
Comme quoi il y du bitume à Annecy (et pas que de la neige). CQFD.
Voici une chaussure d’entrainement pour tous, pour la course sur route, de jour comme de nuit.
Avec un contour de semelle intermédiaire et des lacets réfléchissants, la Salomon Sonic Nocturne lancée vers la fin de l’année 2017 est sensée répondre aux besoins des coureurs à pied sur route qui sortent après le coucher du soleil ou, comme moi, parce que je suis un triathlète qui rêve encore à progresser (oui oui il rêve, ndlr) avant son lever. Malgré une coupure hivernale assez longue pour me régénérer mes amis, j’avais fait l’Ironman World Championship à Kona, Hawaii, en octobre dernier je vous le rappelle, une reprise douce s’avérait nécessaire pour répondre présent sur mes premiers objectifs du printemps. Les nuits sont encore longues en ce moment avec un lever du soleil après 8 heures du matin et cette petite chaussure Salomon me promettait monts et merveilles. Sonic Nocturne arrivait donc à point via mon livreur préféré (on red’ chef adoré). Je l’ai donc utilisée lors de mes footings matinaux de reprise sur le front de mer dans le Var et sur la piste cyclable derrière chez moi. Il n’était pas question de faire du fractionné court à haute intensité mais plutôt des intervalles longs de course à intensité faible ou moyenne avec des arrêts pour effectuer des exercices de gainage, de détente verticale ou des éducatifs. Mes parcours ont été plats et essentiellement sur un revêtement bitumé. Ayant souvent des difficultés à me borner aux conditions d’emploi spécifiées – moi aussi j’ai le droit d’être un rebelle – j’ai aussi testé cette chaussure pour faire de la randonnée rapide sur des chemins stabilités. Une précision : la chaussure fait partie de la gamme Sonic et se positionne en entrée de gamme : non pas parce qu’elle est d’un niveau qualitatif inférieur mais parce qu’elle est la chaussure à tout faire, celle qui devrait convenir au plus grand nombre. Suit de près la Sonic Pro 2, une chaussure plus légère et plus souple, et puis la version compétition : la S/Lab Sonic 2.
La tige
Les premières sensations lors de l’essai de cette chaussure sont « rigidité » et « maintien du pied ». Il suffit de prendre la chaussure en mains et d’essayer de la plier pour se rendre compte de cette évidence . J’ai dans un premier temps attribué cette impression aux caractéristiques mécaniques de la semelle. Mais, la tige est elle-même peu élastique et très renforcée. Cette chaussure est rigide dessous et dessus. Pour Salomon, il s’agissait de fabriquer un modèle « avec un mesh renforcé capable de protéger de la météo et d’offrir chaleur et visibilité ». C’est réussi. La chaussure est réfléchissante à 360°.
Cette tige est fabriquée en matériaux synthétiques épais avec des pièces de renfort en plastique. Le tout est d’une grande solidité. Cette technicité semble être héritée du savoir faire de la marque en matière de chaussures de trail. Si une bonne protection extérieure du pied n’est pas du tout un impératif pour une chaussure de course sur route, la robustesse de la tige est en revanche importante pour une chaussure d’entrainement car celle-ci doit durer et assurer un bon maintien tout au long de son utilisation. C’est d’autant plus vrai sur les modèle hiver qui vous protègent et subissent les agressions des éléments, principalement l’humidité.
Le confort du pied est ici très bien assuré, probablement grâce aux qualités du chausson et de la semelle de propreté. Si les orteils restent libres à l’avant, le pied est bien maintenu, sans pour autant être comprimé. Cela dit, j’ai le pied fin. A voir si le modèle convient aussi aux pieds large car j’ai lu des review anglaises et américaines sur sa petite sœur la Sonic Pro qui se plaignaient justement de son étroitesse de chaussant. Quoi qu’il en soit, cette chaussure montre que rigidité et confort peuvent faire bon ménage quand la chaussure est de qualité. La semelle de propreté est en Ortholite® et apporte de l’amorti mais aussi une certaine respirabilité. Elle est en effet d’une bonne épaisseur et possède des rainures pour assurer une bonne souplesse.
Quant au système de laçage, il est classique et ces lacets jaunes fluorescents /réfléchissants donnent encore de la visibilité à la chaussure. Pour augmenter cette dernière, le mesh autour du talon est également réfléchissant comme on peut le voir sur les photos prises de nuit. La précaution d’un laçage double nœud s’avère toutefois nécessaire car le simple nœud ne tient pas bien. Une note de design complètement subjective : qualifiée de bleu marine, la couleur de chaussure s’approche plutôt d’un gris foncé presque noir. Le contraste du contour et lacets fluorescents est de bon goût.
La semelle intermédiaire
Lors de ma première séance d’accoutumance et d’entrainement, le démarrage à 6 heures du matin a été difficile. Dès les premières foulées, j’ai eu l’impression de courir avec des semelles en bois et quelques vieilles douleurs articulaires se sont réveillées aux chevilles comme aux hanches. Comme il ne faut pas se fier aux premières sensations, j’ai poursuivi mon entrainement et les douleurs se sont dissipées après 15 minutes d’échauffement. Pendant toute la séance, la rigidité de la chaussure à vitesse lente et moyenne restait toutefois bien perceptible. Ne voulant pas en rester là, j’ai terminé ma séance par deux fois 500m progressifs en ligne droite pour tester le dynamisme de la chaussure. Bien échauffé et à allure rapide, les sensations étaient tout autres ! Le pied parfaitement maintenu réagissait bien au contact du sol et je n’ai pas eu de mal à monter en allure rapide. Finalement, cette chaussure d’entrainement est plus dynamique qu’elle n’y paraît à première vue. Elle est faite à mon avis pour s’entrainer à allure moyenne et vite. Dommage que la période de test pour moi ne correspondait pas à un cycle de travail de fractionné à haute intensité. Toutefois, je confirme qu’elle n’est bien entendu pas suffisamment légère pour être utilisée en compétition.
Ce qu’il faut savoir sur cette chaussure c’est qu’elle utilise deux nouvelles technologies mises au point par Salomon : la technologie Vibe et la technologie de Geometric Decoupling, autrement dit de découpe géométrique. La première, la Vibe Technologie, aide à la transition (1) attaque du pied (2) propulsion métatarses et (3) décollement des orteils. Elle fonctionne selon une combinaison de matériels qui agissent sur les vibrations afin de les réduire et assurer en même temps un bon retour d’énergie. C’est l’utilisation d’un polymère à haut retour d’énergie et d’un amorti novateur qui permettrait cette combinaison gagnante. Quant à la seconde technologie, celle de la découpe géométrique elle permettrait d’assurer une transition vers l’avant plus aisée. La chaussure ne contrôle plus tant le phénomène de l’hyper-pronation à l’aide de renfort sur le côté intérieur mais s’assure plutôt que la chaussure aide à la propulsion vers l’avant, tout en conservant autant que possible le pied dans l’axe. Ça, du moins, c’est la théorie.
La semelle intermédiaire d’une chaussure de course à pied contribue bien entendu aux caractéristiques mécaniques de l’ensemble de la chaussure. Elle fait appel aux dernières technologies de la marque pour trouver le meilleur compromis entre amorti et élasticité. Si j’ai eu des doutes sur les qualités d’amorti après ma première utilisation, les utilisations suivantes m’ont permis de courir sans douleur. A mon âge, il vaut mieux préserver l’intégrité de son appareil locomoteur à un moment de la vie où l’arthrose guète les organismes usés. Ouf !
La rigidité de la chaussure décrite précédemment ne doit pas être interprétée comme un point négatif.
Courir avec des chaussures rigides peut donner l’impression de limiter le dynamisme de son pied à vitesse faible. Mais la rigidité d’une chaussure contribue à la restitution de l’énergie élastique dès que l’on accélère. Il ne faut donc pas toujours se fier aux impressions. Si l’on veut rester objectif, il faudrait effectuer des mesures délicates, scientifiques. Caractériser la contribution d’une chaussure pour rechercher la meilleure efficience en fonction des vitesses de course n’est pas facile. Je ne me suis pas lancé dans cet exercice pour ce modèle. Vous me le pardonnerez. Il faut aussi parfois savoir prendre de la distance avec la recherche de performance.
Enfin, notez la chaussure Salomon Sonic Nocturne est une chaussure universelle. Si l’on en juge la photo de la semelle au niveau du talon, on aurait pu penser qu’elle a été conçue pour des coureurs légèrement supinateurs. Coureur universel moi-même, je n’ai ressenti aucun déséquilibre.
La semelle externe
Quand la chaussure a été lancée, Heather Pieraldi, la directrice du Running Footwear Development chez Salomon avait déclaré : « Nous avons monté en gamme sur cette semelle avec un grip très premium de chez Contagrip® capable d’apporter une assurance supérieure aux coureurs dans toutes les conditions hivernales : froid, humidité mais aussi aussi temps sec ». Selon moi, cette semelle externe a une empreinte qui ressemble à celle de la S/Lab Sonic 2 que j’avais déjà testée. Aucun besoin de changer un point technique qui a fait ses preuves. Les crampons sont toutefois plus épais et toujours à gomme dure. C’est un bon indice sur la durabilité de la chaussure, un peu comme les pneus de voiture. On peut donc s’attendre à une moindre usure et à une durée de vie plus importante, mais aussi à une moins bonne accroche sur route mouillée. Je n’ai toutefois, malheureusement, testé la chaussure que sur route sèche et chemin. L’accroche est bonne à toutes les allures.
Conclusion
A un moment où les journées sont courtes, cette chaussure va contribuer à vous motiver pour les entrainements nocturnes. Combinée avec des vêtements réfléchissants et une lampe frontale, c’est l’élément essentiel limiter les risques d’accident (Laetitia Laetitia Laetitia….). On n’est jamais assez prudent n’est-ce pas ? Elle peut très bien servir d’entrainement à ceux qui aiment fractionner sur la route. Elle est assez dynamique à vive allure mais elle n’est toutefois pas suffisamment légère pour être utilisée en compétition. Ce n’est pas du tout son ADN. A cause de sa rigidité, cette belle chaussure n’est pas faite pour les adeptes de chaussures minimalistes. On retrouve par contre dans cette Sonic Nocturne une bonne part du savoir faire de la marque en matière de robustesse. A n’en pas douter, cette chaussure est faite pour avaler les kilomètres en courant, mais aussi en randonnant.
Dans la même rubrique