia Montrail, Caldorado™, Bajada™ et Rogue™ F.KT.™ : des chaussures aux look sobres et aux performances redoutables pour les coureurs légers et compétiteurs. Ajoutons que la semelle externe de cette Daichi 4 est également très bien construite : sa protection durera longtemps.
Il était temps de re-découvrir le talent de Mizuno dans le trail running !
Les + : souplesse, polyvalence, solidité.
Les – : manquerait peut-être d’un peu de confort en tige à l’avant-pied. À voir…
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