
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la TenNine d’Hoka One One sans jamais oser le demander, part II
Par la rédaction et notre envoyé spécial aux USA, Gaël Couturier. Photos © Hoka One One, Unsplash.
Un média américain a récemment titré « WTF is up With the Hoka One One TenNine? ». Il ne parlait pas du Coronavirus non mais bien de la nouvelle création folle d’Hoka One One, la marque franco-californienne imaginée à la Réunion, née près d’Annecy et aujourd’hui quasiment entièrement réalisée à Goleta, Californie, tout près de Santa Barbara. On ne vous traduit pas ce que WTF peut vouloir dire. Vous êtes bien assez grands. Et si vous doutez encore, allez sur Google. Bon. Nous, le moins que l’on puisse dire en effet c’est que la toute nouvelle chaussure d’Hoka One One surprend (33 mm au talon contre 29 mm sous les métatarses et une largeur de malade). On peut même aller jusqu’à dire qu’elle dérange, du moins au premier abord. On s’est penché sur la question avec un peu plus d’informations que la dernière fois (c’était ici : https://leblog.enduranceshop.com/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-la-tennine-dhoka-one-one-sans-jamais-oser-le-demander/). Essayons donc d’y voir plus clair les amis.
Hoka One One fête ses 10 ans avec classe et beaucoup de fracas.
La marque s’est créée sous l’impulsion de Jean-Luc Diard et Nicolas Mermoud, avec ses semelles intermédiaires overzise, des mousses très très épaisses qui apportent encore aujourd’hui un amorti incomparable et dont le but est de vous protéger plus les km s’allongent et ainsi préserver la qualité de votre foulée. Savoir que ce diable de Jim Walsmley, qui vient de remporter aux USA le titre d’ultra runner de la décennie (titre décerné par le très respecté Ultra Running Magazine, encore aux USA), explose tous les records de la Western States Endurance 100 en Hoka One One depuis plusieurs années et crédibilise la marque. Aujourd’hui, personne ne va à l’encontre des bénéfices apportés par Hoka One One en trail running en particulier et sur les longues distances en général. Avec cette nouvelle TenNine, la marque ressort de ses tiroirs un concept qu’elle avait déjà envisagé au tout début de son aventure commerciale : une chaussure qui ne s’étire plus seulement en hauteur mais également en longueur et en largeur. À l’époque, le concept n’avait pas vu de sortie commerciale mais était resté cantonné à la R&D, sans doute parce que trop osé, trop révolutionnaire, trop ambitieux pour l’époque encore bien conservatrice et obsédée par le minimalisme. Le but recherché par cette nouvelle TenNine est une fois de plus de transformer l’expérience de course des coureurs d’ultra trail. Car c’est bien de longues distances dont il s’agit, et plus particulièrement de ces longues descentes montagnardes. L’origine alpine de la marque se fait encore ici bien ressentir. « La géométrie de cette chaussure a été créée spécifiquement pour aider à amortir dans les descentes, amorti qui se fait souvent sur l’arrière, au talon » nous a ainsi déclaré un responsable de la marque aux USA. La TenNine aurait donc dans son design poussé plus loin le concept de ce que la marque appelle le « meta-rocker », autrement dit cette forme en banane à la manière des planches de surf et qui permet un déroulé plus fluide entre le talon, le médio-pied, l’avant-pied et ce moment où votre pied va quitter le sol.
Autre élément à noter sur ce modèle, c’est son poids. 360 g.
C’est pour ainsi dire conséquent. La TenNine n’est donc pas dans la catégorie des poids plumes pour courir vite et sur des distances plus courtes. Mais, vous le savez, sur les plus longues distances, le confort et la résistance à l’usure sont des éléments importants. Certains commentateurs américains ont là encore comparé la chaussure à un concept-car : le look est dingue, trop fou pour que nous l’adoptions comme la voiture de tous les jours, mais comme de toute façon nous n’en avons pas ni les moyens ni l’envie, seuls les plus fêlés d’entre-nous monteront dedans.
La vidéo suivante provient d’un article publié dans Runner’s World aux USA et montre bien ce que la semelle est capable de faire quand votre pied se pose sur des obstacles dans une descente à pleine vitesse.
Félicitons d’abord Hoka One One pour leur créativité et leur courage.
Bon, alors c’est vrai qu’on a un peu tout vu ces derniers temps, en commençant par le minimalisme, notamment impulsé par Nike et Vibram. Ensuite Hoka One One est arrivé pour prendre tout le monde à revers avec ses semelles folles, justement en plein boom du minimalisme, ce qui est assez dingue quand on y pense. Et puis dans un tout autre genre, il y a eu Altra, avec ses chaussures pour pieds de canard qui, au final, ont également participé à redessiner l’idée qu’on pouvait se faire du confort dans une chaussure de running sur les longues distances en particulier. Depuis Hoka One One et Altra, le ridicule ne tue plus. Et c’est tant mieux ! C’est tant mieux parce que le conformisme et le running à la papa on en a tous ras la banane. Nous nous sommes en effet peu à peu habitués aux looks les plus fous et c’est très bien comme ça. Désormais le choix des designs de chaussures de running est beaucoup plus important qu’avant. Le running est, grâce à ces quelques marques qui bousculent les idées reçues, devenu beaucoup plus fun et on ne peut que les remercier chaleureusement (enfin de pas trop près quand même…). Alors plutôt que de critiquer ouvertement et avec beaucoup d’à priori ces nouvelles TenNine, nous préférons, nous, les accueillir avec au contraire beaucoup d’enthousiasme et féliciter Hoka One One pour leur créativité et leur courage.
Au pied, la chaussure fait-elle le job ?
Cela dit, on ne répètera jamais assez que cette chaussure est faite pour une chose et une seule : courir de longues distances en montagne avec beaucoup de descentes. En effet, comme l’écrivait encore un critique américain ces derniers jours : « avec la gravité qui vous pousse dans la pente et vos pieds qui recherchent désespérément une accroche, un faux-pas peut avoir des conséquences désastreuses ». C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’une marque comme Adidas propose un petit volet en plastique à l’arrière de ces Response Trail depuis 10 ans – un modèle référence pour le trail running chez la marque allemande. Même chose avec Altra et ses Lone Peak, le haut de gamme et la référence ultime de ses modèles de trail running. Chez ces deux modèles précités, le but de ces petites protubérances arrières est de vous offrir une accroche renforcée ainsi qu’un léger système de « freinage » d’urgence qui peut vous aider à rester accrocher au terrain et éviter les faux pas qui coûtent cher. Sur ce nouveau modèle d’Hoka One One, le système est différent : la mousse EVA est vraiment très molle et avale littéralement le terrain, les pierres et tous les obstacles qui vont se mettre sous vos pieds (vos talons) en descente. Le but est de vous aider à vous laisser aller sans retenue, sans crainte et sans danger, avec l’assurance d’avoir une assise, un amorti et un maintien défiant toute concurrence. À l’essai, les rares journalistes qui ont eu la chaussure ont été surpris : le système fonctionne, l’effet voulu est une réussite. Mais. Car il y a quand même un mais, un gros même.
D’abord il faut du temps pour s’habituer au design.
Ce que nous appelons habituellement une « rock plate », une plaque en plastique dur qui fait barrage aux cailloux pointus est ici remplacé par l’épaisseur de la mousse : elle est si épaisse que rien ne passe. C’est comme si vous aviez un gros Marshmallow sous les pieds. Mais alors un gros gros gros Marshmallow : 33 mm d’épaisseur. Ah quand même ! En somme, Hoka One One, avec cette TenNine reste fidèle à son ADN : nous protéger encore, toujours. Pour ce faire, outre cette nouvelle forme de semelle, la marque a revu toute ses géométries habituelles. Le but : offrir le plus de surface d’amorti et d’accroche possible pour une conduite plus stable, plus douce aussi. Non seulement la mousse est très épaisse, ça ce n’est plus tellement une surprise chez Hoka One One, mais elle est aussi plus large que jamais : 2,5 cm en plus que la tige. Alors oui, la chaussure est plus lourde, plus épaisse et plus large mais elle est réalisée dans un but qui contredit ces faits : vous permettre d’aller plus vite dans les descentes. Vous suivez ? Les avis après les tests réalisés ici aux USA sont partagés. Il semble y avoir autant de positif que de négatif à porter cette chaussure. Sur le plats et les montées, le contact avec le sol arrive plus vite et donne lieu – au début – à des pas qui hésitent, qui accrochent le terrain même. Ce qui peut être dangereux. Mais l’amorti fonctionne, très bien même. Le poids de la chaussure semble en revanche être un bémol qui pèse sur les longues distances. Car au bout d’un moment, ça commence à peser. Quant à la largeur de la semelle, elle surprend tellement que les pieds frottent l’un avec l’autre plus souvent qu’on aimerait. Ce n’est pas super agréable et c’est même un peu casse-la-figure.
En descente pure : oui, la chaussure réagit différemment d’autres modèles plus classiques.
Sur les pentes pas trop accidentés, les sensations de contrôle et de stabilité sont clairement renforcées. Tout comme l’amorti. On peut ainsi comparer ces chaussures à des skis « fats », autrement dit « gros » ou « larges » et dont la surface d’appui plus importante permettent d’améliorer la stabilité sans pour autant compromettre la vitesse. Cela dit, concernant cette TenNine, sur les pentes plus escarpés, moins lisses, la pratique demande plus de doigté, plus d’expérience aussi. Sinon c’est la gamelle assurée semble-t-il. Un comble. On rappelle que cet article est basé sur une étude des critiques américaines en cours car nous n’avons pas eu la chaussure entre les pieds. La TenNine n’est donc absolument pas mauvaise en soi, bien sûr, mais elle demande une sérieuse adaptation, du doigté quoi : l’arrière aiderait en même temps qu’il gênerait. C’est donc un mix assez étrange. Certaines autres critiques américaines qui ont testé la chaussure pensent que des modèles comme les EVO Mafate ou les Speedgoat 3 et EVO Speedgoat, plus fines mais aux semelles externes plus accrocheuses, plus agressives, fonctionnent tout aussi bien. À voir et à essayer surtout.
Géographie en résumé
Poids : 360g (pour une taille 9 US chez les hommes et 10 US chez les femmes)
Design: unisex (pas de modèle femme spécifique)
Hauteur talon : 33 mm
Hauteur métatarses : 29 mm
Crampons de semelle externe : 3 mm
Prix : 250€/$250
Dernier conseils d’ami : n’essayez surtout pas de conduire avec ni de les porter dans les escaliers ! L’expression « se prendre les pieds dans le tapis » prendrait là tout son sens…À ne pas mettre pour un Grand Raid de la Réunion ou une Hong Kong 100 donc. À bon entendeur salut.
Conclusion : Difficile d’avoir un avis définitif mais ce qui est sûr c’est que la chaussure sera difficile à assoir dans votre panoplie de coureur de sentiers, surtout quand on prend bien conscience du prix. Cela dit, la TenNine se destine aux hautes performances et non pas à la masse des coureurs du dimanche. Les avantages restent un peu light par rapports à d’autres modèles Hoka One One que nous avons cités. La TenNine se destine donc selon nous plus aux entraînements qu’à la compétition car elle n’est pas assez versatile. Mais c’est aussi, après la Carbon X, un beau coup de com’ réussi par Hoka One One car depuis quelques jours, et à travers toute la planète, tout le monde parle de cette TenNine.
Les plus : amorti imbattable dans les descentes, semelle bien large qui empêche de se vriller la cheville quand vous accélérez (entorses littéralement impossible – sauf dans les escaliers gniac gniac gniac…).
Les moins : utilisation réduite, temps d’adaptation requis et prix…hors norme (le comble !)
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