
Salming T5 et la merveilleuse histoire de l’Exo Skeleton Design™
Par la rédaction, avec Geoffrey Herbert, Fredrik Olmqvist et Gaël Couturier. Photos © Herbert Family, Inc.
286g (H) et 223g (F).
Hauteur talon de 31,5 mm (H) et 30,4 mm (F)
Hauteur métatarses de 25,4 mm (H) et 24,3 mm (F)
Drop de 6,1 mm (H et F)
149€.
Salming ? Une marque suédoise née en 2001, présente dans le badminton, le floorball (oui oui le floorball, un hockey sur parquet, une spécialité nordique inventée dans les années 70), le handball, le squash, le volleyball et le padel (un sport de raquette….en bois, qui se joue en France aussi). À l’origine de la marque, il y a un homme. Un homme à la tête de tueur à gage. Börje Salming, un suédois d’origine Sami, 1m85 pour 95 kg, un hockeyeur de grand talent et un des tout premiers européens à marquer de son empreinte la fameuse NHL, la ligue de hockey professionnelle Nord-Américaine. Börje Salming a quand même joué pour Toronto, Buffalo et Détroit. Rien que ça. Il a aussi fini un jour le visage tellement découpé par le patin d’un adversaire qu’il a nécessité 200 points de suture. C’est dire le côté combattant du garçon. Börje a terminé sa carrière par les JO d’Albertville en 1992, à 41 ans. Voilà, on pose ça là.
Aujourd’hui, la marque est bien établie dans le running, comme nous l’a confirmé notre copain Fredrik Olmqvist, journaliste spécialisé pour des médias suédois et norvégiens, notamment le plus gros magazine norvégien de running nommé Kondis (Kondis, ça veut dire « endurance » en norvégien) : « Salming est une marque que l’on voit de plus en plus exploser en Suède. D’ailleurs, leur headquarters est près de chez moi, au sud de Gothenburg, dans la partie Sud-Ouest du pays. Salming est encore jeune, mais elle progresse bien. Je la vois souvent portée par les amateurs mais surtout de très nombreux athlètes de bons niveaux ici, parmi les plus rapides du pays. C’est un signe. Je sais que Salming essaie maintenant de percer en dehors de l’Europe, aux USA notamment. Leur croissance me semble stable, positive et ce n’est plus une petite marque chez nous car ils font aussi des chaussures pour beaucoup d’autres sport. Dans le floorball, c’est la marque leader. Et puis, dans le running, ils s’engagent auprès des coachs et des clubs, des athlètes élites aussi et font un bon gros buzz. Pour moi c’est une marque qui compte maintenant ». Merci mon Fredrik !
Notons que l’ADN de Salming est aussi résumé par le slogan : « no nonsense », autrement dit « pas de bullshit », ou encore « des études, de la R&D d’abord, du marketing après ». Voilà qui est clair. Les origines Samies du fondateur – populations indigènes de cette partie de l’Europe comprenant les territoires du Nord de la Norvège et de la Suède mais s’étendant aussi jusqu’en Finlande et en Russie – donnent une direction claire à la culture de son entreprise : les Samis ont toujours dû affronter des conditions climatiques dures où renoncer menait à la mort. Par conséquent, « si vous voulez jouer, vous jouez à fond ! » nous dit la marque. Ce que nos cousins américains traduiraient par : « go hard or go home ». Et Friedrich Wilhelm Nietzsche par : « ce qui ne tue pas rend plus fort ». Pour résumer la philosophie du garçon et de sa marque éponyme, on le cite : « la qualité du travail est réalisée chez nous avec de la sueur et parfois même du sang ». OK. Ça calme.
Bon, mais alors, cette Trail 5 ? Il se trouve qu’après avoir particulièrement apprécié le modèle Speed 6 (et non malheureusement pas de test dans ces colonnes – soupir – mais un modèle Speed 7 est désormais sorti alors sait-on jamais…), un modèle route typé entraînement rapide et compétition, la « T5 » nous a tout de suite rendu curieux…et enthousiastes : allions-nous retrouver nos sensations de confort, de dynamisme et de précision ?
La tige
Bon, en tout cas, dès l’ouverture de la boite, le look « punchy » nous séduit fort. Cette tige est à trois couches, trois, mais reste respirante. C’est une de ses forces. Car chez Salming, il existe des constructions à deux ou trois couches. Cette dernière se retrouve sur les modèles de trail, les modèles qui vont être les plus secoués. Logique. La première couche ici, c’est un mesh tout ce qu’il y a de plus normal. Comprenez : respirant, confortable. La couche du milieu est faite pour stabiliser les mouvements du pied mais sans rajouter de la pression sur le pied. C’est ce système de squelette qui apparaît sur les photos (il fait le lien entre la semelle intermédiaire et les lacets – on en reparle justement plus bas de ces satanés lacets). On a aussi trouvé une belle utilité, une vraie qualité, à cette seconde couche : maintien et stabilisation sans aucun mouvement parasite. Le pied reste toujours tenu, sans contrainte, mais sans trop de liberté non plus. Ce système de squelette que la marque appelle donc « Exo Skeleton Design™ » se trouve sous le mesh filet qui compose cette troisième couche et va finir de former la tige sans oublier de protéger quelque peu cette partie du dessus du pied. Un mot sur les lacets : le système de laçage est très souple et permet vraiment d’ajuster son maintien avec précision. C’est important. En revanche, et c’est THE point noir du modèle : on a cassé un oeillet de lacet assez bêtement, assez facilement, trop facilement. C’est donc un peu fragile. Ou alors notre modèle avait un défaut. Il faudra vérifier. Ça n’a l’air de rien comme ça bien sûr mais, au final, c’est assez gênant car ça oblige à ruser rudement pour pouvoir faire ces lacets et maintenir son pied en place. Bref bref….
À l’intérieur, c’est donc très agréable. Très. Nous n’avons pas remarqué de frottements gênants, même sur longues distances (nous n’avons toutefois pas dépassé les 34 km en une fois). L’avant-pied est plus large ici, chez Salming, que chez beaucoup d’autres équipementiers (à part Altra bien sûr). Pourquoi ? « Pour laisser l’avant-pied s’étendre comme il l’entend lors de la phase d’atterrissage du pied dans le sens bio-mécaniquement parlant » explique encore la marque. Elle a raison. En fait, c’est même tellement doux et large, également au niveau du médio-pied, que c’est un modèle que vous pouvez sans doute porter sans chaussettes (pour ceux que ça intéresserait). Pieds fins par contre, attention : essayez bien la chaussure avant en magasin. C’est large. On se répète. Exprès. Pas de panique, la coque talon est semi-rigide et fait le job pour vous maintenir le pied au fond de la chaussure et puis grâce au système en squelette, le pied est correctement maintenu dans la chaussure. Ce système « en squelette », il fonctionne. À l’avant, on note un intéressant petit pare-pierre que la marque appelle « RocShield™ » et qui va protéger contre les impacts, les branches, les pierres. La marque avance qu’il va aussi rallonger la durée de vie de la chaussure. Euh…oui. Admettons. On termine par une note sur le look : nous, on a bien aimé. « Canon » s’est même exprimé notre Geoffrey. « J’aime le ton agressif et joueur de cette chaussure. Rien qu’en la regardant on s’aperçoit que le chaussant est fin et épuré ». Il n’a pas tort. Voyou.
La semelle intermédiaire
D’abord précisons que nous avons éprouvé la Trail 5 à la fois sur terrain sec mais aussi sur terrain gras et même un peu technique. Oui, on est en été, mais la météo fait des siennes ces derniers temps, n’est-ce pas ? Ensuite ce drop. La marque annonce 5 mm mais des sites indépendants de laboratoires américains ont calculé 6,1 mm. C’est précis. On les croit. Ça nous fait du bien de ne pas forcément croire tout ce qu’annonce la marque et puis, franchement, cela ne change pas grand chose. Car ce drop donc, il est léger, et il est là pour favoriser le déroulement de votre foulée, de manière confortable. On a apprécié. Vous apprécierez aussi.
Une des principales technologies intéressantes mises au point et proposées par Salming, c’est cet étrange TGS 62/75°™. Explications : pour Salming, la distance entre sous la tête des métatarses et le talon c’est 62% de la longueur de la chaussure. Admettons. Cette partie est ici particulièrement renforcée en stabilité, jusqu’au point de flexion de la voûte plantaire, qui serait capable de former un angle de 75° quand elle est en flexion. D’où ce nom. Très bien. Cette technologie dite TGS 62/75°™ assurerait à la chaussure de se comporter comme votre propre pied : avec souplesse, légèreté et une propension à vous propulser vers l’avant.
Les deux autres technologies de ce modèle dans sa semelle intermédiaire qui nous intéressent sont les deux suivantes : SoftFoam™ et Recoil™. Le mix des deux forme l’amorti de Salming. Il nous a offert une belle sensation de moelleux, très confortable, et un renvoi d’énergie important, précis. On ne s’en plaint pas. Le tout est donc une mousse amortissante qui est aussi résiliente (et donc dynamique car elle reprend facilement sa forme). Quant à la technologie Torsion Efficiency Unit™, celle-ci permet à la semelle d’apporter du maintien et rester dynamique sans se rigidifier outre mesure. La semelle intermédiaire c’est toujours un gros morceau dans l’analyse d’une chaussure bien sûr mais Salming est une marque encore nouvelle pour nous aussi et nous affinerons donc nos critiques sur ce point au fur et à mesure de nos prochains tests. Comme on dit souvent : stay tuned sauvages.
La semelle externe
Construite à base du fameux caoutchouc Vibram, marque italienne que tout le monde connaît, cette semelle est sans mauvaise surprise : une belle solidité, de la résistance et une excellente accroche. Autrement dit, elle nous apporte tout ce que l’on est en droit d’espérer d’une chaussure de trail running digne de ce nom, même sur des surfaces glissantes comme de la roche, même par temps humide à très humide.
Conclusion
Voici une belle nouveauté et une marque dont on est pas près de se lasser tant elle nous a éclairés, inspirés. Bien sûr l’histoire de son fondateur est exceptionnelle mais, comme avec Kari Traa, ce sont les produits qui nous enchantent le plus. C’est de plus une chaussure bien légère mais amortissante, confortable et dynamique capable d’aller chercher les distances longues, type marathon – si vous n’êtes pas trop lourd toutefois. Mais l’autre gros point bonus pour nous c’est la précision du chaussant et de sa semelle externe. Pas de faux pas ici. ‘Sont forts ces suédois. Peu importe le terrain, c’est un régal de se sentir autant en sécurité dans cette chaussure. C’est à essayer. Sans conteste.
PS : 200 points de suture au visage quand même… Ça pose le bonhomme, et le type de sportif qu’il était. Respect. On adore.
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