
4% c’est le fruit d’une étude dans un labo universitaire du Colorado financée à 100% par Nike
Comment l’étude a-t-elle été réalisée ?
Cette étude a porté sur 18 coureurs hommes d’une vingtaine d’année, tous capables de courir le 10 km en moins de 31 minutes (19,3 km/h) et tous de pointure 10 US, 44 taille française (correspondance Nike). Ils sont venus un par un au laboratoire trois fois de suite, toute une journée à chaque fois pour courir sur un tapis. Lors de leur première visite, ils ont dû maintenir une vitesse de 18,5 km/h. Lors de la seconde visite, la vitesse imposée était de 16 km/h et, pour leur dernière visite, elle était de 15 km/h. Et pour chacune de leurs trois journées de tests en laboratoire, ils devaient réaliser une série de courses sur 5 minutes : 6 fois 5 min au cours de la journée exactement. Après chaque course de 5 min, ces coureurs cobayes changeaient de chaussures. Trois paires de chaussures étaient ainsi à leur disposition. Il portaient donc chacune d’elles deux fois. Il s’agissait d’une paire de prototypes de la Nike Zoom Vaporfly, d’une paire Nike Zoom Streak et d’une paire d’Adidas Adios Boost 2, avec lesquelles le Kenyan Dennis Kimetto a établi le record du monde en 2014 (2h02’57 »). Le but, comme l’explique un des co-auteurs de cette étude Shalaya Kipp, également coureur olympien de moyenne distance, « était de tester le prototype de la Nike Zoom Vaporfly contre les deux autres meilleures chaussures aujourd’hui présentes sur le marché ».
Pendant ces tests, les sujets respiraient sans arrêt avec un masque qui mesurait leur consommation d’oxygène et le nombre de calories brûlées par seconde. Quand ils couraient chaussés du prototype de la Nike Zoom Vaporfly 4%, les résultats ont montré qu’ils économisaient tous entre 2 et 6% d’énergie, donc 4% en moyenne. « A chaque fois, à chaque vitesse imposée, chaque coureur qui revêtait le prototype de cette chaussure dépensait moins d’énergie qu’avec une autre chaussure » a ainsi expliqué Rodger Kram, un professeur du laboratoire du département de physiologie de l’exercice de l’université. Grâce ces résultats, les chercheurs ont ensuite rapidement calculé qu’une réduction de 4% du coût énergétique sur la distance du marathon à la vitesse de l’actuel record du monde (22 km/h) pouvait donner un gain de vitesse total de 3,4% et donc réduire le chrono actuel de presque deux minutes (1’58 »54 »’ très exactement!). Rodger Kram a ajouté : « Rendez-vous compte qu’il a fallu 29 ans aux hommes pour faire baisser le record du monde du marathon de 3,4% pour arriver au 2h02’57 » actuelles ! ».
Comment Nike a pour le moment repoussé les critiques
Des voix se sont bien entendu élevées pour critiquer et mettre en doute ce résultat des 4%, notamment pour dire que la plaque de carbone de chaque semelle de chaussure agissait en réalité comme un ressort, ce qui est interdit par les règlements de l’IAAF, la fédération international d’athlétisme. Mais nos chercheurs du Colorado avaient anticipé. Pour éviter que la fatigue physiologique des coureurs n’affecte le résultat en désavantageant la chaussure placée en dernier lors des six 5 km à faire par jour, l’ordre des chaussures a été inversé à chacun des 5 km. Lors du premier 5 km, le coureur démarrait donc avec la chaussure numéro 1, puis il chaussait la 2, puis 3. Lors du 5 km d’après, il démarrait avec la 3, puis la 2, puis la 1. Et ainsi de suite. Pour éviter toute critique relative au poids des chaussures, les chercheurs ont aussi ajouté des poids dans les modèles les plus légers afin que les trois modèles de chaussures soient le plus proche possible les uns des autres. Petite note d’espoir pour nous autres, humbles coureurs de marathon : étant donné que les chercheurs ont trouvé des résultats similaires aux trois vitesses testées, il n’y a pas de raison de douter que les résultats, à savoir un gain d’économie d’énergie de 4% de moyenne, seraient exactement les mêmes pour des coureurs plus lents.
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