
Guest : Rémi Duchemin, directeur général UTMB® International.
Par la rédaction et avec Gaël Couturier, 4-times finisher de l’UTMB®.
Photos © UTMB® et UTMB® International.
Dans cette cinquième et dernière partie, je pose encore quelques petites questions à mon interlocuteur Rémi Duchemin, le directeur de l’UTMB® International. Ces questions concernent exclusivement les États-Unis, pays où, il nous l’a dit la dernière fois, sera annoncée la prochaine course by UTMB®, après celles de la Chine, Gaoligong by UTMB®, du Moyen-Orient, Oman by UTMB® et de l’Amérique du Sud, Ushuaia by UTMB®. Les États-Unis, vous le savez, c’est une puissance économique dingue qui « drive » encore, pour la majeure partie, le marché du running planétaire dans son ensemble, route et trail running confondu. Mais aussi puissant que soit ce pays, il ne parvient toujours pas à mettre un de ses hommes sur la finish line de l’UTMB® Mont-Blanc en vainqueur. Écoutez ce que nous répond notre homme sur ces questions qu’il connaît bien. Verra-ton une Hardrock by UTMB® ? Les coureurs élite du pays de l’oncle Sam vont-ils finir par se lasser à force de ne pas vaincre à Chamonix ?
Comme précédemment vous pouvez choisir de lire l’interview ci-après, ou bien de l’écouter en cliquant sur le fichier son en bas de page.
Gaël Couturier : Une dernière question Rémi, c’est à propos de la Hardrock Hundred Mile Endurance Run. C’est une course mythique qui se passe dans le Colorado. Est-ce que, à un moment tu ne t’es pas dit que plutôt que de créer un événement de A à Z, sans doute dans le Colorado aussi, vous pourriez vous rapprocher des gens qui font cette course depuis 27 ans (elle a été lancée en 1992 et s’est courue chaque année sauf en 1995 à cause de la neige et en 2002 à cause des incendies de forêt), fusionner vos forces et créer une Hardrock by UTMB® par exemple ?
Rémi Duchemin : Je pense que la Hardrock, en l’état actuel des choses, est limitée en terme de participants. C’est une contrainte administrative purement américaine qui les empêche de dépasser 400 coureurs maximum, je crois. C’est donc difficile d’imaginer que ça puisse devenir un très grand événement populaire avec beaucoup plus de participants comme on le souhaiterait. Mais sinon, de manière générale, pour prendre un peu de hauteur par rapport à ta question, car je ne suis pas prisonnier d’un modèle, les discussions qu’on a eues avec les uns et les autres nous ont orientés vers la création d’un événement en Chine, c’est le Gaoligong by UTMB®, d’un événement au moyen orient, c’est l’Oman by UTMB® et d’un événement en Argentine, c’est l’Ushuaia by UTMB®. Mais si demain, il y avait un organisateur américain qui venait nous voir en nous disant : « Tiens, j’ai discuté avec mes partenaires, avec les autorités locales qui nous soutiennent, et votre système de course by UTMB® ça pourrait nous intéresser », on pourrait très bien imaginer qu’un événement se re-développe ou modifie la nature de son projet et qu’il y ait une combinaison des énergies. Ça, c’est complètement envisageable.
Gaël Couturier : Bon, allez dernière question pour la route. Tu étais à l’UTMB® Mont-Blanc cette année, j’imagine ?
Rémi Duchemin : Oui oui. J’y vais chaque année depuis 13 ans.
Gaël Couturier : Donc tu as bien remarqué, comme moi, comme nous tous, qu’il n’y a jamais eu aucun coureur américain masculin qui s’est imposé à cette course.
Rémi Duchemin : Ça va arriver un jour…
Gaël Couturier : Mais tu ne crois pas plutôt que ça va finir par les énerver et qu’ils vont arrêter de venir ces américains ? Certains sont venus, ils ont vu mais ils n’ont pas vaincu et on ne les revoit plus…
Rémi Duchemin : Non. Je ne pense pas. La grosse surprise, c’est qu’on aura peut-être un vainqueur chinois, sur la distance UTMB® avant un vainqueur américain, parce que ça va quand même très très très vite dans ce pays qu’est la Chine. On l’a vu cette année avec les deux victoires sur la CCC et l’OCC (Miao Yao sur la CCC chez les femmes et Erenjia Jia sur l’OCC chez les garçons, ndlr). Mais non, je pense que les américains, tant que l’UTMB® va leur résister, ils vont continuer de venir. Il n’y a aucune raison que la motivation décroisse. Au contraire ! Alors, oui, ça doit les énerver que la victoire leur échappe, c’est sûr et certain. Mais les américains ne sont pas réputés pour capituler devant les obstacles. Je ne pense pas du tout que ce soit dans la culture américaine. Au contraire. À mon avis ça ne fait que renforcer leur volonté d’y arriver. Et d’ailleurs on le voit puisque depuis 2-3 ans, la densité de coureurs américains avec un indice ITRA très élevé, c’est à dire de très bons coureurs, qui viennent pour essayer de gagner l’UTMB®, est de plus en plus importante. Ils viennent de plus en plus, ils sont de mieux en mieux préparés mais, oui, force est de constater que la victoire ne leur est pas encore revenue.
Gaël Couturier : Alors ils se vengent en éliminant les coureurs français qui se ravitaillent en dehors des zones autorisées sur la Hardrock…
Rémi Duchemin : Ah ah ah…Exactement….
Conclusion de ce reportage « spécial UTMB® » avec Rémi Duchemin, directeur général UTMB® International.
Rémi nous a fait de belles annonces, notamment sur le nombre de courses UTMB® qu’il veut créer avec Michel et Catherine Poletti à travers le monde. Ces épreuves UTMB® deviendraient dès lors une série, un peu comme Ironman en triathlon ou Abbott World Marathon Majors pour la course sur route. Ça ne s’est encore jamais vu en trail running, même si quelques timides tentatives existent ici et là. L’autre belle annonce de ces 5 rendez-vous que nous vous avons proposés c’est que le prochain nouvel UTMB® aura lieu aux USA, pays qui n’est en effet pas réputé pour sa culture des grands événements de trail running, alors qu’ils ont d’une certaine manière inventé la discipline. Avec l’ITRA, avec ces UTMB®, avec l’Ultra Trail World Tour dont nous avons parlé aussi, la pratique compétitive du trail running s’harmonise, s’organise, se hiérarchise. C’est sans doute pour le meilleur mais, rassurez-vous, rien ni personne ne pourra jamais vous voler ce qui fait l’origine de ce sport : la liberté et le rapport à la nature, loin de la civilisation. Car jusqu’à preuve du contraire, dans nos pays civilisés du moins, nous pouvons tous pratiquer où nous voulons, quand nous voulons, avec qui nous voulons, et pourquoi pas tout seul. Bonne course !
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