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Comment s’inscrire ? Amener une plaque d’immatriculation de chez soi. Benoît Laval avec son « maitre », Gary Cantrell.

Vol au-dessus d’un nid de coucou

Par François-Xavier Gaudas. Photos Yog’Athletic & Alison Lacroix Outdoor INITIATIVES

À l’occasion de la présentation du documentaire « la Barkley, le film » réalisé autour de la participation 2016 de Benoît Laval (le fondateur et CEO bien connu de la marque Raidlight), nous avons rencontré l’américain Gary Cantrell, alias Lazarus Lake ou « Laz », 70 ans. Il est l’organisateur et créateur de la Barkley Marathons, la course la plus déjantée et la plus roots ou authentique de la planète running : 5 tours de 40 à 50km chacun avec un livre à trouver et une page à y arracher à chaque fois, 20 000 m de dénivelé positif au minimum, pas de balisage, pas de ravitos, pas d’heure de départ annoncée à l’avance, pas même de bulletin d’inscription, et un cut off de 60h, le tout au fin fond de la chaîne de montagnes des Cumberland, une section particulièrement inhospitalière des fameuses montagnes Appalaches à l’Est des USA. En 31 ans d’existence, la course n’a eu que 13 finishers. Un sacré record. Le moins que l’on puisse dire à la lecture de cette interview est que Gary Cantrell est un homme simple, équilibré, sain. Étonnamment loin de tous les clichés.

Running Café : Gary, vous avez sans aucun doute une personnalité assez atypique. Votre idée de course est basée sur l’échappée manquée de l’assassin de Martin Luther King en 1977. Il s’appelait James Earl Ray et s’est échappé du pénitencier de Brushy Mountain State pendant 55h. Il s’est perdu dans ces bois et n’a réussi à parcourir que 13 petits km. C’est dire à quel point cet endroit est hostile. On peut dire que vous êtes un vrai sadique d’avoir organisé une course dans cet endroit. Du coup, parce qu’on voulait vous faire souffrir à notre tour, on vous a concocté un petit jeu bien français : le questionnaire de Proust ! Première question : Quelle est votre idée du bonheur ?
Gary Cantrell : Faire une longue balade dans les bois avec mon chien qui s’appelle « Big »

RC : Votre plus grande peur ?
GC : Me blesser au point de ne plus pouvoir courir mais cela vient de m’arriver alors je n’en ai plus vraiment. La deuxième serait ma peur des hauteurs mais j’en reste aussi loin que possible !

RC : Ce que vous aimez le moins chez vous ?
GC : Question difficile ! Et bien, peut-être le fait que je dis tout ce qui me passe par la tête. Ça me joue des tours.

Les deux seuls français de l’édition 2016. Benoit Laval et Rémy Jegard (en bleu tous les deux). Aucun des deux n’a terminé. Prévisible ?

La fameuse et diabolique ligne de départ et d’arrivée. Une simple barrière jaune de garde champêtre. #damned!

Les projections en France : des petites salles, trois personnages rigolos, un film de ouf sur une course d’extraterrestres. On croit rêver (ou cauchemarder). On est à 99,99% sûr que vous les avez ratés. Un peu comme votre pourcentage de chance de finir un jour cette course. #sansmoilannéeprochaine. #trucdeouf

RC : Ce que vous aimez le moins chez les autres ?
GC : L’étroitesse d’esprit.

RC : La personne que vous admirez le plus ?
GC : Encore une question difficile ! J’admire toujours quelque chose en chacun de nous, car je pense que nous avons tous un petit quelque chose qui nous rend différent.

RC : Votre plus grande extravagance ?
GC : Probablement mon mode de vie, j’arrive à vivre dans une grande ferme dans les bois (rires) !

RC : Votre état d’esprit actuel ?
GC : Je suis perturbé par toute cette attention que je reçois, je ne la comprends pas. C’est la première fois que je sors des Etats-Unis. Je n’avais jamais voulu aller à un endroit qui me demandait un passeport ! J’ai quand même 39 ans… (rires)

RC : La vertu la plus surfaite selon vous ?
GC : Pour moi il n’y a qu’une seule vertu et c’est celle qui consiste à faire ce qui est juste donc elle ne peut pas être surfaite.

RC : Dans quel genre de situation mentez-vous ?
GC : Quand ça m’arrange !

RC : Ce que vous aimez le moins dans votre apparence ?
GC : Je suis vieux, gros et chauve… mais comme je ne me suis jamais trouvé beau j’y suis bien habitué.

RC : La personne que vous détestez le plus ?
GC : Personne.

RC : La qualité que vous appréciez le plus chez un homme et/ou chez une femme ?
GC : La soif de connaissance. J’aime qu’une personne cherche à se cultiver, cherche des réponses aux questions que la vie nous pose. J’aime aussi beaucoup les gens gentils. La gentillesse est la qualité que je préfère chez les gens.

RC : Les mots ou les phrases que vous utilisez le plus souvent ?
GC : J’écris beaucoup, donc j’essaie de ne pas répéter toujours les mêmes choses en fait. A part peut-être certaines blagues.

RC : Qui est le plus grand amour de votre vie ?
GC : Joker ! Je ne peux pas répondre à celle-ci (rires)

RC : Quand et où avez-vous été le plus heureux ?
GC : Toujours en compagnie d’une belle femme.

RC : Quel est le talent que vous rêveriez d’avoir ?
GC : Je voudrais pouvoir calculer instantanément sans avoir à penser ni réfléchir et aussi pouvoir me rappeler des noms des gens ! Prenez Benoît par exemple (il pointe le doigt alors vers Benoît Laval), je sais qui il est mais cela me demande un effort de me souvenir de son prénom (rires).

RC : Si vous pouviez changer quelque chose chez vous ?
GC : Retrouver la condition physique de mes jeunes années, de quand j’avais 18 ans, quand j’avais encore toutes mes dents et mes cheveux. Pouvoir mettre à profit cette belle forme naturelle d’une autre manière… un peu comme tout le monde sûrement.

RC : Votre plus belle réussite ?
GC : Que mes enfants soientt heureux. J’en ai trois.

RC : Si vous deviez mourir et revenir en tant que personne ou chose ?
GC : Moi-même, je suis très heureux comme je suis !

RC : Où voudriez-vous vivre le plus ?
GC : Exactement là où je vis. C’est pour cela que je me suis donné autant de mal, pour avoir ce mode de vie. Depuis tout petit, je voulais vivre dans une maison dans les bois et je ne pensais pas que j’y arriverais un jour. Mais tout s’est passé comme je le voulais et je suis heureux d’avoir réussi.

RC : Votre bien le plus précieux ?
GC : Justement : ma maison dans les bois.

RC : Ce que vous considérez comme la chose la plus triste qui soit ?
GC : Ne pas vivre sa vie, et rester enfermé sur soi-même.

RC : Votre activité favorite ?
GC : Avant j’étais comptable et j’adorais ça. Ce que je dis souvent à mes enfants c’est qu’il y a des gens qui adorent leur travail et d’autres qui le détestent, mais la différence ce n’est pas le travail en lui-même. Peu importe ce que vous faites, il faut que vous aimiez ça car sinon vous allez être malheureux. Aujourd’hui, je sculpte la pierre et cela m’amuse énormément.

RC : Votre trait de caractère le plus fort ?
GC : Mon sens de l’humour. Je pense que quoi qu’il vous arrive, il vaut mieux en rire qu’en pleurer car pleurer ne vous aidera à rien.

RC : Ce que vous aimez le plus chez vos amis ?
GC : (Il se sert un Coca nonchalamment et réfléchit longuement). Tous les moments que l’on a partagés, même après toutes ces années et même si nous ne vivons pas au même endroit. Tous mes amis sont pour la plupart de vieux amis que j’ai depuis le lycée.

RC : Vos auteurs préférés ?
GC : Je lis surtout des revues scientifiques et des manuels, ce genre de choses. Il y a cet auteur que j’adore, il est considéré comme le meilleur en géologie mais je n’arrive pas à me rappeler de son nom je suis désolé, je suis nul pour ce qui est de me rappeler de ce genre de choses. Mais je sais que cet auteur a écrit « Annals of the former world ». (Après vérification, il s’agit de John Mcphee, ndlr)

RC : Quels sont vos héros de fiction, dans la vraie vie ?
GC : J’en ai un paquet mais dans la vraie vie. On en revient à la question sur la personne que j’admire le plus en fait, un peu tout le monde car chacun a quelque chose de spécial en lui. Les gens qui donnent le maximum dans tout ce qu’ils font, je ne peux pas en nommer spécifiquement.

RC : Vos noms préférés ?
GC : Lazarus Lake ! Ce sont les meilleurs, je les ai sortis de nulle part et les ai utilisés jusque dans mon email !

RC : Ce que vous détestez le plus ?
GC : Les gens qui n’ont pas l’esprit ouvert sur le monde.

RC : Votre plus grand regret ?
GC : Il rit. Je n’ai aucun regret, on peut toujours se dire qu’on aurait fait les choses différemment mais je n’ai aucun regret sur les décisions que j’ai prises au moment où je les ai prises.

RC : Comment voudriez-vous mourir ?
GC : Sans douleur. Ça arrivera quand ça arrivera, j’ai eu une belle vie.

RC : Votre devise ?
GC : Vivez tant que vous êtes vivant. À vrai dire, j’ai déjà beaucoup réfléchi à cette question. Beaucoup de gens meurent alors qu’ils sont toujours vivants… vous me suivez ? Ils arrêtent de faire ou de vivre de nouvelles choses, de visiter de nouveaux endroits alors qu’il y a tellement de belles choses et de joie dans ce monde et on a la chance de n’être là que pour peu de temps finalement. La chose que les gens font quand ils n’ont pas de buts c’est qu’ils en cherchent en permanence. Ils font une ‘’bucket list’’, cette liste de choses que vous souhaitez faire avant de mourir. Je la vois de manière un peu différente : elle n’est jamais terminée, il y a toujours des choses que je voudrais faire en plus avant de mourir, jusqu’à la fin j’aurai cette envie de toujours faire plus de choses.

La prochaine édition de La Barkley Marathons aura lieu en avril 2017.
Inscriptions ? La seule info qu’on est en mesure de vous donner est que la course se déroule dans le parc régional de Frozen Head, près de la ville de Wartburg à l’Est du Tennessee, côte Est Nord Américaine. Pour le reste, débrouillez-vous ! Dernière info, un très bon documentaire a été fait sur la course. Il est en anglais mais c’est certainement le meilleur de tous : The Barkley Marathons: The Race That Eats Its Young, par Annika Iltis et Timothy Kane.

« Désolé, c’est fini, vous êtes mort. Yes ! » Benoît Laval, 20 min de retard sur le cut off du deuxième tour. « Toutes nos condoléances. C’est sans appel. Merci, au revoir. Retour à la case départ. Tiens,, regarde j’enlève mon chapeau du coup ! »

Benoit Laval et Gary Cantrell

Benoît Laval après son infortune et son tortionnaire Gary Cantrell. Apparemment il en veut encore…

« azimut brutal », comme ils disent dans la Légion Étrangère. Traduction : tout droit, quoi qu’il arrive.

Vol au-dessus d’un nid de coucou, part 2

Benoît Laval est un garçon étonnant qui pourrait bien finir comme l’asticot Gary Cantrell, au Panthéon des hommes qui ont marqué le trail running de leur audace et de leur personnalité hors du commun. Businessman a succès, coureur de renom, voyageur insatiable, c’est un garçon attachant, intéressant, étonnant. Interview d’après projection en région parisienne où son film était projeté.

Running Café : Est-ce que cette Barkley Marathons a vocation à intégrer un jour l’Ultra-Trail World Tour ou bien est-ce qu’elle gardera toujours ce côté authentique qui fait aujourd’hui son succès comme c’est le cas sur la Hardrock 100 ?

Benoît Laval : Je pense que la Barkley ne fera jamais partie de l’Ultra-Trail World Tour parce qu’il n’y a que 40 coureurs et il n’y aura toujours que 40 coureurs. Ça n’est pas la vocation de cette course de grossir comme les grandes courses de l’UTWT et ça n’intéresse pas notre Laz. Des sponsors se sont déjà proposés d’ailleurs mais il a toujours refusé car sa course est à part, authentique,  et elle le restera c’est certain.

RC : Est-ce que les coureurs ont droit à un accompagnateur pour les aider, un « pacer » comme disent les américains et si non pourquoi ?

BL : Quoi qu’on en dise la Barkle est une course comme les autres avec au départ et à l’arrivée une ligne à franchir. Les coureurs courent comme ils veulent, seuls ou à plusieurs mais les pacers, des coureurs qui n’ont pas de dossard et sont là pour aider les inscrits à la course,  sont effectivement interdits. C’est aussi parce que de toute façon les petits groupes se forment naturellement sur cette course. Certains suivent un ‘’train’’ et s’ils s’arrêtent ne serait-ce que pour se soulager ils vont le perdre et attendre le suivant. La nuit, certains vont se perdre et se rejoindre mais ça, ça fait complètement partie de la course, sauf pour le 5ème et dernier tour où tu dois obligatoirement être seul. C’est déjà prévu par le règlement de toute façon car c’est un peu le juge de paix pour voir si tu peux vraiment être finisher. C’est donc la raison principale pour laquelle tu ne peux pas être accompagné. Laz l’a dit lui-même : en haut de la montée de la Tour, sur ce dernier tour, on ne peut pas t’aider à ne serait-ce qu’ouvrir une bouteille d’eau même si tes mains sont gelées !

RC : On sait dès le départ que 99% des participants ne vont pas terminer la course. Pourtant, chaque année elle fait le plein et certains reviennent. Est-ce qu’il n’y a pas une possibilité que certains soient juste là pour se la raconter et dire « j’y étais » ? Vous par exemple, qu’est-ce qui vous a poussé à y aller ?

BL : Parmi les nouveaux arrivants, il y en la moitié qui se disent qu’ils vont la finir. Tout le monde y va avec ce rêve et tant qu’on ne l’a pas fait soi-même, on ne peut pas comprendre que ça n’est pas possible de faire 40km en 12h en cherchant toujours les mêmes bouquins.  Effectivement il y a du dénivelé, mais tant qu’on ne s’y est pas confronté, on ne comprend pas pourquoi ça n’est pas possible. Concernant les coureurs qui reviennent, beaucoup le font pour progresser. La première fois, il y a tellement de paramètres à prendre en compte et de films que l’on s’est faits dans sa tête la première fois, que c’est normal de se planter. La deuxième année on a déjà fait le tri de ce qu’il faut se rappeler et de ce qu’il faut oublier. On connaît aussi un peu mieux cette forêt. Il faut par contre faire attention à ne pas tomber dans la facilité. Moi, ça m’est arrivé la nuit avec le premier livre, parce que ça me paraissait évident que j’allais le retrouver. Maintenant pour ce qui est des éventuels ‘’frimeurs’’, il faut savoir que Laz ne sélectionne que des gens qui ont suffisamment d’expérience, mais pas seulement. Il faut que tu aies un projet en plus de ça. Pour ma part, je lui ai expliqué que je courais depuis plus de 30 ans, que j’avais fait des cross, des marathons, de gros trails comme le Marathon des Sables ou le désert de Gobi. Il faut qu’il voit que l’on est quelqu’un de passionné, qui vit à fond le trail et qu’on ne fait pas ça pour le prestige de la veste ou du t-shirt finisher. C’est pour ça que les coureurs qui souhaitent simplement cocher la Barkley sur leur ‘’bucket list’’ sont normalement éliminés.

RC : Si vous aviez 3 raisons à donner à quelqu’un pour le décourager de s’inscrire ?

BL : Déjà, il y a rien à voir sur place à part la forêt ! Ensuite, s’il t’arrive quoi que ce soit, on enverra les secours seulement 48h après ta disparition donc il faut être bien conscient de ça. Quand on se pose 2 min pour y réfléchir, ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Laz tolère désormais que tu aies ton téléphone éteint sur toi mais l’allumer et l’utiliser c’est te mettre hors course tout de suite. De toute façon, il faut savoir qu’il n’y a pas de réseau sur les trois quarts du parcours. Et, troisième raison : le fait qu’il n’y ait pas de veste finisher à arborer après la course devrait en dégoûter plus d’un.

RC : Quelle est la pire chose que vous avez lue ou entendue à propos de cette Barkley ?

BL : C’est une anecdote sur un coureur qui a participé à la course il y a 2-3 ans et qui a établi un record : il s’est égaré sur la course et n’est réapparu que 40h plus tard en ayant à peine fait 3km sur le parcours et tout le reste en dehors du parcours ! Tous les ans, ou presque, un mec se perd complètement et se retrouve dans cette situation compétemment folle.

RC : Les noms des différentes montées disséminées sur chaque boucle font référence à quelque chose en particulier ou s’agit-il de noms choisis au hasard ?

BL : Je crois que ces noms n’ont pas de référence précise. Ils vous annoncent simplement que vous allez passer un sacré mauvais quart d’heure (qui risque de durer bien plus, ndlr). Dans la liste, on peut citer Burden Mountain (la montagne à porter), Chimney Top (le sommet de la cheminée), The Bad Thing (le truc infâme), The Big Rat (le bon gros rat), Little Hell (le petit enfer) and Big Hell (le grand Enfer).

RC : Le truc à emporter absolument sur la course ?

BL : Une veste et deux boussoles. Pour l’anecdote : j’ai oublié ma veste au départ de ma deuxième boucle et j’ai également cassé ma boussole juste après.

RC : Entre nous, franchement, on le dira à personne mais est-ce que ce mec, Laz, n’est pas tout simplement un allumé de première et un sadique pire que le marquis de Sade ? Et est-ce qu’il a déjà couru dans sa vie ce mec franchement ? Il ressemble à tout sauf à un athlète quand même…non ?

BL : Non, je ne crois pas qu’il soit un vrai sadique. S’il te donne de la facilité, ça ne sera plus la course la plus dure du monde. Et puis ce qui est intéressant, c’est que la course est très simple. Il y a juste beaucoup de choses pour t’embrouiller l’esprit. Il y a tout ce folklore et ces légendes autour mais au final c’est l’histoire d’un gars, Laz, qui organise, qui te fait partir d’une simple barrière et note ton temps quand tu y repasses à la fin de chaque tour. Pas de bénévoles, pas de balisage, pas de ravitos. Tu fais ton tour tout seul comme un grand, tu reviens et tu repars – éventuellement si tu es dans les temps et si tu as toutes tes pages du bouquin ! Mais lui, c’est un ancien coureur, le genre à courir en ultra avec de la bière dans le sang il y a 50 ans. C’est dire le côté radical et rebelle du garçon ! Jusqu’à l’année dernière, il courait ou marchait au moins un 100 miles par an, malgré son âge et son poids, mais là il s’est blessé au genou et ne peut plus le faire aujourd’hui. C’est grâce à son expérience de coureur que sa course est parfaite : à chaque fois qu’il y a un finisher, c’est en général en 59h et des poussières, ce qui fait qu’il va parfaitement doser la difficulté l’année d’après pour ‘’gratter’’ quelques minutes supplémentaires en mettant un détour de 5 minutes par boucle par exemple. Il a une incroyable science et une connaissance de sa course.

RC : Est-ce que c’est un génie du marketing sportif ?

BL : Il ne fait aucune publicité et le droit d’entrée reste symbolique depuis 32 ans : 1,60 dollars ! La popularité de sa course vient de son taux de finishers ridicule (1%) ce qui pousse 1000 personnes chaque année à lui écrire pour tenter leur chance.

RC : Une partie de l’avenir du trail passe par des courses super bien organisées comme l’UTMB, que l’Ultra Trail World Tour veut populariser justement, mais est-ce qu’une autre partie du développement de ce sport ne passe pas par ce genre de course totalement barges, authentiques et singulières que seuls des timbrés peuvent imaginer ?

BL : Il y a deux extrêmes entre ces deux courses mais au milieu, tous les week-ends, on a des milliers de courses organisées par des gens passionnés avec des associations, qui organisent des trails dans 2000 villages français et où on ne se rend pas pour un tee-shirt finisher mais bel et bien pour le plaisir de courir. Les gens y vont pour se faire plaisir sur un parcours, le découvrir et voilà pourquoi, pour moi, il ne faut pas limiter le trail à l’UTMB, à la Sainté-Lyon, au Marathon Des Sables et à la Barkley, pour ne citer que ces courses-là. Il ne faut pas oublier de bien prendre en compte que toutes ces autres courses existent et qu’elles sont également conviviales. Ce sont elles qui, chaque week-end, font ce qu’est le trail.

La barrière jaune qui fait office de ligne de départ sur la Barkley Marathons

Le canadien Gary Robbins a bouclé 4 tours et Jared Campbell, seul finisher des 5 tours en cette nouvelle édition 2016. Benoit Laval sera de la fournée 2017…un français sur la finish line ? Pardon, la barrière en métal jaune quoi

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